Prologue

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 Assise à même le sol, au milieu des cartons, une jeune fille pleure dans sa chambre à peine aménagée. Ses sanglots brisent le silence et font trembler ses délicates mèches châtaines qui tombent en cascade sur son dos.

Les larmes dévalent ses joues rondes les unes après les autres, humidifiant sa peau pâle. D'un revers de la main, la jeune fille vient essuyer ses yeux et tente de calmer son chagrin. Mais rien y fait, ses pleurs redoublent quand aussitôt ses souvenirs douloureux l'assaillent de toute part. Néanmoins, elle relève la tête du tapis sur lequel elle est installée et plonge ses prunelles vertes si sombres qu'elles paraissent noires vers l'obscurité de la fenêtre.

Dehors, la nuit est tombée depuis un moment déjà. Les étoiles l'ont vu arrivée, sortir quelques-unes de ses affaires d'un carton avant de perdre courage en tombant sur un cadre photo bien précis. Ses mains frêles tremblent en serrant le cadre entre ses doigts rosis. Ses jointures sont devenues blanches à force de le tenir ainsi.

La jeune fille fixe intensément le ciel étoilé de sa première nuit à Tokyo, en espérant vainement qu'il ne s'agisse que d'un mauvais rêve, comme tous les ennuies qui lui tombent dessus depuis quelques mois. Mais rien ne vient contredire le cauchemar dans lequel elle est en train de s'enfoncer sans savoir si elle sera capable de s'en sortir.

Seul le faible croissant de lune brillant dans le ciel lui apporte un peu de réconfort. Même brisée, elle reste magnifique. Sans qu'elle ne les remarqué, ses sanglots se sont tus et le silence règne de nouveau dans sa petite chambre.

Quelques minutes, plus tard, elle quitte la fenêtre des yeux pour les poser de nouveau sur le cadre photo. Trois visages joyeux lui sourient. Son cœur se gonfle de nostalgie et de tristesse, mais cette fois si, aucune larme ne dévale ses joues.

Elle essaye de respirer calmement tout en continuant d'observer ce bout de souvenir. Parmi les trois visages, elle reconnaît le sien. Ses cheveux bruns étaient moins loin, ses joues et ses traits plus enfantin et un énorme sourire lui étirait les lèvres. Ce cliché date de quelques années maintenant. À côté de l'enfant qu'elle a été, se tient un jeune homme aux traits asiatiques semblable en siens. Son frère aîné sourit lui aussi et ses cheveux brun foncé tombent devant ses prunelles bleues et l'une de ses mains tente de les remettre en place.

Et un peu plus à droite, derrière les deux enfants se trouve leur mère. D'une beauté simple, ses lèvres fines s'étirent en un délicat sourire tandis qu'elle regarde avec affection ses deux garnements. Les traits de son visage sont différents de ceux eurasien de sa progéniture, mais elle partage les mêmes prunelles que son fils et des cheveux identiques à ceux de sa fille, en plus courts seulement.

La jeune fille prend une autre grande respiration et ses yeux foncés glissent avec tristesse sur le cliché. Chaque détail apporte un peu plus de douleur dans son cœur, et elle se demande pourquoi elle continue de s'infliger une telle douleur. Mais ses yeux ne semblent pas pouvoir se décoller du papier glacé coincé derrière le verre. Quand ses yeux quittent le visage de sa mère, elle se perd dans la contemplation du décor. Là aussi, la nostalgie l'attend : elle reconnaît le jardin de son enfance et du début de son adolescence.

Tout dans cette photo lui est douloureux, que ce soit la vision de frère, dont elle est séparée à l'autre bout de la planète ou le visage de sa mère qu'elle ne reverra plus. Même les détails du jardin l'attristent, elle reconnaît chaque détail, de l'arbre auquel pend une balançoire usée sur laquelle elle et son frère ont joué des heures ou le bout apparaissant de la porte bleu de son ancien chez elle.

Un soupire s'empare de ses poumons et quitte son corps bruyamment. Son regard noir se sépare enfin de la photographie pour détailler sa nouvelle chambre. Passant aux murs blancs, puis à l'armoire en face de son lit, elle se dit qu'elle aura du mal à considérer cette nouvelle maison comme son chez elle. Pourtant, il va bien falloir... Et c'est cette pensée qui l'attriste le plus.

Immobile sur le tapis rond de sa chambre, notre protagoniste semble parti loin dans ses pensées, un mélange de souvenirs et de peurs tournent en boucle dans sa tête. Cette jeune fille se nomme Hokusai Kurome. Âgée de 15 ans, elle vient d'être arrachée à sa terre natale et se voit emménager au Japon, chez son père, un homme froid et sérieux qu'elle n'a pas vu depuis ses dis ans. Son entente avec son paternel est loin d'être optimal, mais on ne lui a pas vraiment laissé le choix.

Kurome devra recommencer à vivre, même après l'homicide qui a détruit sa vie...


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NDA
Nouveau prologue, j'ai décidé de le réécrire car l'autre ne me convenait plus. Je reprend l'écriture de cette fic et je vais donc corriger les fautes de frappes/orthographes et autres de tout les chapitres. 
La suite ne devrait pas tarder à tomber ;) 

L'homicide qui a détruit ma VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant