7 - Camille

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Je fais un léger détour avec le tram pour pouvoir ramener Tess devant chez elle étant donné l'état dans lequel elle est. C'est à peine si elle marche droit et les pavés de la rue ne l'aident pas à se tenir en équilibre. Il est à peine onze heure du soir, nous avons fini par manger au Grand Slam Burger et avons continué notre soirée dans un bar que Tyler apprécie. Ca n'a pas aidé Tess qui était d'humeur à boire ce soir et qui s'est d'ailleurs complètement laissé aller à cette envie. Heureusement, elle n'a ni l'alcool triste ni mauvais. A vrai dire elle n'arrêtait pas de rire, de danser (seule, sur sa chaise) et de dire des choses à peine compréhensibles. J'ai donc jugé plus prudent de la ramener chez elle.

_ C'est mon arrêt ! s'écrie Tess en se levant d'un bond.

Les autres passagers la regardent d'un air las et elle manque d'être renversée lorsque le tram s'arrête brusquement. Je la rattrape de justesse en remerciant pour elle un adolescent qui, bien que mort de rire, a lui aussi tenté de l'empêcher de chuter. Nous descendons donc de la rame, Tess se dirige vers son bâtiment et se plante devant le boîtier qui déverrouille la porte en me glissant :

_ Je connais le code, mais les chiffres dansent...

Je me maîtrise pour ne pas éclater de rire étant donné son air grave et me contente de lui répondre :

_ Bien, dis-le moi, ils ne dansent pas pour moi.

_ Tu veux que je danse pour toi ?

_ Euh... Non, Tess, je veux que tu me donnes le code de ton immeuble.

Elle prend un air chagriné et me le murmure à l'oreille en cachant sa bouche avec sa main. Je rentre le code, la porte s'ouvre et nous entrons dans le bâtiment. Tess m'indique le deuxième étage, nous utilisons l'ascenseur et nous postons enfin devant son appartement. Elle vide littéralement son sac à main par terre pour trouver ses clés et je dois me charger moi-même de déverrouiller la porte puisqu'elle ne parvient pas à viser la serrure.

_ Tu restes un peu ? demande-t-elle.

_ Non, il est tard je vais aller dormir. Tu devrais faire pareil.

Elle se relève avec les affaires qu'elle a ramassées et jetées dans son sac à main, titube puis tombe sur le côté. Je la rattrape encore une fois pour qu'elle ne s'explose pas contre le mur et sans que je ne comprenne ce qu'il se passe, je me retrouve avec ses lèvres sur les miennes. Je fronce les sourcils, la repousse et elle pénètre dans son appartement en faisant claquer la porte derrière elle. Je reste quelques secondes immobile, surprise de ce qu'il vient de se passer. Je secoue la tête, fais le trajet inverse, prends le premier tram qui passe et me rends chez moi. Tess n'est pas dans son état normal. Je ne cesse de me répéter cette phrase pour me convaincre de l'idée qu'elle transmet ; je ne veux pas que Tess ressente quelque chose pour moi. Ce serait... étrange ? D'autant plus que je ne suis pas encore passée à autre chose concernant Megan, j'en suis même loin. En laissant tomber mes affaires dans le salon, je me demande s'il faut que je lui touche un mot lundi ou s'il faut simplement laisser couler et oublier cette fin de soirée. Je hausse les épaules et m'installe dans le canapé, récupérant la serviette en papier et mon téléphone. Je les regarde un instant, tour à tour, et pousse un long soupir. Est-ce que c'est bien, ce que je fais ? La réponse est non, évidemment, mais je ne parviens pas à m'empêcher de le faire. J'entre le numéro, renomme le contact "J. Charley" et écris un rapide message, bien nul en vérité, histoire d'établir le contact.

Moi :
Bonsoir Julien, c'est Camille.

J. Charley :
Bonsoir ! J'attendais ton message. Tu as passé une bonne soirée ?

Moi :
Plutôt, oui. Et toi ?

J. Charley :
De même.

My ParisianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant