Joli Bouquet

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Il y avait un lys blanc. Un jeune lys, sûrement récemment coupé. Juste posé là, ses pétales caressant le marbre.
Et, face a la tombe, un homme, immobile, une rose à la main. Le vent le fouettait, se glissait sous son uniforme, mais il ne bougeait pas. Ses yeux étaient ouverts, ces yeux si connus et si souvent comparés à des émeraudes. Pourtant, c'était comme s'ils étaient fermés ; Ils ne brillaient pas, ni de larmes, ni de vie. Secs. Ils ne voyaient que la fleur blanche, seule sur la pierre insensible.
Son corps avait sûrement froid, mais l'homme gardait sa veste pendue à son bras sans même y penser. Et les statues, ressentaient-elles le froid ? Peut être était il une statue, défiant le temps, seul dans un cimetière. Les statues pensaient elles ? Les statues avaient-elle mal, de rester ici, regarder la vie passer, spectatrices impuissantes ? Etaient-elles des âmes juste tellement profondément perdues dans leurs pensées qu'elles se transformaient en pierre, recroquevillés au fond d'elle même ? Dans leurs souvenirs ? Harry était parti dans les siens. Le froid pouvait bien aller se faire foutre, il gelait encore plus là bas...

Il y avait une fleur glacée. Elle attendait, seule au milieu d'un grand salon impersonnel. Elle était belle. C'était comme si toute sa force et sa délicatesse étaient étouffés par ce salon, pour qu'elle ne reste qu'un simple élément du décor. Harry pouvait la sentir mourrir à petit feu, criant sans bruit son chagrin.
Et, il y avait aussi un lys dans le vase face à elle. La femme ne bougeait pas, assise dans un fauteuil hors de prix, son dos droit refusant de ployer sous le chagrin. Blonde, grande, et terrorisée.
Pourtant, quiconque l'aurait vu à cet instant....
Harry baissa les yeux sur la rose emprisonné entre ses mains, qu'il lâcha sur le marbre de la tombe, près du lys blanc. Oui...quiconque aurait vu cette femme aurait compris à quel point une mère peut être terrifiante. Une fleur à qui on retire toute ses épines peut elle encore mordre ?
Harry mit soudain sa veste, frileux. Qui avait amené ce lys? Ça faisait trois ans, et il ne restait personne de la famille...presque personne.
Il frémit, un regard lui brûlait le dos.

"-Bonsoir, Harry."

Il ne se retourna pas, et mit ses mains dans ses poches. Son écharpe quittait son cou, accompagnant les feuilles mortes qui s'envolaient pour de bon dans la nuit. Il frissonna. Le silence faisait voler ses cheveux un peu dans tout les sens, et d'un coup il sentit ce parfum, qui lui avait tant manqué...Il hésita, juste un instant.

"-Bonsoir, Draco. "

L'inconnu ne répondit pas.

"-Tout le monde te pense mort.

Le silence se teinta d'amer, et l'inconnu le brisa enfin.

-Tu sais comme moi que la vermine est tenace, pas vrai ?

-C'est peut être pour ça que moi non plus je ne suis pas mort, alors."

Draco se rapprocha. Ses cheveux à lui avaient poussé, blancs, libres de tout gel. Il avait une cicatrice, sur la lèvre du bas, une qu'il n'avait pas avant. Harry fit quelques pas, face à cet homme qui lui paraissait si vieux, maintenant, si vieux.....bien trop pour un homme de seulement vingt-cinq ans.
Il était beau, pourtant.

"- Je suis-

- Non tu ne l'es pas.

-Harry...

-Ne ment pas, s'il te plaît. Plus de mensonges."

Harry avança encore, et leva une main à peine tremblotante pour caresser la joue rosie du blond. Draco ferma les yeux, appuyant son visage dans la paume, et soupira en se laissant tirer contre le brun qui passa son autre bras autour de sa taille, contemplant son visage à la lumière de la lune. Harry caressa sa lèvre et cette nouvelle cicatrice, du bout du pouce.

