4 - Camille

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_ Allô ? répète Megan.

_ Oui allô, c'est Camille Jenson du secrétariat. Monsieur Silverston voudrait que vous soyez là pour huit heure trente. C'est possible ?

_ Oui, je serai là.

_ Parfait, merci -

Je me tais en entendant que Megan a raccroché sans plus s'attarder. Putain, quelle garce ! J'ai bien compris que les relations humaines n'étaient pas son truc mais enfin quand même, un minimum de respect ! Je me demande bien comment elle se comporte avec ses élèves. Elle travaille parfois avec des hauts placés qu'elle doit remettre à niveau, j'ose espérer qu'elle ne les traite pas de la même façon. Enfin, elle sait sans doute se tenir puisque nous n'avons jamais reçu ni entendu aucune plainte à son sujet. J'imagine qu'elle nous réserve sa mauvaise humeur. Adorable.

Je profite que le chef ait lâché son téléphone cinq minutes et passe dans le couloir pour lui faire signe que Megan est prévenue et qu'elle sera à l'heure. Il hoche la tête sans s'attarder mais j'ai bien remarqué que cette nouvelle l'apaise un peu. Pénélope et lui sont mariés depuis de longues années et je trouve qu'ils s'assemblent à merveille sur le plan émotionnel. Je veux dire, ils réagissent de la même façon à tout. C'est à dire qu'ils sont tout le temps stressés, en fait. Anaïs, la secrétaire à mi-temps, et moi avons offert à Pénélope une box de thé pour qu'elle se détende un peu. Elle en a souvent une tasse à la main. On a vraiment réussi notre coup, pour la peine. En revanche, je nous vois mal offrir ça au chef de la boîte. Ce serait déplacé.

Je sors de mon bureau et les rejoins tous les deux pour m'assurer qu'ils n'ont besoin de rien. Et en fait, si : ils veulent refaire l'organisation de la salle de cours de Megan pour que l'ambiance soit moins stricte.

Ouais ils veulent bouger les tables quoi. Ils forment de petits îlots de quatre ou six places, puis me demandent de les aider à préparer le buffet.

On fait des buffets ici ? A 9h du mat ?

Je hausse les épaules, me rends dans le bureau de Pénélope afin de récupérer les deux cartons qu'ils m'ont envoyé chercher, et retourne dans le hall pour prendre les escaliers.

Je monte les marches comme je peux et dépose les cartons sur une des tables qu'ils ont recouvert de nappe en papier blanc. Oui, comme pour les anniversaires en école primaire, exactement. J'ouvre le premier carton et découvre des sodas et jus de fruits. Ouais c'est bien ce que je disais, retour au CP. Je les sors de la boîte et on vient m'aider avec la deuxième. Je me tourne pour demander à Pénélope où se trouvent les verres et... Euh... Qu'est-ce que je disais ?

Ah oui. Je me tourne vers Pénélope.

Qui en fait n'est pas Pénélope mais Megan.

La surprise doit être peinte en fluo sur mon visage puisque Megan m'accorde un regard perplexe.

_ Quoi, vous avez vu un fantôme ?

Non, une Déesse...

Euh, pardon, je m'emballe.

Non mais il faut avouer que cette femme est splendide... Elle a remonté ses cheveux châtains en un délicieux chignon qui met en valeur sa beauté froide. Je suis sûre que derrière ce visage si impassible se cache une facette plus douce et amicale. Ses traits sont bien trop tendus pour être naturels. Elle se contient. Elle porte un masque.

Quoi qu'il en soit, masque ou pas, elle est magnifique. Elle a des yeux d'un bleu merveilleux... S'ils ne lançaient pas tant d'éclairs, je m'y noierais sans hésiter. Chaque fois que la marée est calme, c'est tout mon être qui se renverse. Elle a quelque chose dans le regard... Quelque chose de fort qu'elle s'obstine à cacher. Quelque chose qui échappe à son masque et qui m'a percutée de plein fouet.

My ParisianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant