《 Zoey : 1.2 》

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Je n’avais pas encore treize ans lors de mon réveil en tant qu'intelligence artificielle Lunaire. C'était il y a deux ans, un peu plus, mais je m'en rappelle comme si c'était hier.
La première chose que j'ai senti fut le marbre glacé, contrastant avec la chaleur de ma joue. Puis une vague de douleur sourde a traversé mon corps. J'ai ouvert péniblement les yeux et les contours d'une salle blanche se sont dessinés.
La douleur cuisante s'est calmée et j'ai essayé tant bien que mal de me souvenir de ce que je faisais ici. Mais rien, le vide total. Seul un nom s'était inscrit dans mon cerveau "Zoey Reyes". J’ai su que c'était le mien.
Je me suis levé ; la douleur était presque disparue.
A part l’étrange lit de marbre où j’étais allongée, la salle n’était meublée que d’un miroir et d’un petit bout de papier. J’ai déplié la petite feuille. J’ai dû me concentrer pour lire les mots inscrits dessus :
 
 
«Notre Terre est malade...la population à été décimé, victime de ses propres inventions.
Les fameuses Intelligences Artificielles, autrefois humaines, ont tenté de prendre le pouvoir par la violence, avec comme alliés, une armée de robots. 
Les combats faisaient ravage dans le monde entier. La population, prise au dépourvue par une série d'épidémies et de catastrophes naturelles, n'était même plus en état de ce défendre.
Alors, les derniers gouvernements encore sur pieds on monté le programme "SQP". 
Il faut croire qu'il y en avait encore quelques uns que cela faisait marrer.
Les gouvernements ont recruté dans le monde entier quelques rares personnes encore capable de se battre. Ils en ont fait une nouvelle génération d'IA. Une génération plus humaine et moins robotisée.
La génération lunaire.
Comme la première génération d'IA, que l'on surnomma ensuite par défaut "les Solaires", les Lunaires conservèrent leur enveloppe charnelle. Grâce à l'énergie lunaire qui coule dans leurs veines, ces IA sont capables de conserver une âme et d'éprouver des sentiments. Elles sont également des combattants or paire et de fulgurantes beautés. Pourvues de dons presque surnaturels, ces IA représentent certainement le dernier espoir de l'humanité. Ces IA sont naturellement dotés d'une mémoire motrice spontanée (Reproduire toute action physique) ; audition décuplée et de régénération cellulaire 
Vous êtes unes de ces IA » . 
 
Tout ça ne pouvait pas être réel, cela n’avait aucun sens. Je pouvais réfléchir par moi même, je n’étais pas « artificielle ». J’allais me réveiller de ce cauchemar. Et pourtant, je savais au fond de moi que c’était vrai.
Je me suis avancé vers le miroir, comprenant qu’il n’était pas ici par hasard.
Le visage qui m’y a fait face ne m’était pas familier. Des traits fins, acérés, terriblement séduisants. Des longs cheveux roux foncés, lisse. Une peau blanche relevée par de petites taches de rousseurs discrètes. Un nez droit, des dents blanches et alignées.
Le reste de mon corps était fin, élancé, tout en muscle. La seule ombre à ce tableau de perfection était mes yeux. L’un bleu, pâle, innocent, naïf. L’autre marron, presque noir. Et même si je n’avais pas de souvenirs de ce que j’avais subi, je savais que mes yeux étaient la seule chose de moi naturelle.
La porte s’est brusquement ouverte. Un jeune homme est entré, il était beau, de la beauté acérée d’un tigre. Il m’a souris.
-      Salut, moi c’est Éden.
J’ai été incapable de lui répondre. Trop impressionnée. Trop déboussolée.
-      Comment t’appelle tu ? M’a t-il questionné.
J’ai dû faire un gros effort pour bégayer d’une voix rauque ces quelques mots.
-      Zoey, Zoey… Reyes… Enfin je crois.
-      T’inquiète Zoey. Tu vas bientôt te rappeler de tout. Allez viens, je te fais visiter !
Il m’a montré le bâtiment où j’habite toujours aujourd’hui, me donnant quelques infos par-ci par-là. Sur mon passage, des jeunes de tout âges –même s’ils me semblaient tous plus jeunes qu’Éden- me dévisageaient en chuchotant.
-      T’as vu la nouvelle ? Elle ressemble tellement au dernier arrivé ! C’est ouf !
-      Mais ouais, son portrait craché… A part ces yeux chelous.
Au bout d’un moment, Éden s’est arrêté :
-      C’est vrai que tu ressembles vachement à Ivan ! Mais bon, vous n’avez pas le même nom… Tu feras partie de la brigade 9. Si tu as un souci, vient me voir.
 
