Père :

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Ou l'histoire d'un être à deux facettes.

Ma mère, dans les souvenirs de mon enfance, est fantôme.

Je sais qu'elle est là, mais sans jamais parvenir à la saisir.

Elle habite ma mémoire en clandestine, présente mais invisible.

Mon père, lui, est là, je le vois, je me souviens.

Qu'y a-t-il de pire ?

Ma mère était elle mauvaise ?

Comment le dire, elle est là sans jamais l'être.

Mon père était-il mauvais ?

Oui.

Et bon.

En même temps.

Qu'y a-t-il de pire ?

Ne pas savoir, en être réduit à se dire que peut être elle était un être horrible, ou peut être n'était-ce que de ma faute ?

Savoir, qu'il y avait des bons moments, et d'autres horribles ?

J'ai fait mon choix.

Mon père était un être à deux visages, certes, mais au moins je suis certain.e qu'il y avait en lui une part d'amour et de bonté.

Il était celui qui m'emmenais me promener dans la campagne, très tôt le matin, pour que je ne réveille pas toute la maison. Il était celui qui m'embarquait à la pêche ou à la chasse aux champignons. Il était celui qui regardait mes combats de judo dans les gradins et me payait des sucreries si je gagnais. Il était celui sans qui je ne serais rarement sorti de la maison étant enfant.

Ma mère, devant ces faits, affirme que c'est uniquement de ma faute, si mon père s'occupait plus de moi qu'elle.

Je la rejetais dit-elle.

Je ne voulais pas qu'elle s'occupe de moi.

Peut être est-ce la vérité.

Je n'en sais rien.

Ce que je sais c'est que mon père s'occupait de moi et que beaucoup des bons souvenirs de mon enfance sont liés à lui.

Mais j'ai parlé de deux facettes, et la seconde alors ?

Elle est sombre, les bons moments tentent de la faire sombrer au fond de mon esprit, mais elle est là, fragmentée mais encore présente.

La violence.

Mon père a toujours eut des moments ainsi.

Je ne m'en souviens que très peu, mais je sais que je me suis prit de sacrées raclées quand j'étais môme, et les instants de complicités ne les effacent en rien.

Mais ce ne sont pas les coups dont je me souviens, mais les cris.

Je ne sais pas si mon père levait la main sur moi dans mon enfance, mais durant mon adolescence il ne l'a jamais fait. La seule chose qui s'élevait dans l'appartement c'était les hurlements.

Pas tout le temps.

Mais assez pour me terrifier et apprendre.

Au fil des années.

Savoir exactement ce qui déclencherait une vague de colère.

Je vois mon père comme un homme enfant qui s'attend que chaque tâche accomplie soit couronnée d'une récompense. Le repas, les tâches ménagères, les courses, tout ce qui occupe le peu de temps libre d'une personne adulte, devait faire l'objet d'une flopée de compliments.

Souvent c'était le repas qui déclenchait les cris.

Pas assez d'enthousiasme devant un plat, des mines un peu trop endormie, une discussion ne lui convenant pas.

Encore aujourd'hui, je déteste manger chez lui.

Souvent il partait, et part encore, dans d'immense discours dont nous n'avions que faire ma petite sœur et moi. Et cela durait, une demi-heure, parfois plus, même longtemps après la fin du repas, et si nous osions tenter de mettre fin à ce monologue, les cris, encore.

Et l'alcool n'arrangeait rien.

J'ai comprit très tôt, avant même que mes parents ne se sépare lorsque j'étais en quatrième, que les sauts d'humeurs de mon père venait surtout de là. Et là encore, j'ai apprit, avant même de connaître les situations déclenchant sa rage, j'ai apprit les signes de l'ébriété.

Je savais quand ça risquait de dégénérer, et je surveillais, aux repas, surtout, sa consommation, et je savais quand je devais me tenir tranquille.

Alors il y avait ça.

Et les bons moments.

Parfois ils prennent le pas sur le reste, mais très souvent les deux s'équilibrent.

C'était un bon père, bien qu'un adulte effroyable, et parfois c'était un être horrible.

Je ne peux en exclure un au profit de l'autre.

Aujourd'hui, j'éprouve un sentiment de mépris teinté de supériorité et de gratitude.

Je le vois comme un enfant capricieux, mais surtout comme quelqu'un qui aurait pu faire tellement plus s'il n'avait pas plongé dans une bouteille et une vie médiocre. Mais je lui suis reconnaissant, mon goût pour la lecture, et ma curiosité viennent de lui, et puis, il essaye d'accepter ce que je suis.

Alors, merci.

Merci à toi pour les parties de pèches et les ballades.

Merci à toi pour ne pas me rejeter en bloc.

Merci à toi, même pour les mauvais moments, je sais maintenant reconnaître les gens de ta sorte, je pourrais les éviter à l'avenir.

Merci à toi pour tes imperfections, elles me permettent d'éviter les impaires, de devenir un.e adulte meilleure.

Hello!

Une partie moins dure à écrire que la précédente, et bien moins violente que Mère, mais indispensable quand même.

Le dernier membre de ma famille à aborder est ma petite sœur,  peut être que je le ferais dans la prochaine partie, ou un peu plus tard, je ne sais pas encore.

Sinon j'ai décidé, avec un peu de retard, d'organiser une FAQ pour les 1K de votes.  Du coup je vous laisse jusqu'au, quoi? 8 octobre? Mmh ça devrait être suffisant, pour poser vos questions ici en commentaire ou bien par MP.

A la prochaine!

Comment je suis devenu.e un papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant