Partie 26 - Tête à tête

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Allan pivota ensuite vers la porte de sa chambre. Il allait falloir affronter la réalité.

Il ouvrit à sa mère et elle demeura un instant silencieuse à le fixer. Il fut le premier à réagir et lui désigna son lit.

- Viens t'asseoir.

Elle lui sourit avec chaleur et entra.

Allan ne manqua pas de remarquer le regard de sa mère se balader dans la chambre à la moindre recherche d'un signe de passage de Kira. Mise à part l'odeur de nuit qui régnait dans sa chambre, rien ne trahissait les allées et venues de la jeune fille.

Sa mère prit place sur le bord de son lit et fit signe à son fils de s'asseoir à côté d'elle. Elle avait un regard bienveillant et bien moins agressif que plus tôt dans la cuisine.

Allan vint à elle, redoutant tout de même les paroles qui allaient suivre.

- Je me doutais que ce jour arriverait, dit-elle en posant une main sur le genou de son fils. Mais pas maintenant. Il était préférable que tu termines tes études et une fois que tu serais devenu un homme avec de l'expérience derrière toi, tu aurais sans doute pu mieux comprendre certaines choses. Ton père a toujours souhaité que tu lui succèdes à la tête de la ville.

- Mais je n'ai pas à lui succéder si ce sont les villageois qui votent.

Elle sourit, comprenant sa réflexion comme si elle était une évidence.

- Tu sais, les gens aiment la sécurité. Ici, cela fait des siècles que le rôle de maire est endossé de père en fils et ne crois pas que c'est facile. Il y a derrière chaque nouveau maire des années de travail, de recherches pour savoir ce que les villageois veulent entendre. Et de vote en vote, cela devient difficile. Car la ville grandit, de nouvelles personnes arrivent ici avec un passé de plus en plus difficile à creuser.

Le passé de Kira Derwood devait sans doute être le plus difficile à creuser, se dit Allan sans le relever. À aucun moment il ne devait évoquer cette fille en face de sa mère.

- De nouvelles personnes se présentent aux élections mais nous jouons sur la confiance des gens, en innovant un maximum et aller dans la direction de leurs désirs. Ce poste permet aux hommes comme ton père de mieux protéger la population.

- Et de mieux cacher leur magouilles, s'insurgea Allan.

Il détestait cette idée.

- Ne sois pas si négatif. Nous faisons ça pour protéger les humains.

- Mais pourquoi cette haine ?

- Ces êtres sont un danger pour nous, Allan. Ils veulent absolument nous faire disparaitre de la surface de la Terre et qu'elle leur appartienne à eux seuls.

- Et si ce n'était pas le cas. Et s'ils voulaient juste la protéger de tous ces gens comme les industriels, les grosses entreprise, qui la détruisent, déforestent les forêts et j'en passe ?

Sa mère serra la mâchoire, trahissant son impatience et sans doute le début de colère qui devait monter en elle.

- Je vois qu'elle t'a déjà bien monté la tête...

- Je ne prétends pas qu'ils sont mieux que nous, se justifia-t-il. Mais à aucun moment elle ne m'a semblé agressive, violente, malhonnête ou manipulatrice. Grâce à elle j'ai appris à voir la vie différemment, je me sens moins sombre, grâce à elle, j'ai trouvé un but à ma vie.

Le regard de sa mère changea. Il devenait sombre.

- Je vois que cette fille t'a complètement retourné la tête.

- Elle ne m'a pas retourné la tête. Je suis tombé amoureux d'elle, de sa façon de voir le monde. Elle est douce, gentille et attentionnée. Et la rage pour défendre son monde qu'elle a en elle me donne encore plus envie de croire en elle. Tandis que vous, c'est juste de la haine, la peur que vous, humains, vous ne soyez exterminés. Ne pensez-vous pas que le mieux serait de vivre en harmonie avec eux.

Sa mère noua ses mains, comme pour résister à ses démons et le fixa dans les yeux.

- Je suis ta mère, Al et je t'aime mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée...

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