CHAPITRE 3

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Deux jours se sont écoulés depuis le miracle de Wei. Les villageois n'avait pas compris la situation. Comment un bras cassé avait pu se réparé quelques heures après l'accident ? C'était les mystères de ce village. Mais le chef, lui, n'était pas naïf et ne croyait pas à ces sottises de miracles envers Dieu. Non, lui, il se doutait bien que le surnaturel y était pour quelque chose dans cette affaire. Malheureusement, aujourd'hui, ce n'était pas le jour où il pouvait aller chercher des pistes et des indices sur ces créatures : c'était l'anniversaire de sa tendre fille, son seul et unique enfant. Bien sûr pour lui, il lui fallait la marier à tout prix dès ses dix-huit ans. Pour cet événement, le village entier était sous la charge d'une lourde responsabilité : organiser la plus magnifique fête d'anniversaire en l'honneur de Ren. Pour elle, s'était plutôt son dernier jour de liberté. Le dernier jour, où elle pourra se promener seule dans les bois du village, passer du temps avec Wei, son seul ami. Elle ne voulait pas de cette fête et encore moins d'un mariage arrangé en faveur de son père.

Elle se trouvait donc en ce moment dans la forêt, assise sur un tronc d'arbre fendu, devant le marécage où était le cerf il a deux jours. Elle y était retournée alors qu'elle en avait interdiction mais son instinct, lui, disait de retrouver ce personnage si sinistre et si mystérieux. Soudainement, le paysage s'assombrit, comme si les arbres se recroquevillaient au-dessus d'elle pour cacher la lumière venant du ciel. Elle ne fut point étonnée de voir le garçon à quelques mètres d'elle qui était apparu :

« Je crois que le destin s'acharne à nous faire rencontrer. » murmura-t-il

Cette fois-ci, Ren n'avait pas peur. Elle avait tout le contrôle de son corps.

« Comment t'appelle-tu ? demanda-t-elle curieusement

- Tu n'as plus peur de moi ?

- Devrais-je encore ? » 

Il haussa les épaules puis avança d'un mètre ou deux, s'approchant d'elle. Elle n'était pas totalement rassurée à l'idée de se trouver seule avec cet homme. Celui-ci s'accroupie dans l'herbe puis commença à chercher quelque chose dedans. La jeune fille l'observa encore une fois mais cette fois, elle vit une toute autre personne : le garçon qui ressemblait à un monstre paraissait être un simple garçon, certes un peu atypique, mais il ne semblait pas être dangereux à ce moment-là. Ren se leva, voulant le rejoindre, mais pris surprise par une racine dans le sol, elle chuta en avant devant lui qui la regarda tomber sans réagir. La boue avait sali sa tenue et elle sentait une légère douleur à la cheville. Elle releva la tête vers le garçon qui s'était redressé, l'observant de haut avec un sourire moqueur. Il lui tendit la main qu'elle voulut prendre mais au dernier moment avant de l'attraper, il la retira en se moquant, puis partit sur le côté la laissant à terre :

« Au fait, tu vérifieras ta cheville avant de courir telle une biche dans la forêt. » dit-il avant de disparaître dans les buissons. Elle n'en revenait pas : il ne l'avait même pas aidé à se relever. Après tout, à quoi s'attendait-elle venant de ce garçon ? Une part de gentillesse ? Sûrement pas. Elle s'appuya sur ses bras pour se relever, la boue collant à ses habits. Une fois debout, elle toucha délicatement sa cheville endolorie. Elle lui faisait un peu mal mais elle pouvait marcher. Elle commença alors à rentrer lentement. Il ne lui avait même pas dit son prénom. Quel mal élevé celui-là ! songea-t-elle. Un peu comme elle...

Après être revenue au village où les préparatifs avancés, les jeunes filles s'affolaient devant la tenue de Ren. Elles l'emmenèrent jusqu'à sa maison pour qu'elle se prépare pour la fête qui allait bientôt débutée. La petite blonde resserra pour la troisième fois le corset de Ren qui s'accrochait au bord de son lit. Anna, fière d'avoir compressé le pauvre ventre de la jeune fille, souffla un bon coup puis alla chercher une robe blanche, elle était différente des autres robes que Ren avait pu voir : elle était d'une blancheur que ses yeux mirent du temps à s'adapter. Blanche comme la neige de l'hiver. De plus, la robe ne terminait pas jusqu'en bas des pieds mais elle s'arrêtait à peine en dessous des genoux. Son décolleté aussi était différent des autres, les épaules étaient à nu, ainsi que le haut du dos. Les bretelles démarraient sur le haut des bras, enveloppant le reste jusqu'au poignet, la robe en tissu était recouverte d'un voile de dentelle. Elle appartenait à sa mère donc, elle se devait de la porter ce soir-là. Ce fameux soir où elle rencontrera son futur époux.

