Les êtres obscurs

Chapitre 19

Les origines

Chloé

- Je savais que tu n'avais pas rejoint le monde des esprits, Titaina.

J'enlaçais ma grand-mère.

- Je suis une dure à cuire, comme toi, grand-mère.

Chris fit son entrée, il salua tous les conseillers. Mais à peine abaissa-t-il la main, le commandant des gardiens le plaqua au sol.

- Laissez-le, je vous en prie. Il est blessé.

- Qui est-ce ? répliqua l'agresseur.

- Ce garçon s'appelle Chris, c'est mon sauveur.

- Relâche le Diégo, ordonna mon aïeule. Je t'écoute, ajouta Sylvia à mon intention.

Les autres dirigeants approuvèrent.

- Sans Chris, mon esprit ne serait plus ici. Il a risqué sa vie pour me tirer des flammes. Un arbre lui a brulé et cassé le bras et les cotes. En sortant de la forêt, il s'est évanoui. Je devais le soigner. Nous avons passés deux nuits dans une grotte. Il devait récupérer ses forces. Expliquai-je.

Une petite déformation de la réalité ne ferait pas de mal.

- Aujourd'hui je vous demande l'asile pour ce courageux jeune homme.

Les conseillers se concertèrent, leurs visages outrés ne favorisaient pas ma requête.

Tu viens de l'extérieur. Comment es-tu entré dans notre territoire ? interrogea Sylvia.

J'avais prévu ces questions, pendant le déjeuner, je lui en avais posé pour éviter l'hésitation.

- J'ai pressenti le danger et l'appelle au secours de cette demoiselle. C'est cette sensation qui m'a mené jusqu'à l'incendie.

- Pourquoi veux-tu rester dans ce village ?

- Plus rien ne me retient à l'extérieur, mes parents se trouvent des esprits comme vous l'appelez. Chloé m'a expliqué vos coutumes et votre mode de vie qui m'intrigue beaucoup.

Tous les conseillers me fixèrent avec un regard rempli de reproches. Je me doutais que ces révélations leur déplairaient, mais avec ces informations, ils n'oseraient plus le renvoyer à l'extérieur.

- T'engages-tu à t'investir pour ce village, le protéger et y vivre toute ta vie ?

- Je m'y engage.

- Chloé, tu prendras la responsabilité de ce nouvel habitant. S'il cause le moindre problème à la communauté, tu en subiras les conséquences, me prévint Diégo.

- J'accepte les conditions.

- Va voir tes parents pendant que j'accompagne Chris chez les guérisseurs et demander la construction d'un chalet au volontaire.

- Merci, grand-mère. Merci pour votre écoute et votre accord. Bonne soirée, déclarai-je.

Je m'inclinai respectueusement et Chris fit de même.

Arrivée devant la porte de chez moi, j'hésitais à la franchir. J'espérais que mes parents avaient compris mes actes. 

Comment m'y prendre pour leur suturer des informations ? Qu'allais-je découvrir ? J'expirais l'air de mes poumons et pénétrais dans la maison.