" -Harry...

- Non, s'il te plaît, laisse moi juste ça. Tu vas repartir, alors..."

Le blond rouvrit les yeux, les plantant dans ceux d'Harry qui refusaient encore de pleurer. Déjà trop, trop de larmes pour un seul homme. Il eut un petit sourire résigné aux lèvres. Sa gorge piquait. Leurs mots n'étaient que des murmures.

"- Tu me manques.

- Ça ne t'empêche pas de disparaître.

- Je ne veux plus disparaître,Harry.

- Tu le fera quand même.

- Harry, s'il te plaît, arrête...

- Alors reviens.

- Je suis là.

- Non, tu n'es pas là...

-Harry.

- Non.

-Harry. Je t'aime.

- Dray, arr-

- Ça n'est pas un mensonge. "

Harry se figea, sondant les yeux orageux s'offrant aux siens sans arriver à y trouver la moindre hésitation. Il laissa retomber ses bras le long de son corps, et sa voix se brisa.

" Et alors ? Ça ne change rien. "

Ce fut draco qui s'approcha, prenant dans ses mains le visage de ce valeureux agent tombé amoureux de sa cible. Puis il posa ses lèvres sur les siennes, tout doux, comme un pansement.

"- Au contraire, ça change tout.

- M'embrasser ne suffira pas, Dray. "

Le blond sourit.

"- Je peut toujours tenter le coup, pas vrai ? "

Harry le prit dans ses bras, longtemps. Dieu comme ce parfum lui avait manqué...

- Si ils apprennent que t'es encore envie, ils-

- Je vais me rendre, Harry.

-.......quoi ? "

Harry le poussa, reculant d'un pas.

-Tu ne peut pas faire ça !

- Et pourtant, je vais le faire. C'est déjà fait, d'ailleurs. J'ai déjà balancé tout les dossiers, les noms, tout. J'en ai ras le bol de fuir, amour... Ras le bol de changer de pays toute les deux semaines, ras le bol de me demander h24 si je vais te revoir un jour, si tu te rappelleras encore de mon prénom. Ras le bol de ne pas savoir pourquoi je me lève le matin, ras le bol d'être un ennemi du gouvernement et un traître de la mafia. Ras le bol de ne pas savoir pourquoi je suis en vie, si ce n'est pas pour être avec toi en me foutant de ce que pensent tes collègues du FBI.
Alors je me rends."

Les émeraudes laissèrent enfin couler des larmes,que Draco embrassa, comme pour en chasser toute la peine.

" Et puis, je me suis renseigné... On peut se marier, même dans la plus sécurisé des prisons au monde. "

Un silence lui répondit d'abord, finalement brisé d'un éclat de rire mouillé de reste de pleurs. Harry donna un petit coup de poing dans l'épaule du Blond, ému, les joues d'un rose incrédule.

"- Mr Malfoy, ne seriez vous pas en train de me demander en mariage de la pire façon possible, devant la tombe de votre pauvre mère décédée ?

- Elle t'a toujours adoré, elle a été la première au courant pour nous. Même avant moi, je crois... "

Il se mordilla la lèvre.

" - Alors ? T'en penses quoi ?

- J'en pense que je suis vraiment barge pour accepter de me marier à un fou pareil."

Et ils s'embrassèrent, et s'embrassèrent encore, dans ce cimetière au lys blanc. Jusqu'à tomber au sol...

Deux coups de feu.

"- Allô ? Oui, mission terminé, on remballe. La fouine est crevé pour de bon, et la tarlouse de chez les bleus aussi. Dites au chef que l'agent Greyback atteint toujours son but. Et je veux ma putain de prime."






Il y avait un lys rouge et une rose. Un jeune lys, sûrement récemment coupé, ses pétales caressant le marbre. Et deux amants, la vie fraîchement coupé aussi.
Joli bouquet.
On arrache toujours les plus belles en premier....




















My Littles Drarry's BookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant