My Parisian

5 - Camille

Je me suis réinstallée à mon bureau et vois défiler les formateurs de l'étage inférieur. Les élèves viennent se faire pointer puis disparaissent dans l'escalier sans demander leur reste. Je reprends le fichier sur lequel je travaillais et poursuis ma tâche. Ce n'est qu'un travail sur le tableur ; en soi c'est pas bien compliqué. Je suis plongée dans mon ordinateur quand j'entends frapper à la porte. Après avoir réussi à masquer le léger sursaut qui m'a secouée, je lève la tête.

_ Vous venez, Jenson ?

Je me lève et rejoins monsieur Silverston pour rejoindre la salle où sont réunis les diplômés. Je ne suis là que pour servir de plante verte, en fait. J'exagère mais c'est l'idée. Le chef est chargé du discours et c'est lui qui remet les diplômes. Moi j'appelle les noms. Quelle responsabilité ! Megan pourrait très bien se charger de cela. J'ai du boulot, moi ! Mais à la place, elle est au fond de la pièce, adossée au mur et les bras croisés sur sa merveilleuse poitrine.

J'avale difficilement ma salive. Sa présence me rend nerveuse.

_ Mademoiselle Camille Jenson va vous appeler un par un, je vous demanderai de vous avancer vers moi pour que je puisse vous remettre votre diplôme en main propre. Jenson ?

Je sors de mes pensées et me reconcentre sur la liste que je tiens entre les mains. J'appelle le premier nom, un jeune homme se lève et rejoint monsieur Silverston qui le félicite. Je sens le regard de Megan sur moi mais je dois sûrement me tromper. Elle doit certainement suivre ses élèves des yeux. Pourquoi ai-je l'impression qu'elle me fixe, alors ? Je deviens parano.

Je tâche de ne rien laisser transparaître de la pression qui m'agite en continuant d'appeler les noms avec un sourire qui j'espère paraît sincère. Je parviens enfin à la lettre C, et là j'appelle un certain Julien Charley.

Oh non, ne me dîtes pas qu'elle est mariée...

Elle s'est un peu redressée et peine à masquer sa joie et sa fierté. Et c'est l'homme qui m'a demandé de rester un peu plus tôt qui se lève pour rejoindre Silverston.

Mon cerveau émet un bruit blanc, signe qu'on a perdu le signal. Je ne sais plus quoi penser.

Mon bug interne dure plus longtemps que prévu puisque c'est un raclement de gorge qui me ramène sur terre. Silverston me regarde curieusement. Oui, oui, la liste. Je tâche de ne plus laisser mes pensées naviguer, cette fois. Mais bon sang, je suis sûre que Megan me regarde ! Je peux sentir son regard sur moi, je... Oui, la liste, pardon.

Au bout d'une petite quinzaine de minutes qui fut une pure torture pour moi, je suis enfin libérée. Je m'enfuis presque de la pièce, sans un dernier regard envers les diplômés parce que je sais que si je croise les beaux yeux de Megan je vais faire un arrêt du coeur là au milieu de tout le monde.

Je reprends enfin mon poste, presque heureuse d'être seule malgré les parois de verre qui me donnent l'impression d'être un animal au zoo et réduisent mon intimité à zéro. C'est pas comme si je faisais des trucs de dingue non plus mais cela me rajoute de la pression étant donné que monsieur Silverston peut me surveiller à tout moment. Heureusement que je ne suis pas du genre à me tourner les pouces...

Avec tout ça, j'ai raté le passage de Tess et Maelys. Tyler ne travaille pas aujourd'hui. Je me sens seule et toute retournée. Pour être mariée, faut bien qu'elle ait un coeur non ? Ce type a l'air d'être adorable, il ne l'aurait pas épousée que pour sa belle gueule.

*

J'ai veillé à esquiver Megan le reste de la journée. Je n'ai pu voir Tess et Maelys qu'en coup de vent, toute l'entreprise est sur le speed aujourd'hui je crois. Je sais bien que Silverston ne va pas tarder à lâcher son poste et essaye de vendre l'entreprise, mais bon, je trouve qu'ils en ont fait des tonnes ces derniers mois. Ils essayent de donner une image de famille soudée et c'est vrai que l'on s'entend tous bien (sauf avec Megan évidemment) mais, je ne sais pas. J'ai l'impression que l'on joue une pièce de théâtre et je n'aime pas ça.