Partie 8 - Réponses

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Lorsqu'Allan entra en classe dans l'après-midi, il fut surpris de trouver la chaise à côté de sa place occupée. Une nouvelle fille était occupée à sortir ses cours de son sac, jetant de temps à autre des regards furtifs autour d'elle, comme si elle était aux aguets.

Allan eut un sentiment étrange à sa vue. Comme de l'aversion. En effet, une partie de ses cheveux dont elle n'avait visiblement pas soin lui tombaient dans le visage. Ses vêtements paraissaient sales et étaient troués, tout en étant trop larges. Elle portait une paire de lunettes à la monture trop grande pour son petit visage et elle passait son temps à la remonter nerveusement du bout de son index en retroussant le nez.

D'un pas décidé, il se rendit à sa place. Ce genre de gamine pas trop sûre d'elle, il connaissait. Et ça l'exaspérait.

- Alors la nouvelle, on ne se sent pas à sa place, railla-t-il en lançant son sac à dos sur son banc, la faisant sursauter.

Elle ouvrit la bouche, la referma puis l'ouvrit à nouveau. Pour ensuite la refermer. Allan eut même le temps de vérifier. Oui, elle avait bien une langue. Alors, qu'est-ce qui l'empêchait de parler ?

Il eut un sourire hautain et un regard suffisant en se callant dans le fond de sa chaise. Il la dévisagea sans la moindre retenue, la jugeant clairement, tandis qu'elle faisait son possible pour l'ignorer. Il s'empara alors d'une de ses mèches de cheveux, ce qui la fit sursauter mais elle tenta de l'ignorer, le regard rivé sur le tableau.

- Il faudrait que tu prennes mieux soin de toi, ma belle. Regarde tes cheveux... On dirait de la paille.

- Hé Vulkan ! s'exclama Driss qui venait de rentrer dans la classe. Je vois que tu as retrouvé ta petite Derwood.

Allan suspendit son geste, la mèche de cheveux de la nouvelle enroulée autour de son petit doigt. De quoi parlait Driss ? Il connaissait cette fille ?

Un peu perdu, il ne répondit pas et laissa la jeune fille tranquille un cours instant avant de se pencher à nouveau vers elle.

- On se connait ? demanda-t-il à voix basse en jetant des coups d'œil furtifs autour de lui de peur d'être entendu et pris pour un idiot.

Elle haussa les épaules mais il ne tira aucune affirmation ou infirmation à sa question.

- N'utilises-tu donc jamais ta langue pour parler?

- Monsieur Vulkan ! Si vous n'avez pas remarqué que mon cours a commencé, vous êtes prié de vous ressaisir, lança sa professeure de mathématiques.

Il sursauta et adressa un sourire ravageur à sa jeune prof.

- 'Scusez-moi, 'mdam !

Mais il n'allait pas lâcher la nouvelle de si vite. Il irait la trouver à la fin des cours et elle lui parlerait !

Pendant les trois heures de cours restantes, il passa son temps à l'observer, tentant de capter le moindre souvenir avec elle. Rien.

- Tu crois qu'elle me parla un jour ? avait-il demandé à Driss, l'air de rien.

- J'en sais rien, moi, avait répliqué son meilleur ami. Elle a parlé à personne ici. Mais mon vieux, faudrait que tu remplisses mieux ton rôle que ça, elle va jamais s'intégrer.

- Mon rôle ?

- Tu es censé faire en sorte qu'elle s'intègre bien et tes notes de bonne conduite seront remontées. T'es sûr que ça va, Al ? T'as vraiment pas bonne mine.

Non, ça n'allait pas ! Pas du tout ! Pas le moindre souvenir d'elle. Et il avait l'étrange pressentiment que cette amnésie était étroitement liée à cette fille.

C'est pourquoi, à la sortie des cours, il la suivit à une distance raisonnable sur son chemin du retour. Il la rattrapa alors qu'elle était à quelques mètres de la forêt. Il n'y avait personne autour.

- Derwood !

La jeune fille pivota sur elle-même et le regarda s'avancer à elle, imposant, ses yeux mordorés la foudroyant sur place. Il n'avait pas l'air content du tout. Qu'avait-elle fait encore ?

- Tu es Kira, n'est-ce pas ?

Elle ne put qu'acquiescer.

- Que m'as-tu fait ? gronda-t-il.

Elle écarquilla les yeux et il sentit, il sut, qu'elle était liée à son état.

Elle ouvrit la bouche, la referma et recommença son manège sans laisser un mot sortir de sa bouche.

Il perdait patience, serra les poings. Il n'avait jamais frappé une fille mais celle qui se tenait, toute frêle, devant lui réveillait en lui une exaspération sans bornes.

Soudain, un coup de vent vint se prendre dans les cheveux de la jeune fille et révéla quelque chose qui attira l'attention du jeune homme. Une mèche blanche. Allan comprit.

     Sans la moindre hésitation, il s'empara de la tignasse de Kira et tira dessus tandis,que la jeune femme poussait une exclamation de stupeur.

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