Chapitre 16 : Bec et Ongles

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Je descendis les escaliers, marche après marche, d'un pas pesant. Vous savez quand vous avez l'impression d'avoir un troupeau de pachydermes jouant du tambourin contre votre boîte crânienne ? Et bien ajoutez-y Hiroshima, Nagasaki et quelques pétards de fête nationale et vous aurez approximativement la moitié de la douleur que je ressentais... Je rentrais dans la cuisine où ma mère buvait tranquillement son thé, puis me laissa tomber lourdement sur une chaise.

- Bien dormi ma chérie ?
- Je peux répondre à cette question ce soir ? Ou dans trois ans ?

Elle se leva pour aller chercher la théière et versa le liquide fumant dans mon bol. Je la remerciais avant d'avaler une première gorgée et de soupirer de soulagement. La boisson me réveillait doucement, avec délicatesse.

- Tu ne m'avais pas dit que tu sortais avec Sasuke...

Ok, on va oublier la délicatesse.

- Peut-être parce que je ne sors pas avec Sasuke.
- Ah bon... Vous aviez pourtant l'air proche hier soir, très proche... voir même soudé... par les lèvres.

Je recrachais le liquide que j'avais en bouche et m'étouffais à moitié. Pouvait-on faire plus brutal comme matinée ?

- J' étais déchirée ! Ça ne compte pas !

Notez quand même que je préfère avouer à ma mère être rentrée bourrée qu'abdiquer en faveur d'un quelconque baiser volontaire et conscient !

- Si tu le dis...

J'avais embrassé Sasuke, et pas le petit smack sur la bouche, non, le bon gros baiser qui ne laisse aucun doute sur les intentions, celui qui fait frissonner, le langoureux, le baiser final des films romantiques. Je vais gerber... Je fais déjà des trucs débiles en étant sobre, mais là, j'étais carrément tombée dans les tréfonds de la stupidité ! Par contre, j'aimerais bien savoir pourquoi ma très chère génitrice avait pris grand soin de mémoriser cet échange maléfique et non le coup de genou bien placé et salvateur qui avait suivi. Je crois que Sasuke n'a pas du bien comprendre ce qui lui arrivait à ce moment-là... Si vous voulez, je collecte des fonds pour l'association « SOS Uchiwa battu », ça lui payera l'opération pour remplacer ses roubignoles.

Je gémis en laissant mon front cogner contre la table. J'avais juste eu une pulsion, une envie subite contre laquelle j'avais tout d'abord essayé de lutter. Le problème, c'était que lorsque le mec que vous avez subitement envie d'embrasser, vous empêche de détourner le regard de ses beaux yeux, ce n'est plus de la provocation mais un appel à la débauche ! Bref, j'avais eu un « contact » plus que gênant avec mon meilleur ami et j'étais dans la merde. Enfin surtout parce que j'avais eu un malencontreux réflexe défensif et qu'il me semble bien l'avoir entendu me maudire jusqu'à la cent trente-cinquième génération... C'est pas ma faute ! C'est un mode « par défaut » du système Sakura Haruno.

Voyons le bon côté des choses, ça avait tout de même été très agréable. Il embrassait bien le gus. Quoi ? Je me suis pas encore brossée les dents, je peux dire ce que je veux.

En parlant de lavage de chicots...

- M'man, elle est où la javel ?
- En sécurité, hors des pattes de cette famille...
- Et le canard WC ?
- Je doute que tu sois embarquée dans une frénésie du ménage après dix-sept ans de larvage intensif, alors pourquoi me poses-tu ces questions étranges ?
- Pour ôter toutes preuves compromettantes de ce qui s'est passé la nuit dernière.
- Embrasse le garçon qui te plaît, ça fera l'affaire, sauf s'il s'agit du même...

Y perdre des plumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant