Chapitre 10

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Alors que l'heure est aux réjouissances, la journée m'a paru bien longue. Il faut dire aussi que j'ai passé une nuit horrible, remplie de cauchemars pendants lesquels j'essayais de fuir le rire de Benjamin qui me poursuivait dans un trou noir, qui ne me permettait ni de m'orienter ni de me cacher, ce qui fait que je suis à présent exténué.

Maintenant que les guirlandes sont accrochées, les derniers préparatifs pour la fête sont officiellement terminés et je me languis de voir Jonathan arriver. J'ai tant crié son prénom la veille, durant mon sommeil... Je finissais à chaque fois par me réveiller en sursaut, le corps tremblant entièrement trempé de larmes et de sueur.

Et s'il ne venait pas ? S'il n'en avait plus la possibilité ou s'il avait changé d'avis ? Je m'interroge alors avec angoisse.

Anouk me serre l'épaule d'une main compatissante alors que nous nous tenons à table. Les autres rient, boivent, mais je n'ai pas le cœur à cela : je suis plutôt du genre à soupirer longuement par intermittences, tout en ne touchant mon morceau de dinde que du bout de ma fourchette.

- Il va finir par arriver, il te l'a promis. Me chuchote la jeune femme au creux de l'oreille.

Je lui souris faiblement en retour. Elle a très bien deviné mes pensées !

Soudain, je sursaute car elle vient de crier : « Il est là ! ».

Aussitôt, je me retourne et me redresse maladroitement :

- Jonathan ! Je m'exclame, enfin heureux et complet, un large sourire irradiant mon visage.

- Wow ! Ça c'est un sourire éclatant ! J'ai ainsi enfin réussi à le voir ! Me répond le concerné dans un entrain manifeste. Par contre, je suis par ici !

Je pique un fard en me rendant compte que je ne lui fais pas du tout face et corrige rapidement mon tir en me tournant vers l'endroit d'où provient sa voix, à vue d'oreille. Je tends alors timidement mes doigts vers l'avant jusqu'à ce qu'une main froide et puissante ne vienne les saisir.

Bien vite, main dans la main, je le guide à la place que j'ai gardée tout ce temps libre à mes côtés, afin que nous ne soyons pas séparés.

Il s'excuse auprès de tous de son retard, la nuit ayant été particulièrement mouvementée pour lui aussi, et commence à se servir en boisson et en nourriture.

Je m'autorise enfin à manger. Il discute avec les autres et je n'ose attirer son attention. Toute cette journée à l'attendre aura été particulièrement angoissante : j'avais à la fois hâte de le retrouver mais, en même temps, le stress me laminait le ventre à chaque fois que je pensais à cette déclaration que je m'étais promis de lui faire, ce qui me rendait légèrement nauséeux et tremblant.

Encore maintenant, je n'ai toujours pas décidé du moment où je me confierai à lui. Pour l'instant, je le laisse reprendre ses forces. Ensuite, viendra l'ouverture des cadeaux et enfin les chants. Quand devrai-je lui dire ? Au moment des cadeaux, en considérant que mon aveu pourrait en être un ? Mais si cela ne lui plait pas, je ruinerais la fin de la soirée... Après les chants ? Ça serait peut-être mieux mais arriverai-je à étouffer cette boule d'angoisse au fond de moi aussi longtemps... ? Non, plus vite je m'en débarrasserai, mieux ça sera...

Cette bonne résolution de prise, l'appétit ne revient toutefois pas aussi vite que je le voudrais, même au stade de la bûche de Noël, au point qu'Anouk finit par s'en inquiéter auprès de Jonathan. Si cette dernière a bien vu le changement de comportement lorsque l'infirmier est enfin arrivé, mon attitude n'a, au final, pas évolué : je reste toujours aussi tendu, pâle et tremblant d'un possible rejet qui me rendrait de nouveau horriblement malheureux. Bien plus en tout cas que pour tous les autres hommes dont j'ai pu m'enticher jusqu'à présent, il n'y a aucun doute à cela.

Conte de Noël (homo-érotique)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant