CHAPITRE 4

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***


La soirée passait lentement. Ren était assise sur un banc, avec un verre qu'elle n'avait pas touché depuis le début à la main et le regard dans le vide. Les gens autour d'elle mangeaient, riaient, dansaient mais elle, ne faisait rien. Elle voulait sortir de cet enfer. Des chaussures apparurent dans son champ de vision, chaussures qu'elle reconnut aussitôt. Elle releva la tête et fit face au regard brûlant de son père :

« Tu ne t'amuse pas ma fille ? » Il semblait contrarié, même si son visage était démuni de toute trace de colère, sa voix le trahissait et fit comprendre qu'il était de mauvaise humeur.

« Qui y'a-t-il ? Pourquoi être en colère le jour de mes dix-huit ans mon père ? » demanda Ren essayant de paraitre normal. Celui-ci regarda dans les alentours, scrutant chaque visage présent à cette fête.

« Il est de retour...

- Qui est de retour ? » Il fixa le visage de sa fille, puis souffla :

« Le monstre de la forêt... Il est de retour au village. »

Ren inspira un instant avant de contempler les alentours, elle connaissait son visage. Elle devait être la seule de sa génération avec Wei à le connaitre :

« Chef ! Nous n'avons rien trouver d'étrange dans les ruelles qui entourent la place. » Un soldat était arrivé aux côtés de Ren et son père. Le chef du village hocha la tête puis pris le poigné de Ren et la tira dans la foule. Sa cheville lui faisait toujours mal, c'était aussi pour cette raison qu'elle s'était assise pendant tout le début de la soirée. Cependant, forcée de marcher derrière son père, elle sautillait pour atténuer un maximum la douleur. Son père s'arrêta soudainement puis s'adressa poliment à une personne dont Ren ne pouvait pas voir le visage de l'inconnu car elle était cachée derrière de dos de géniteur mais elle reconnut la voix de celle-ci entre toutes les voix masculines du village qu'elle connaissait. Cette voix basique et cassante, une voix désagréable à entendre pour elle. Son père la tira à ses côtés : elle vit ce garçon qu'elle ne voulait pas revoir ce soir. Sébastien, le fils du plus riche bourgeois se tenait devant elle, les mains liées derrière son dos, un sourire provoquant qu'elle connaissait depuis qu'elle était petite. Elle détestait cet homme : il n'était pas très grand, blond aux yeux bleus, la barbe bien taillée, son ventre sortait de sa chemise trop petite. Elle crut halluciner quand elle le vit, devant elle :

« Ma chérie, je te présente ton futur mari, Sébastien de Sarsas. » Sébastien se pencha vers elle, approchant sa main pour embrasser celle de Ren mais celle-ci ne bougea pas d'un pouce. Elle était paralysée. Comment son père avait-il pu lui faire ça ? Il y avait beaucoup trop de bourgeois pour que la malchance tombe sur cet homme. Impatient, son père donna un coup de pied discret dans la cheville de sa fille ce qui déclencha une douleur plus intense dans le corps de Ren qui reprit ses esprits. Elle serrait fort les dents pour ne pas crier en donnant sa main à son pire ennemi. Celui haussa les sourcils de surprise : il ne s'attendait pas à ce qu'elle accepte aussi facilement. Mais pour elle, faire un caprice au milieu de ce monde était inenvisageable. De plus, elle savait très bien qu'elle ne pourrait pas faire le poids contre son père. Sébastien sourit légèrement puis pris sa main et posa ses lèvres sur le dos de sa main ce qui dégouta Ren qui le regardait avec haine.

« Très bien, je vais annoncer cela au village. » Le père leur sourit à tous les deux puis se dirigea vers la scène pour annoncer le mariage de ces deux jeunes gens.

« A quoi tu joues Bastien ? demanda fermement Ren

- Moi ? il haussa les épaules puis remit ses mains derrière son dos. Rien voyons, pourquoi je jouerais à quoique ce soit ?

MARINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant