CHAPITRE 2

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La claque du chef du village retentit sur la joue de Ren. Il n'y avait pas été de main morte pour frapper sa propre fille :

« A quoi tu pensais bon sang ? Chasser de ce côté de la forêt alors que tu sais très bien que c'est son territoire de chasse ! Tu voulais mourir ? En plus, tu oses mettre le fils Maloi en danger ? Il est revenu avec un bras cassé à cause de ton imprudence ! Est-ce que tu te rends compte de la bêtise que tu viens de commettre, toi, qui de plus, est ma propre fille ? Tu me donnes honte devant tout le village ! »

Son père était dans une terrible colère. Il fâchait sa fille devant tout le village entier. Quelle honte pour elle non ? Heureusement, la malheureuse en était habituée depuis sa tendre enfance. A chaque bêtise qu'elle commettait, elle se retrouvait devant tous les habitants pour avoir la correction qui l'attendait. Et ça, s'était juste pour elle. Juste pour qu'elle comprenne ses fautes. Malheureusement pour le village, Ren était têtue et après chaque correction où elle promettait qu'elle ne referait plus de bêtise, elle recommençait encore et encore :

« Ren ! Ren ! Ecoute moi ! Tu vas avoir dix-huit ans dans deux jours ! Tu devrais prendre conscience des responsabilités que tu porteras en tant que future chef ! De plus, comment veut-tu que je marie une dévergondée comme toi ! Même si ton titre de classe favorise ton mariage, ton caractère, lui, fait fuir les plus riches du village. »

Elle était perdue dans ses pensées. Elle ne voulait pas se marier même si la tradition l'obliger. Elle voulait pouvoir choisir l'homme qu'elle aimerait épouser et non épouser l'homme qui rapportera de l'argent à son père. Bien sûr, ce n'était pas elle qui décidait de son sort, c'était son cher père.

Une fois la sanction finit, elle se dirigea vers la maison des Maloi pour voir Wei sous les regards des autres habitants qui chuchotaient tout plein de méchancetés : « Cette cruche n'est pas à marier ! » ; « Qui voudrait d'une délinquante comme elle ? » ; « On sait de qui elle tient celle-là, c'est bien de sa salope de mère ! ». Ces commentaires passés au-dessus de la tête de Ren, elle voulait juste qu'on la comprenne et qu'elle devienne libre et pas emprisonnée par les lois et surtout par les décisions de son père.

Elle ouvrit la chambre de Wei qui se trouvait endormi sous ses draps blancs et doux. Elle s'approcha tout doucement de lui puis se mit à genoux devant lui. Il semblait si paisible avec son visage de petit garçon dormant tranquillement. Elle sourit à la vue de son ami qui avait l'air d'être dans le royaume des rêves. Elle n'avait pas rêvé depuis la mort de sa mère. Même les cauchemars ne lui portaient pas visite. Elle se réveillait chaque matin, sans aucun souvenir de sa nuit passé. Elle prit sa main libre puis vient l'embrasser tendrement :

« Je suis tellement désolée Wei, je t'avais promis que rien ne t'arriverait. Je n'ai même pas été capable de bouger en face de lui. Il m'effraie plus que je le croie.

-Bla, bla, bla... Pauvre petite chose inutile... »

Ren se retourna d'une vitesse surprenante vers la fenêtre derrière elle. Il était là. Elle se figea à la vue du sombre garçon. Il était accroupi, sur le rebord de la fenêtre qui se trouvait au premier étage. Il la fixait en attente d'une réaction de celle-ci mais elle ne fit rien. Elle ne pouvait rien faire à vrai dire. Il soupira, déçu que la jeune fille ne bouge pas, puis descendit en douceur sur le plancher de la chambre. Elle en restait bouge-bée : comment avait-il pu monter au premier étage sans que personne ne l'est vu ? Bizarrement, elle put bouger et attrapa un coussin posé au sol avant de le jeter sur le garçon en pleine tête. Surpris, il tituba un instant avant de reprendre ses esprits et d'esquisser un sourire malsain :

