Où l'histoire d'une appropriation :
Je suis.
Pragmatique.
Je vois le corps, celui des autres, le mien, celui des pas humains, comme un assemblage de trucs et de machins. Pleins de pièces collées ensemble, une grande horloge ou un grand robot.
Juste une machine organique, ou un vaisseau.
Et puis il y a.
L'âme.
La conscience.
Le Moi ?
Le globiboulga de ce que vous êtes, de ce que je suis, une sphère, un quelque chose faisant de ce robot un toi, un moi, un unique. Pour moi, c'est ça l'important.
Vraiment ?
Non.
Et oui.
J'ai du mal.
Lorsque les autres craignent pour leur corps j'ai du mal à comprendre pourquoi s'en font-ils donc pour quelque chose de si vulgaire. Je ne crains pas les blessures physiques, ni la douleur ou les maladies.
Penser que mon corps pourrait être blessé...m'ennuie. C'est comme penser que je pourrais trouer mon pull favori, sauf que je sais qu'un magasin de corps est moins évident à trouver.
Mais, comme je soigne mes vêtements, je soigne mon corps.
Après tout, c'est ce que je présente aux autres alors autant présenter quelque chose d'esthétique, non ?
Alors je le soigne.
Est-ce que je retape une maison ou est-ce que je raccommode une combinaison, je ne sais pas très bien, mais je le soigne.
Je surveille sa masse, surtout.
N'allez pas croire que j'adhère au culte des humains allumettes, en réalité je trouve ça plutôt laid, maladif presque. Mais j'aime les corps graciles, pour moi, je veux ces corps pour moi, il n'y a la aucune attirance sexuelle ou amoureuse, juste de la convoitise.
Alors je soigne cela, je régule ce que j'ingurgite, j'essaye de me débarrasser de ce qui me déplaît. Et je sors un joker en une seule lettre.
T.
Dans ma bouche cela sonne souvent comme une drogue. Il faut que je fasse mon injection. Il faut que je passe acheter de la T. Oui, on dirait un peu des phrases de camés, en réalité il n'en est rien.
Testostérone.
En entier cela perd un peu de son charme, alors disons T. J'aime ce liquide qui sculpte mon corps, qui affine mon visage, gomme mes fesses, mes hanches et mes cuisses. En réalité je ne perds aucune masse, elle migre juste, elle se réarrange. Je ne maigris pas vraiment, mais mon allure devient plus fine et androgyne.
Alors, pour parfaire le tout, je lisse les derniers détails.
La poitrine s'écrase, se grime en torse, reste un peu bombée, elle n'y peut pas grand-chose, la pauvre, mais cela fait illusion et les cheveux se raccourcissent, jamais trop, juste assez pour dégager un lobe d'oreille.
Enfin je couvre le tout de tissus, comme on emballe un cadeau.
Du tissu Bordeau, bleu, gris, rose, du tissu de pleins de couleurs car je n'aime que peu le noir et le foncé, c'est d'une tristitude. Du tissu élégant, en forme de pantalon de costume, de pulls fins et de chemises, jamais de choses amples, toujours dans la désuétude.
Avant je ne me souciais pas de mon corps, il n'était qu'un vaisseau, aujourd'hui il est un miroir.
De ce que je suis.
Il est mon moyen de revendiquer mon androgynie.
Je ne peux pas le crier moi-même, même parler est parfois trop pour moi.
Alors je fais confiance à mon corps.
Il dit ce que je ne peux exprimer, il le montre.
C'est subtil, les gens ne comprennent sans doute pas.
Mais j'ai choisi de m'exprimer comme ça.
Hello!
Je suis vraiment désolé de n'avoir rien posté depuis aussi longtemps mais pour tout dire...je n'ai absolument rien écrit de puis septembre. Je reprends doucement l'écriture, j'espère donc avoir un rythme plus régulier.
La question du corps est importante pour tout le monde mais chez les personnes trans et non-binaires cela peut être un sujet très anxiogène, c'est pourquoi je voulais l'aborder.
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Comment je suis devenu.e un papillon
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