Chapitre 6

34 3 0
                                    


Cela fait maintenant deux heures que Jules, Lucie et moi sommes en pleine recherche. Entre les livres empruntés au CDI du lycée et les multiples articles internet, nous commençons à pouvoir enfin nous faire une idée du drame qui a frappé l'Argentine de 1976 à 1983.

Je profite maintenant de l'absence de mes parents (mon père étant en voyage d'affaire et ma mère a une exposition d'art), pour m'introduire dans leur chambre. Dans un seul but : retrouver les albums photos que ma mère m'a prêtées la veille, car je suis sûre qu'elle ne m'a pas tout montrée. Je n'ai vu aucune photo d'elle bébé et cela m'a semblé assez étrange.

Je saisis les vieux albums photos d'hier, se trouvant en haut d'un placard, puis pars à la recherche d'autres souvenirs de son pays d'enfance. Je ne sais pas trop par où commencer.

.

.

Cela fait maintenant près d'une trentaine de minutes que je fouille de fond en comble leur chambre, mais rien. Désespérée, je m'affale sur leur lit et tente de réfléchir à une potentielle cachette. Car j'en suis certaine, ma mère range dans une petite boîte à gâteau rouge, à moitié rouillée, des souvenirs de sa vie passée. Petite, je l'avais déjà surprise avec, mais impossible de me rappeler de l'endroit où elle l'avait subitement replacée.

Soudain, mon visage s'illumine.


« Mais bien sûr !» Je m'écrie alors.

Je me lève d'un coup, et me précipite par terre, penche ma tête sous le lit et passe mes mains dessous jusqu'à en ressortir la fameuse petite boîte, exactement comme dans mes souvenirs. Je m'empresse d'aller rejoindre mes amis pour partager ma trouvaille et l'ouvrir avec eux. J'espère y trouver des photos d'elle bébé.

C'est Jules qui l'ouvre à ma place, je suis bien trop nerveuse pour le faire.

Mais une fois ouverte, rien de ce que j'espérais : un vieux foulard à fleurs, un peu jauni par le temps et un poème écrit à la main. On ne dirait d'ailleurs ni l'écriture de ma mère, ni celle de mes grands-parents. Lucie le lit à haute voix :

« - Silvia, Silvia,

Cierra los ojos,

Te estoy protegiendo,

Nadie te hará daño,

Oye tu Mami que te...

Je la coupe et continue

- Que te quiere demasiado,

Más que su propia vida,

Mi niña eres toda mi vida,

El corazón de tu padre está en el tuyo,

Ahora duerme mi niña,

No tengas miedo de esos gritos,

Es nada,

Solamente miedos,

Cierra, cierra los ojos »

Mes amis me regardent alors subjugués et choqués, attendant une réponse de ma part.

« C'est la berceuse avec laquelle ma mère m'endormait petite, chaque soir sans exception.

- Ah d'accord ! Tout s'explique. S'écrie Jules.

- Non pas tout justement, qu'est-ce que cette comptine fait ici ? Et pourquoi s'adresse-t-elle à ma mère ?  Je les interroge.

Niños Desaparecidos (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant