Chapitre 17

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Le retour

Chloé

Je perdais le contrôle. Mon corps glissait, attiré par le vide. Je refermais mes doigts espérant agripper une prise. Je réussis à m'accrocher aux parois un mètre plus bas. Une larme coula le long de ma joue, mes bras et mes mains avaient laissé deux longues trainées de sang au-dessus de moi. 

La moitié de mon corps pendait dans le vide, rester dans cette position avec ces blessures était un supplice. Dans un élan de courage, je tentais de me hisser. Mais sans mes jambes l'opération s'avérait impossible. La mort m'attendait en bas, je ne désirais pas ses bras.

- Chloé, attrape ma main.

Je relevais la tête, ses cheveux auburn dissimulés ses yeux. Un léger sourire s'affichait sur son visage. Je ressentais dans sa voix une nouvelle assurance et beaucoup d'autorité. L'homme tendre et blagueur n'était plus. Cette attitude me déplaisait fortement. Je décidais moi-même de mes choix. Devant mon refus, il réitéra.

- Fais-moi confiance. Je peux t'aider.

- Comment tu es blessé ? rétorquais-je.

- Tu es si têtue.

Il se pencha pour saisir ma poignée. Sa bouche forma une grimace. Il s'était appuyé sur son bras invalide. Malgré ses blessures, il me recueillit avec facilité et me déposa aussi délicatement qu'une fleur. J'en fus sidérée.

Il examina ses mains.

- Cette puissance me plait, révéla-t-il avec un sourire rempli de malice.

- Comment est-ce possible ?

Il s'approcha rapidement, son front frôlait le mien. Son regard inquisiteur tentait de percer mes émotions. Je détournais les yeux, gênée par ce sondage et cette proximité soudaine. Il releva l'un de ses sourcils surpris par mon attitude. Il effleura mes doigts. Une légère caresse parcourait mes deux bras. Cette sensation me perturba, surtout quand elle s'attarda sur la paume de ma main. Je reculai brusquement.

- Qu'as-tu fait ?

- Ta peau était sérieusement endommagée.

L'adrénaline avait supprimé la douleur de l'écorchure sur cette paroi. Grâce à lui plus aucune trace ne subsistait. Toutes ses capacités m'effrayaient. Il n'était pas humain. Bizarrement mon instinct me dicta de ne pas fuir. Ma curiosité dominait largement et appuya cette idée. J'ouvris la bouche, il posa son doigt sur mes lèvres.

- Continue d'avancer, je répondrais à tes interrogations quand nous aurons trouvé un abri.

Encore cette autorité. Je soupirais mais le suivis tout de même. J'espérais ne pas côtoyer la mort tous les jours. Le paysage familier de ma vallée me fit sourire. Je reconnaissais le village. Un point rouge vermillon attira mon attention : ma maison. Depuis la révélation de Chris, les questions affluaient dans ma tête. Faire partie d'une prophétie était à la fois exaltant et angoissant. 

Plus bas la forêt, ma joie s'évanouit quand j'aperçus les dégâts de l'incendie. Pendant que Chris cherchait des passages pour descendre, je réfléchissais au scénario que je pondrais devant les conseillers afin qu'ils l'acceptent. Il me hala pour me signaler qu'il avait trouvé une grotte. 

Pas trop tôt, le soleil se disparaissait. Pas de défections, elle était déserte. L'obscurité dominait cet abri étroit, on ne pouvait pas se tenir debout. Ce petit espace suffisait. Je cherchais de quoi nous fabriquer un couchage, Chris récupéra du bois. Mon lit me manquait, partir à l'aventure était bien plus difficile que je ne l'imaginer. 

Les êtres obscursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant