La Créature

Partie 27 - Danger

Après sa discussion avec sa mère, Allan n'avait pas changé d'idée. Kira était celle qui semblait la plus droite dans ses bottes et celle avec les idées les plus saines. Il aimait sa mère mais il ne pouvait croire que c'étaient ses paroles et ses pensées qui sortaient de sa bouche. Comment une mère qui l'avait élevé avec tant d'amour pouvait s'avérer pleine de haine pour quelqu'un qu'elle ne connaissait pas et donc la cause semblait juste ?

Ayant bien trop peur que sa mère le surveille et bien que l'envie lui ronge les entrailles, Allan demeura cloitré dans sa chambre à attendre que la nuit passe. Kira ne montra pas le bout de son nez, se doutant sans doute aussi bien que lui que ce n'était pas une bonne idée.

Le lendemain, lors du petit-déjeuner, Allan fut accueilli par une mère presque inconnue. Elle s'assit face à lui et l'observa durant tout son repas. Elle avait préparé du bacon et des œufs mais Allan ne manqua pas de noter le gout trop salé et la cuisson trop forte du plat. Sous son œil aiguisé, il tenta de ne rien montrer de ce qu'il ressentait. Il était pourtant mal à l'aise et une profonde tristesse commença à s'emparer de lui. Pourquoi sa mère ne pouvait-elle pas comprendre son fils ? Pourquoi n'acceptait-elle tout simplement pas qu'il sorte du moule familial ? Qu'y avait-il de mal à ça ?

- À quelle heure tu finis aujourd'hui ? demanda-t-elle d'un ton doucereux alors qu'il jetait son sac à dos sur une épaule.

- Comme tous les jeudis, à 16h20.

Cela faisait deux ans que c'était toujours le cas.

- Très bien. Passe une bonne journée.

Il alla vers elle et déposa un baiser sur sa tempe qui sembla apaiser un peu sa mère. Il avait jugé qu'elle en avait peut-être besoin pour lui montrer qu'elle comptait toujours autant pour lui.

- Merci, toi aussi.

Elle sembla se détendre et lui sourit.

À peine eut-il passé le pas de la porte qu'Allan se mit à courir. Arrivé à l'école et comme mut par une force invisible, il se dirigea vers l'arrière de l'école, dans un coin de verdure reculé. Et il la vit. Appuyée contre le tronc du saule pleureur, elle souriait, accueillante et pleine de chaleur. La voyant ainsi, emplie de tendresse, il oublia sa tristesse et vint à elle. Il posa une main derrière sa tête pour l'amener contre lui et l'enlacer. Aussitôt, un sentiment de réconfort s'empara de lui et il lui glissa des mots doux à l'oreille, lui promettant de la protéger et d'être là pour elle. Il savait qu'elle accueillait ses mots avec joie. Il le sentait.

Après quelques minutes, elle s'écarta. Allan perçut quelques éclats verts sur sa peau alors qu'elle prenait son visage entre ses mains et qu'il replaçait une mèche de cheveux bruns derrière son oreille.

- Il va falloir que nous soyons extrêmement vigilants, Allan.

Il lui sourit et déposa un baiser sur son nez.

- Je sais, ma mère me surveille. Elle va tenter de savoir qui est la fille qui occupe mes pensées et dès qu'elle le saura, je ne sais pas ce qu'il se passera.

Il sentit ses mains trembler un peu et son regard se brouilla.

- Allan, j'ai peur...

Il sentit son cœur se serrer et l'attira à nouveau à lui pour la réconforter.

- Je te protégerai, ne t'inquiète pas.

Il ignorait que quelques heures plus tard, il allait devoir mettre des actions sur ses paroles.

Durant toute la journée, Allan et Kira s'ignorèrent, se tenant éloignés l'un de l'autre, quittant la classe à quelques minutes d'intervalles et évitant de croiser leur regard.

Ils s'étaient promis de se retrouver à l'arbre au centre de la clairière.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter la classe à la fin des cours, une angoisse le prit soudain. Cette angoisse s'amplifia quand il se rendit compte qu'elle ne venait pas de lui mais de Kira. Elle était en danger !

Comme une furie, il quitta l'école pour se retrouver face à une scène qui lui glaçait les sangs. Un peu plus loin dans la rue, une voiture de police était arrêtée en plein milieu de la rue, bloquant tout passage d'autres véhicules. À côté de cette voiture, deux policiers dirigeant vers la voiture une personne menottée : Kira.

Plus vite qu'il ne le faut pour le dire, Allan fonça vers la voiture en hurlant avec désespoir le nom de la jeune fille, n'ayant que faire des regards étonnés de ses condisciples.

Jamais il n'atteignit la voiture de police qui s'était éloignée à toute vitesse. Dans la direction opposée du commissariat.

Allan n'était pas dupe. Sa mère était derrière tout ça et Kira courait un grand danger.