« Tu crois que c'est un coussin qui va m'arrêter ? » ricana-t-il en s'approchant du chevet de Wei au côté de Ren. Elle ne comprit pas sa réaction : pourquoi ne s'énervait-il pas contre elle ? Pourquoi avait-il l'air de s'en moquer ? Il ne semblait pas lui en vouloir ou du moins il ne le montrait pas. Il voulut toucher le bras endommagé de Wei mais Ren le stoppa en lui attrapant le poigné de force. Son sourire toujours scotché au visage, il tourna la tête vers Ren qui avait osé bouger. Ils n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, se regardant : l'un avait la malice dans le regard tandis que l'autre était prêt à exploser de rage. La tension montait dans la pièce qui s'était un peu assombrie :

« Qu'est-ce que vous comptez faire sale monstre ? demanda-t-elle avec une pointe de colère dans sa voix si douce de nature.

- Et bien, vois-tu très chère, je comptais réparer le bras de ton compagnon, mais si tu m'en empêches, je lui casserais le deuxième bras.

- Je ne vous fais pas du tout confiance. »

Il haussa les épaules attrapa la main de Ren et l'as mis sur sa poitrine, la regardant droit dans les yeux :

« Ecoute. Mon seul but ce soir est de soigner ton ami et non de le tuer. Sinon je l'aurais déjà fait avant que tu puisses réagir... Est-ce que mon cœur a accéléré son rythme quand je t'ai parlé ? »

Elle pivota sa tête en signe de négation puis détourna le regard de celui du garçon ténébreux. Un sourire au coin de la bouche de celui-ci apparut puis il se retourna vers Wei et pris son bras entre les mains. Il ferma les yeux pendant que Ren l'observait se concentrer. La luminosité baissa de nouveau ce qui inquiéta Ren. Il faisait très sombre dans la pièce, comme si la nuit était tombée plus tôt. Un bruit de craquement résonna la chambre et Wei se réveilla d'un seul coup en hurlant. Ren réagit vite et se dirigea vers lui tandis que le garçon avait reculé de quelque pas en arrière, comme s'il avait perdu le contrôle de son corps et qu'il semblait tomber. Wei soufflait fort tout en regardant autour de lui mais Ren vint s'asseoir sur le rebord du lit puis pris dans ses mains le visage de Wei en panique :

« Chut... Chut... ça va aller... Je suis là... » chuchota Ren près de Wei qui analysa chaque parcelle de son visage, et une fois qu'il a reconnu son amie, il la prit dans les bras en suffoquant :

« Ren... Ren... J'ai eu tellement peur... Si tu savais... » Il laissa tomber sa tête sur l'épaule de Ren et en s'accrochant à ces habits. Celle-ci lui caressa la tête pour le rassurer puis tourna la tête vers la fenêtre. Il avait déjà déserté. Il s'était enfui très vite et étrangement, la luminosité reprit le dessus sur l'obscurité de la pièce. Ce phénomène intrigua la jeune fille qui se posait encore beaucoup de question : pourquoi avait-il fait cela ? Se sentait-il coupable d'avoir fait du mal sans raison ? Avait-il culpabilisé ?

« Ren... » Wei l'appela faiblement mais quand elle l'entendit, elle releva son attention vers lui. La tête vers le bas, il semblait regarder son bras :

« Qu'est ce qui s'est passé ? » Il la regarda, apeuré, puis leva son bras qui était cassé vers le haut pour qu'elle puisse le voir : rien, son bras était normal, aucune fracture, aucun bleu. Ren hallucina. Était-ce le monstre qui avait fait ce prodige ? Il lui paraissait évident que ce soit lui. Elle ne comprenait pas, à vrai dire, elle ne comprenait rien à ce qu'il lui était arrivé aujourd'hui.

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Publié le 3 janvier 2018...

Bonne année à vous ! <3

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