Elle sortit de sa chambre, une fois habillée et coiffée puis se dirigea vers l'entrée pour sortir. Quand elle ouvrit la porte, elle se trouva en face de Wei qui était sur le point de toquer. Celui-ci écarquilla les yeux quand il la vit puis, donnant son bras droit tout neuf, il lui dit gentiment :

« Tu es splendide. »

Elle le remercia d'un signe de tête puis enroula son bras autour de celui du jeune homme. Ils marchèrent pendant quelques minutes, se dirigeant vers le centre du village où se déroulait la fête d'anniversaire. Les bruits de leur pas résonnaient dans les ruelles sombres et vides. Ils ne se doutaient pas un seul instant qu'ils étaient observés par des yeux indiscrets. Après avoir bavardé pendant le trajet, ils arrivèrent en face de la scène où les habitants chantaient et dansaient déjà. Wei sentit Ren se raidir : il avait bien essayé de la détendre en lui racontant des blagues mais ça n'avait pas l'air d'avoir totalement marché. Son beau sourire s'évanouit d'un seul coup mais Wei réagit vite et la pris dans ces bras :

« Ne t'inquiète pas Ren. Même si l'homme avec qui tu vas passer le restant de tes jours ne te convient pas... Tu m'auras toujours moi. Je serais constamment avec toi pour embellir tes journées. On continuera de faire des bêtises en cachette. Je rendrais tes années prochaines encore plus amusantes que les précédentes. Je serais toujours là moi... » Il prit la main de Ren puis l'embrassa « Je te le promet. »

Ren esquissa un léger sourire de remerciement.

« Et puis...

- Ren ! »

La voix du père de Ren retentit à travers la foule. Ren se redressa mais tenant toujours la main de Wei, elle remit son attention vers son père qui arriva vers lui :

« Oh ma chère fille, que tu es belle ce soir ! »

Elle lui fit une grimace qui se voulait être plutôt un sourire amical.

« Regarde la fête qu'on a organisé ! » criait-il joyeux, sûrement grâce aux quelques verres but. Effectivement, des banderoles de couleur étaient accrochés entre les lampadaires des maisons, ainsi que des tissus avec des lettres inscrites dessus. Des tables d'une longueur impressionnantes étaient disposés l'une derrières l'autres ce que donnait des rangées de tables pour manger. Une petite scène était calée près des tables et on voyait déjà des couples danser dessus. Il y avait aussi un petit groupe de musique venu d'un autre village qui était installés à côté de la scène. C'était très harmonieux et Ren trouvait ça touchant de la part des habitants. Mais cela ne changeait pas moins son humeur pour autant, elle esquissait des petits sourires quand son père la regardait mais dès qu'il avait son regard autre part, son sourire disparaissait et Wei voyait bien que ça n'allait pas. Il la comprenait. Une fois que son père est fini de présenter son chez d'œuvre, il se tourna vers eux puis s'exclama :

« Bon trêve de bavardage, vient avec moi ma fille, je dois te présenter ton futur mari ! Et puis toi Wei, lâche la main de ma fille je te prie. C'est bientôt une femme mariée. » Après avoir dit ça, il se dirigea vers la fête et Ren qui commença à le suivre mais elle fut stoppée par Wei par sa main qu'il tenait encore. Il la tira contre lui puis avança son visage jusqu'à son oreille en portant son autre main derrière la nuque de Ren puis il chuchota :

« Joyeux anniversaire ma belle. Essaie de profiter de la fête quand même... »

Après ça, il la lâcha et partit vers la soirée. Ren resta immobile, regardant ses pieds et froissant le bas de sa robe avec ses points fermement replié sur le tissu. Elle voulait pleurer, puis fuir cette stupide fête mais elle savait qu'elle ne pourrait pas échapper à son père. Elle prit donc une grande inspiration puis se retourna pour marcher entre les gens en les saluant avec un sourire qu'elle faisait paraître le plus naturel possible.

***

Publié le 3 janvier 2018

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