Chapitre 5

29 3 0
                                    

J'ouvre la porte d'entrée de mon appartement, et comme à son habitude ma mère est dans son atelier. Je passe lui dire que je suis rentrée et file dans ma chambre. Il faut que je fasse quelques devoirs mais ensuite je vais pouvoir me consacrer entièrement à mes recherches.

J'étudie sérieusement mais rapidement, trop intriguée par mes recherches pour prendre mon temps.

Aujourd'hui, j'oriente mes recherches sur divers reportages, ce qui me permet d'aborder le sujet autrement. Je regarde quelques vidéos de courtes durées mais elles ne m'apprennent peu sur l'Argentine et la dictature sous Videla.

Je finis par tomber sur un reportage intitulé : "la historia oficial", très complet et bien travaillé.   "Le 24 mars 1976, un coup d'état parfaitement organisé met fin à une démocratie Argentine en plein marasme politique et économique. Les premiers communiqués des forces armées annoncent que le général Videla, à la tête d'une junte militaire, prend en main le destin du pays afin de combattre le terrorisme [...]".

Je ne suis pas encore arrivée jusqu'à la fin du reportage mais j'en ai appris un peu plus sur le sujet, et avant de le terminer je décide de demander à ma mère des photos de son enfance. Je crois qu'elle vivait encore en Argentine lorsque Videla était au pouvoir, je pourrais peut-être en apprendre encore plus grâce à ses photos.

Je vais la voir dans son atelier où elle est toujours en train de dessiner.

«  Maman, tu as des photos de toi quand tu étais petite ? J'aimerai bien les voir, dis-je.

- Je vais te chercher ça, me répondit-elle. »

Elle part donc chercher ses photos dans sa chambre, et reviens quelques minutes plus tard avec deux albums poussiéreux, sans doute abandonnés en haut d'une armoire pendant des années.

« Désolé, ils sont un peu sales, je les avais oubliés je crois, s'excusa-t'elle.

- Pas grave, du moment que je peux les voir, ça me va.»

Je prends les albums et vais dans ma chambre pour les consulter. Je les dépoussière un peu avant d'aller les regarder tranquillement sur mon lit. C'est fou comme ma mère me ressemblait quand elle était enfant, mon portrait craché ! Je regarde ses photos durant près d'une heure, ma mère semble avoir eu une enfance plutôt heureuse, au vu des sourires resplendissants sur ses lèvres. Je m'arrête sur une photo, ma grand-mère rayonnante enlaçant mon grand-père, elle avait l'air si heureuse ce jour-là. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas vu un tel sourire illuminer son visage, je songe tristement.

Je ne parviens pas à ranger cette photo, c'est plus fort que moi, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu'à présent Mercedes est tellement aigrie et triste, qu'elle semble être profondément mal au fond d'elle. Comme si elle cherchait absolument à cacher un secret inavouable.

Je décide d'arrêter d'y penser parce que j'adore ma grand-mère et la voir aujourd'hui triste à ce point, me fend le cœur. Pour me changer les idées, je regarde la suite du reportage.

Je découvre l'existence des grands-mères de la Place de Mai "las abuelas de la Plaza de Mayo".
C'est une association fondée en 1977 en Argentine, un an après le coup d'État de mars 1976, cette association a pour but de retrouver les enfants volés de la dictature militaire afin de les rendre à leurs familles légitimes. Je découvre également l'association "Hijos Paris" qui a le même but que "las abuelas de la Plaza de Mayo", mais dont les actions se situent en France. Peu-être devrais-je les contacter...


Rédigé par Emy.

Niños Desaparecidos (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant