10 - Camille

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A la pause café du matin, je prends mon courage à deux mains et attends de voir Megan apparaître devant les machines. J'ai rapidement expliqué à Tess et Maelys le pari lancé par Julien et nous avons bloqué notre samedi matin pour aller prendre un café ensemble, quelque part en ville. Elles ne sont pas ravies que Megan soit invitée, mais Maelys est aussi joueuse que moi et comprend qu'un pari lancé est fait pour être remporté.

Megan descend enfin les escaliers et je sors de mon bureau pour la rejoindre, prenant commande sur la machine à côté de la sienne.

_ Dîtes-moi, commencé-je. Samedi matin on prend un café entre collègues. Vous souhaiteriez vous joindre à nous ?

Elle se tourne vers moi et me fixe un instant, perplexe. Elle a les yeux explosés, comme si elle n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Cette image me fait de la peine, mais il y a autre chose. Cela ressemble à de la suspicion. Ses magnifiques yeux bleus sont plissés comme si elle essayait de m'analyser.

_ C'est une invitation sincère ?

Cette question me déstabilise. Sa méfiance cache certainement quelque chose et je fronce les sourcils avant de répondre :

_ Oui, bien sûr que c'est sincère.

Mensonge.

Enfin, oui et non. L'origine de l'invitation est un pari mais j'ai vraiment envie qu'elle accepte. Pourtant si elle le fait, c'est moi qui recevrai un gage... Mais à cette instant, cela ne compte pas. La fragilité que j'ai pu entrevoir durant cet échange m'a profondément remuée. C'est sûr, désormais, Megan Charley a une âme.

_ Où, et à quelle heure ?

_ Neuf heures trente au Broc Café.

Elle hoche la tête, me tourne le dos et disparaît dans les escaliers. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer qu'elle n'a pas accepté. Elle n'a pas refusé, bien sûr, mais... Elle n'a pas dit qu'elle serait là. Je reste ici à boire mon café, pensive et légèrement tremblante. C'est dingue l'effet que cette femme a sur moi. Quand bien même j'essaye de me raisonner en me disant qu'elle est en couple, je ne peux pas contrôler ce que je ressens. Je ne peux pas m'empêcher de la vouloir.

*

Je suis rentrée depuis plus d'une heure désormais quand mon téléphone se met à sonner. Appel entrant : Jadou. Je m'empresse de décrocher, inquiète, et comprends tout de suite que quelque chose ne va pas. Elle est en larmes. Je ne la laisse pas parler, m'enquérant de sa position géographique actuelle pour la rejoindre au plus vite. J'attrape mon sac et mes clés et sors aussitôt de mon appartement pour me rendre au sien. Je ne sais pas ce qui la met dans un état pareil, mais il est si rare de la voir craquer que je comprends plus ou moins vite, sur la route, que ça doit être en rapport avec sa sœur.

La porte n'est pas verrouillée et j'entre sans frapper puisque de tout façon elle attend mon arrivée. Enfin, c'était ce que je pensais avant de manquer de percuter Matthieu dans le salon.

Il m'attrape par les épaules pour me stabiliser pendant que je le dévisage.

_ Ah Dieu merci, tu es là ! Je suis désolé de t'avoir dérangée, mais elle n'arrête pas de pleurer et je... Je ne sais pas quoi faire.

_ Attends, qu'est-ce que toi tu fiches là ?

Il grimace, embarassé, et se frotte la nuque comme un enfant pris sur le fait.

_ Hé bien avec ton message de l'autre jour j'avais cru comprendre que c'était mort pour qu'il y ait quoi que ce soit entre nous..., répond-il.

Je sens dans sa voix qu'il est perplexe de ma réaction et m'empresse d'hocher vigoureusement de la tête :

My ParisianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant