Broken

Chapitre 36. Camille

Sous la persévérance de ma mère, je me tire de mon lit pour descendre déjeuner. J'essuis le dessous de mes yeux, gonflés, avant de descendre quand mon portable vibre contre ma table de chevet.

Kyle : J'ordonne que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le beau. (CF : Les Fleurs du Mal)

Je souris, attendrie devant l'effort qu'il a fait de chercher une citation de Baudelaire.

Moi : Il n'est pas de faute dont on ne puisse se faire absoudre... » (CF : Le Fanfarlo)

Lui répondis-je, dans le but de le rassurer toujours plus et de le convaincre de se confier à moi.

Kyle : Viens au match s'il te plait. J'ai la trouille, j'ai besoin de te voir sourire dans les gradins.

Avant même que je ne réponde, il me renvoi un message.

Kyle : J'ai la trouille sur tout, mais je refuse de perdre.

Je m'arrête un moment de respirer.

Est-ce qu'il sous-entend qu'il est prêt à tout me raconter ?

Je lui réponds, les mains tremblantes.

Moi : Je serais au match.

Je resserre mon téléphone contre ma poitrine, sentant les morceaux de moi encore fragilisés se recoller petit bout par petit bout.

Je rejoins mes parents déjà en bien meilleure forme, ce qui semble les ravir.

-Je préfères te voir sourire comme ça ma fille, me dit mon père en souriant lui-même.

-Moi aussi. Prêt pour le match ?

On discute en faisant des pronostics durant le repas avant de se préparer pour rejoindre le stade de l'université. Je me sens complètement euphorique de voir Kyle jouer pour la première, et de le revoir tout court aussi.

Les gradins sont déjà bien remplis à notre arrivée, devant nous frayer un chemin pour rejoindre nos places en troisième lignes, tout proche du terrain.

Moins de dix minutes plus tard, alors que la foule commençait à s'impatienter en tapant lourdement des pieds tous en chœur pour faire venir l'équipe, celle-ci entre sur le terrain sous l'annonce d'un commentateur et les acclamations du public.

Je me redresse en gigotant un peu pour y voir mieux, à la recherche de Kyle. Soudain, il apparait et aussitôt, son regard capte le mien, comme s'il avait retenu le numéro de nos places pour être certain de me trouver facilement. Il m'envoi un sourire timide qui suffit à lui seul à électriser chaque pore de ma peau, m'entendant glousser bêtement en lui renvoyant son sourire.

-Dis-donc, doucement jeune fille, s'amuse mon père en m'envoyant un coup de coude.

Je ris en me renfonçant dans mon siège, légèrement gênée qu'il est assisté à cette connexion silencieuse entre nous.

Je me contente donc de m'émerveiller sur le corps athlétique de Kyle en silence, trouvant le moindre de ses mouvements étrangement sensuels et excitants.

-Ça va commencer ! m'extasiais-je quand le commentateur annonce l'entrée de l'équipe adverse.

Le coach Dominique réunit ses joueurs devant leur tribune, se lançant dans ce qui semble être une conversation importante, puis le groupe s'éparpille un peu et le coach dit quelque chose à l'oreille de Kyle. Celui-ci hoche la tête, puis court sur le terrain avec ses coéquipiers tandis que l'entraineur part s'assoir près d'un homme en costume. Le recruteur, très certainement.

-Je suis sûr qu'il va l'impressionner, s'écrie mon père en se penchant vers moi pour s'assurer que je l'entende à travers le brouha, ayant l'air d'avoir deviné ce que j'épiais du coin de l'œil. Tout le monde dit que c'est le meilleur de la sélection.