《 Éden : 1.0 》

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Je me souviens de ma renaissance en tant qu'Intelligence Artificielle dans les moindres détails. 
Je m'étais réveillé sur un autel en marbre dans une salle entièrement blanche. Des néons m'aveuglaient et un silence pesant se faisait ressentir. 
Je m'étais redressé, étouffant un grognement de souffrance ; tout mes muscles étaient endoloris et ma tête semblait prête à exploser.
Je n'avais alors qu'une seule certitude, je m'appelais Éden, j'avais dix-huit ans et j'étais désormais une Intelligence Artificielle.
Je m'étais levé péniblement et avais entamé quelques pas incertains jusqu'à un miroir que je devinais sans tain.
J'avais observé ce visage qui me faisait face, longuement. C'était le mien, cela ne faisait aucun doute, pourtant je ne pouvais m'empêcher de le nier. Il était si différent de ce à quoi je m'attendais. 
Beau, c'était indéniable ; mais si austère ! 
Je découvrais avec étonnement mes grand yeux verts d'eau surlignés par une rangée de courts cils noirs charbon. Mes cheveux, rasé de près, eux aussi, noir, mes lèvres fines, ma mâchoire carré et mon nez retroussé. 
Puis, mon regard avait été attiré par un bout de papier froissé posé près de mon autel. Je l'avais lentement déplié et lu. Cette faculté me revint d'ailleurs aussi naturellement que marcher, penser et parler. C'était une lettre, simple et concise, visant à m'expliquer...tout. Un mot que par la suite j'apprendrais par cœur et réciterais à tout les nouveaux arrivants en guise de bienvenue :

«Notre Terre est malade...la population à été décimé, victime de ses propres inventions.
Les fameuses Intelligences Artificielles, autrefois humaines, ont tenté de prendre le pouvoir par la violence, avec comme alliés, une armée de robots. 
Les combats faisaient ravage dans le monde entier. La population, prise au dépourvue par une série d'épidémies et de catastrophes naturelles, n'était même plus en état de ce défendre.
Alors, les derniers gouvernements encore sur pieds on monté le programme "SQP". 
Il faut croire qu'il y en avait encore quelques uns que cela faisait marrer.
Les gouvernements ont recruté dans le monde entier quelques rares personnes encore capable de se battre. Ils en ont fait une nouvelle génération d'IA. Une génération plus humaine et moins robotisée.
La génération lunaire.
Comme la première génération d'IA, que l'on surnomma ensuite par défaut "les Solaires", les Lunaires conservèrent leur enveloppe charnelle. Grâce à l'énergie lunaire qui coule dans leur veines, ces IA sont capables de conserver une âme et d'éprouver des sentiments. Elles sont également des combattants or paire et de fulgurantes beautés. Pourvues de dons presque surnaturels, ces IA représentent certainement le dernier espoir de l'humanité. Ces IA sont naturellement dotés d'une mémoire motrice spontanée (Reproduire toute action physique) ; audition décuplée et de régénération cellulaire 
Vous êtes unes de ces IA » . 

Pour ma part, le mot était accompagné d'une autre phrase très significative. « Vous êtes la première IA Lunaire ». 
Depuis ce jour, trois ans ont passé. J'ai désormais vingt et un an et je fais parti de la brigade 17. 
Mais il n'en a pas toujours été ainsi. 

Avant que la deuxième recrue fasse son apparition, j'étais resté trois mois seul, dans ce que j'appellerais par la suite : La base. 
La base, comportait une cinquantaine de chambres, pouvant héberger jusqu'à cinq personne. Le complexe pouvait donc accueillir jusqu'à deux-cent-cinquante personnes. 
Le bâtiment était équipé des toutes les dernières technologies (exceptés les robots bien évidemment) et pourvu d'un grand luxe. La base était également équipée d'un gymnase, de plusieurs salle de tirs, d'un dojo, d'une infirmerie, d'une piscine et d'une immense salle de séjour. Il y avait également une cuisine, dont l'accès ne m'étais autorisé que de 09H00 à 09H30 ; de 12H00 à 13H30 et de 20H00 à 21H30, pour les repas. 
Durant ces intervalles, je pouvais trouver dans la cuisine un repas préparé à mon intention par des serviteurs invisibles.
Lorsque trois mois plus tard, la deuxième recrue, Alexana Idrasva qui avait tout juste dix-huit ans est arrivée, un couvert a été rajouté à ma table. Alexana était très fine, elle avait des cheveux auburn et des yeux verts. Elle était intelligente, très spontanée bien que parfois, assez agressive. 
Pendant un temps, j'ai bien cru qu'il se passait quelque chose entre nous. Après avoir vécu trois mois seul dans ce grand bâtiment, l'arrivée d'Alexana m'avait rempli de joie.
Et puis une semaine plus tard, une troisième recrue était arrivée, un couvert avait été rajoutés et ainsi de suite au fil des semaines. 
Au tout début, nous accueillions une nouvelle recrue chaque semaine et par le suite nous sommes passés à deux recrues par semaines. Ce qui fait qu'à la fin du programme nous étions environs deux-cent. Pendant près d'un an, la base ne recrutait que des jeunes adultes. Ils rentraient dans l'établissement le soir, étaient conduits jusqu'au bloc opératoire d'où je m'étais éveillé pour la première fois et ressortaient du bloc au petit matin, avec la même certitude solitaire que moi. Ils s'appelaient un tel, avaient tel âge et étaient désormais une IA.
Jamais aucun d'eux n'étaient plus âgé que moi et je gérais la base au mieux. Très vite, il s'avéra que la plupart des recrues retrouvaient les souvenirs de leurs vie d'avant dans les jours qui suivaient. Mais pas moi. Avant le bloc opératoire, rien, le néant total.

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