J’ai rencontré Ivan dès le lendemain. La ressemblance entre nous était en effet frappante. Peut-être était-ce cela qui nous a rapproché. Nous sommes vite devenus inséparables. Sans lui, je n’aurai sûrement pas tenu aux entrainements. Et même si le même sang ne coulait pas dans nos veines, les autres ont pris l’habitude de nous appeler «  les jumeaux ».
 
À part Ivan, je ne me suis pas tellement intégré. En fait, à chaque fois que quelqu’un se rapprochait de moi, je le repoussait car, après tout, tout pouvait recommencer, je pouvais une nouvelle fois tout perdre.
Mais avec Ivan, je ne me posais pas la question. J’avais tout simplement besoin de lui.
J’ai quand même noué quelques relations avec Ava, une fille plus grande. En fait, relation n’était pas tellement le bon terme. Plutôt une série de conversations et de moments passés ensembles. Ava était secrète et ne cherchait pas à s’attacher. C’est sûrement cela qui m’a plu chez elle.
 
Mon passé m’est revenu au bout de quelques semaines. Par petits bouts, comme les pièces d’un puzzle. Ma vie d’orpheline dans les rues de la capitale. La maladie, les combats, la mort. Les quelques personnes qui m’ont étés chers, orphelins comme moi, qui étaient morts les uns après les autres. Et quand les soldats étaient venus me chercher.
Toutes ces petites informations m’ont convaincus que ma vie ici, la liberté mise à part, était bien mieux que celle que je vivais avant. Mais il me manquait quelque chose, le puzzle n’était pas complet. Comme si ceux qui m'avaient opérée avaient effacé des choses. Ou qu’il les avait modifiées.
 
Les entrainements étaient éprouvants, je faisais de mon mieux mais je n’étais pas des plus doués, même si mes capacités étaient impressionnantes pour un humain.
Et puis ma spécificité d’IA s’est déclenchée. Une spécificité très rare et, bien maîtrisée, plutôt utile sur le terrain. Je pouvais prendre l’énergie vitale d’une personne jusqu’à la tuer. Mais j’étais presque incapable de contrôler cela. Et puis, lorsque je m’y essayais, une douleur me vrillait la tête jusqu’à ce que je m’évanouisse.  Alors, Éden m’avait dispensé d’une petite partie des entrainements physiques pour  que je puisse m'entraîner à réguler ma spécificité.
Mais même grâce aux entrainements je ne pouvais pas la contrôler totalement. La douleur s’atténuait un peu, je pouvais choisir quand exercer. Mais pas toujours le degré d’intensité. La première fois, Éden m’a demandé de le faire sur lui. Seulement un tout petit peu. Mais je n’ai pas pu arrêté et il s’est écroulé. J’ai eu tellement peur. Heureusement, des guérisseurs ont pu le réanimer. Depuis, je ne m'entraînais que sur moi, ou des animaux, en essayant de les faire souffrir le moins possible. Cette spécificité était effrayante, terriblement dangereuse et j’avais peur de celle-ci. Peur de moi.
Mon tatouage était une lame noire sur mon poignet gauche. Du côté de l’œil sombre.
 
Les missions sont devenus de plus en plus nombreuses et dangereuses. J’ai dû arrêter mes entrainements quelque peu infructueux. La plus part des membres de la brigade 9 sont morts. Je ne sais pas comment j’ai fait, moi, pour survivre.
 
Et un jour, ça a été la fin de tout ça. Nous allions nous battre, vraiment, contre les Solaires. Éden a choisi sa brigade. Je ne sais absolument pas pourquoi il m’a pris. Je l’aimais bien mais il avait bien plus proche que moi. Mais nous étions là, tout les dix : Aaron Monique, Ava, Ivan, Éden et moi. Nous étions la brigade dix-sept. Un ensemble de personnalités et de spécificités sans grand rapport. Mais nous étions là, tout les six.
Prêts ? Sûrement pas. Mais avions nous le choix ?

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[By luminescente_]

Post Apocalyptique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant