Chapitre 27. Kylian

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Perdu dans mes pensées, je caresse machinalement le bas du dos de Camille, qui est plongée dans un bouquin. Je reste simplement planté là, sur ce banc en acier inconfortable de la cafétaria, à la regarder lire, m'amusant de sa façon de râler après avoir remis ses cheveux derrière son oreille pas moins de trois fois mais qu'ils retombent toujours. Je les replace moi-même quand ils glissent une nouvelle fois sur sa joue, me valant un sourire angélique de sa part. 

Avec elle, même les chose les plus banales deviennent captivantes. C'est fou.

-Je vais devoir y aller bébé, la prévenais-je après un coup d'œil à mon portable.

-Déjà ? se plaint-elle en vérifiant l'heure à son tour. Merde, je vais être en retard à mon cours de gym.

-Et dire que je vais louper ton joli petit cul moulé dans un legging, exagérais-je un soupir qui la fait sourire, moins chastement.

-Je pourrais peut-être le remettre ce soir si tu m'invites dans ta chambre....

Elle hausse les sourcils pour se donner un air coquin quand on sort du réfectoire. 

-Ma porte sera grande ouverte princesse.

Si je n'étais pas aussi nerveux, j'aurais sûrement un demi-gaule rien qu'avec son petit jeu d'allumeuse.

-On s'appelle plus tard alors, décrète-t-elle en m'offrant un baiser tout juste effleuré avant de vouloir déguerpir.

-Hé oh, c'est tout ? la rattrapais-je.

Elle sourit de plus belles avant de m'offrir un vrai baiser. Du genre envoûtant et même un peu réconfortant. Exactement ce qu'il me faut avant mon rendez-vous chez le Docteur Solhan. Je pourrais y repenser pendant qu'il essaiera de déchiffrer tous mes problèmes en m'observant sans dire un mot, ce qu'il fait toujours.

-Bye bébé...

-Bye...

Quelques minutes plus tard, Rabbit se gare devant le cabinet du docteur.

-Je t'attends là, décide-il en se disant sûrement que ça m'aidera si je sais qu'il n'est pas loin.

-C'est gentil mais ça risque de durer une plombe, je t'appellerais quand je sortirais.

-Ok. A plus vieux.

Je lui renvoi son signe de la main en contemplant sa voiture s'éloigner, cherchant le courage enfoui en moi pour passer la porte du cabinet.

Je déteste cet endroit. Rien que le bâtiment est déprimant. Blanc, quatre fenêtres en bois blanches, une porte vitrée blanche et une place dorée. A l'intérieur c'est pareil, tout est blanc, minimaliste. On dirait un hôpital.

Je poireaute un quart d'heure dans la salle d'attente, me laissant largement le temps de vouloir me défiler deux ou trois fois et me tirer d'ici, mais je tiens bon pour tenir la promesse que j'ai faite à Pierre et Alice. Pourtant, parler de mes problèmes d'anxiété et ce qui la déclenche est bien la dernière chose que j'ai envie de faire aujourd'hui, surtout avec cet abrutit.          

-Kylian, me salut-il en ouvrant la porte de son bureau. Entre.

J'hésite. Il me scrute, sans même essayer de me convaincre de rester alors que je sais qu'il se doute que je me tâte à me tirer. Et finalement, je relâche un juron et le suit dans son maudit bureau.

Je m'installe dans ce foutu fauteuil en velours vert sapin et joue instinctivement, comme à chaque rendez-vous, avec le fil qui dépasse de l'accoudoir.

-Je suis content que tu sois revenu me voir ce mois-ci, commence-t-il en s'asseyant en face de moi. Il y a longtemps que tu n'avais pas fait deux séances le même mois... Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?

BrokenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant