Bonus 500 vues

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Merci à tous et à toutes pour ces 500 vues. Souhaitons-en encore au moins autant !

PS : c'est un épisode bonus, la chronologie est donc rompue, le temps d'une petite pause bien méritée.

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Le feu crépitait à leurs pieds et les étoiles au-dessus de leurs têtes. Pour la première fois depuis longtemps, Ara et Eni étaient seuls. Nepos s'était absenté. Ils n'aimaient pas ce silence qui s'installait entre eux, c'était s'éloigner encore. Ara vint s'asseoir contre Eni, pour mieux profiter de la chaleur, et elle raconta :

- Quand j'étais gamine, j'aimais parcourir le palais. Je visitais toutes les pièces, courait dans tous les couloirs... J'exaspérais beaucoup mes aînées, qui préféraient se réunir pour prendre le thé. Bien sûr, à cause de ça, elles m'ont rapidement soupçonnée d'être la maudite. Quand ma sœur s'est dénoncée, elles se sont tues, et moi, j'ai fait un effort pour prendre le thé avec elles. Mais je continuais toujours à explorer quand j'avais un moment. Le ciel dans les jardins me fascinait déjà, mais je voulais, avant d'aller voir là-haut, connaître le moindre coin du lieu où j'habitais. C'était, tu sais, comme les lubies qu'ont les enfants ?

- Il était si grand que ça, ce château ?

- Assez oui... mais le plus difficile n'était pas de tout parcourir de bout en bout : c'était de tromper la surveillance des adultes. Certains couloirs m'étaient interdits, surtout ceux des domestiques. Après avoir traversé celui de ma bonne, j'ai trouvé le principe proprement génial : de petites portes cachées ouvraient des voies beaucoup plus rapides et discrètes à travers les pièces que les larges couloirs empruntés par les plus grandes princesses. Alors j'ai commencé à les utiliser aussi, pour ne pas me faire remarquer. J'ai fini par connaître toutes les heures de passage des domestiques, et personne ne me voyait jamais. Au final, j'ai pu voir chaque coin du château, des immenses bibliothèques, en passant par les salles de réception, la cuisine, le garde-manger, les chambres de mes sœurs et j'en passe...

- Et sans jamais te faire repérer ?

- Tu sais... j'avais un secret. Un truc, pour que personne ne me repère.

- Laisse-moi deviner... tu te laissais glisser au plafond avant qu'on ne te voie.

- Ahaha... oui, mais pour ça, j'avais besoin de savoir que quelqu'un arrivait, sinon, on m'aurait prise quand même.

Ara s'arrêta un instant, comme si la conversation s'avançait vers un secret qu'elle ne voulait pas divulguer, comme si son histoire était terminée.

- Et comment tu faisais pour savoir que quelqu'un allait arriver ?

- Tu ne vas pas me croire si je te le dis.

- Y a-t-il quelque chose à ton sujet que je ne puisse pas croire, Ara ?

Elle regardait les flammes crépiter obstinément. Elle leva un instant les yeux sur Eni, et puis, tout en les baissant de nouveau, elle murmura :

- Il y a avait un fantôme au château.

- Un fantôme ? Mais... ça n'existe pas les fantômes !

- Ah ! Je t'avais bien dit que tu ne me croirais pas !

- Et il ressemblait à quoi ?

- Je ne sais pas... il était très flou, je n'ai jamais réussi à me dire qu'il ressemblait plus à ceci ou à cela...

- Mais... je ne comprends pas... quel rapport entre le fantôme et le fait que tu ne t'es jamais fait prendre ?

- C'est simple, même si tu ne me croiras pas non plus là dessus... à force de le croiser, on est devenus amis, en quelque sorte... Il était gentil avec moi. Il me suivait partout et quand quelqu'un arrivait, il me faisait signe, en traversant les murs, comme ça, hop, un tour au plafond, et personne ne me trouvait. Ça m'a beaucoup aidé quand, en grandissant, on m'attendait pour les leçons, pour les dîners... ce genre que chose que je détestais.

- Et que tu détestes toujours...

Ara sourit ; il avait raison.

- C'était très drôle comme manège les jours où on me cherchait pour m'habiller. Les gens passaient au sol, ils hurlaient mon nom, désespéraient de voir que je serai encore en retard, et moi, je devais me retenir d'éclater de rire au plafond. C'était très solitaire comme rire, mais ça me consolait de pouvoir rire avec ce fantôme... c'était comme si quelqu'un avait ri avec moi... C'était rassurant.

Elle termina par un silence.

- Et tu l'as revu depuis ce fantôme ?

- Non... il m'a aidé le jour où je me suis enfuie, avec une autre personne, mais je suis partie en courant. J'avais très peur et je ne me suis pas retournée. J'ai oublié de lui dire adieu... s'il est toujours là-bas, il doit se sentir triste...

- Moi je suis sûr que non. S'il t'as aidé à te cacher, à rire et à partir, c'est qu'il voulait que tu sois heureuse. Si j'avais été ce fantôme, je n'aurais rien à regretter.

La fille de l'air [Cycle 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant