Chapitre 3. Kylian

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Une infirmière, plutôt mignonne, termine de me faire passer une radio. Dans d'autres circonstances, je lui aurais sorti le grand jeu de séduction jusqu'à ce qu'elle accepte un rencard. De préférence un rencard dans mon lit ou n'importe où elle l'aurait voulu d'ailleurs, mais là tout de suite, je n'ai clairement pas la tête à ça.

Je reste perdu dans mes pensées pendant qu'on me raccompagne jusqu'au box qu'on m'a attribué, repensant honteusement à la façon dont je me suis comporté devant Camille deux heures plus tôt. Clairement, elle n'aurait pas pu me voir dans un pire état. J'étais complètement vulnérable. Chose qui n'arrive pourtant jamais.

Si elle décide d'ébruiter ça à la Fac, je vais me faire charrier jusqu'à la fin de ma scolarité. Un rugbyman qui chiale comme une fillette, allongé au bord d'une route, en suppliant une quasi inconnue de ne pas le laisser seul, ce n'est malheureusement pas très glorieux.

-Camille ? m'étonnais-je quand un infirmier tire le rideau de mon box, et que je l'y trouve.

Le type me fait une perfusion pour calmer la douleur sous le regard attentif et presque inquiet, je crois, de Camille, puis me dit qu'un médecin passera plus tard pour me donner les résultats de la radio.

Un long silence gênant s'en suit, qu'elle décide de rompre la première alors que je fixais le plafond.

-Tu te sens mieux ?

-Ça va, bredouillais-je en cessant de compter les plaques au-dessus de moi. Pourquoi est-ce que t'es encore là ?

-Je suis venu avec ta voiture et je n'ai pas mon portable alors...

Je la sens hausser les épaules, puis le silence retombe. Je m'éclaircis bêtement la gorge quelques fois, jusqu'à qu'elle ne décide à nouveau de reprendre la parole la première. Ce que je ne me sentais pas prêt à faire.

-Tu m'as fait vraiment peur.

Super, j'aurais préféré qu'elle choisisse un autre sujet de conversation.

-Quand t'as perdu connaissance, je...

Je baisse les yeux sur elle alors qu'elle secoue la tête comme pour chasser un mauvais souvenir, puis soupir en enfonçant son menton dans sa main. Elle s'en est sincèrement fait pour moi, je le vois. Ce que j'ai un peu de mal à saisir étant donné qu'on ne se connaît même pas.

-La douleur était trop forte pour être supportable, expliquais-je, lui faisant relever ses yeux bleus sur moi. C'est ce que les médecins m'ont dit. Rien de grave, tout roule.

Elle force un sourire peu rassuré, ne me croyant sûrement pas et elle à bien raison parce qu'en vérité, rien ne roule du tout, c'est même carrément la merde. Si l'on me pose une attelle ou un plâtre, je peux dire adieu à la saison et sans le rugby pour maintenir un minimum ma moyenne, je vais être en chute libre totale. Résultat, mon année scolaire sera complètement gâchée.

-Je suis désolé que tu aies loupé la fête à cause de moi, relançais-je en me sentant bien trop nerveux.

-Oh non, je m'en fiche, je n'avais même pas envie d'y aller de toute façon. Et puis je n'allais pas te laisser là alors que tu...

Elle lance un regard explicatif sur mon état général, plutôt désastreux entre mon épaule, ma pommette gonflée et mon menton encore engourdi par un méchant coup. Ce qui me fait repenser à Rabbit et enrager de plus belle.

Quel enfoiré, je n'en reviens toujours pas qu'il m'ait fait un coup pareil !

-Bon, souffle soudain Camille en se relevant. Je crois qu'on est coincé ici pour un bon bout de temps alors je vais voir si je peux trouver une machine à café, ou un distributeur. Tu veux quelque chose ?

BrokenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant