《 Éden : 2.0 》

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J'ouvre les yeux.

Une nouvelle journée s'annonce, une parmi tant d'autres. Je me lève et soupire en regardant au dehors. Il est très tôt et la nuit règne encore en maître sur les vallons du domaine.

Mais alors que j'enfile à la hâte un t-shirt et un jean par dessus mon caleçon, je me rend compte que quelque chose ne vas pas.
Une boule me tord le ventre et une migraine s'annonce. Cette journée ne sera pas comme les autres car je ne suis clairement pas de bonne humeur.
Subitement,l'envie me prend de tout casser et un irrépressible sentiment d'injustice m'envahit. C'est vrai enfin, pourquoi dois-je constamment me lever avant tout le monde ? Pourquoi est-ce que je devrais endurer ce rôle après tout ?

Je me dirige vers le grand salons et me verse un café serré, bien corsé. Je le prend rageusement dans mes mains,renversant au passage un peu de liquide sur le sol. Je pousse un soupir excédé et me dirige vers la salle d'armes, mon café à la main.
Aujourd'hui je suis en colère et je ne prend même pas la peine de me faire discret lorsque je passe devant les chambres. Au contraire, je prend presque un malin plaisir à imaginer mes camarades se réveillant en sursaut au son de mes pas si lourds sur le parquet grinçant.

Et puis j'arrive enfin devant la salle d'arme. Je prend une grande gorgée de café brûlant soupire et pousse la lourde porte de métal,puis je pose ma tasse sur un plan de travail, et soupire avant de m'appuyer face au mur, la tête cachée dans mes bras, mon front reposant contre la cloison fraîche. Alors un sentiment de honte s'empare de moi et je ne peux m'empêcher de m'excuser silencieusement auprès de mes camarades pour mon comportement et les sentiments immoraux à leur égards qui m'assaillent depuis l'aube.

Soudain,une main se pose sur mon épaule et je sursaute. Mon corps réagit alors instantanément.
J'attrape le poignet fin posé sur mon épaule et je tire d'un coup sec dessus pour le faire basculer au sol. Sans prendre le temps de réfléchir,je tourne sur moi même et me laisse retomber sur mon agresseur, le coude prêt à plonger dans ses côtes.

- Éden ! Arrête c'est moi !!!

Je me fige et prend enfin le temps de dévisager le propriétaire de la main...qui n'est autre qu'Aaron Montiague.

Je soupire longuement et le lâche enfin.

- Excuse gars. Je suis à cran.

- Je vois ça ouais.

Il passe une main dans ses cheveux et je ramasse mon café en m'éloignant, comme si la distance pouvait également éloigner les questions qui ne manquerai pas de suivre concernant mon humeur.

- Il se passe quoi ? C'est une mission ? Tu as des nouvelles des supérieurs ?

- Non. Enfin si. Peut-être. Mais c'est pas ça. Je veux pas en parler.

Chacune de mes phrases est ponctuées de regards fuyants tandis que j'installe comme chaque matin des tapis au sol, des cibles de tirs, quelques mannequins et que je vais ouvrir avec calme le sas contenant les armes.

- Éden, reprent il, ne joue pas à ça avec moi.

- Comment ça ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler, c'est ridicule.

Aaron lève les yeux au ciel et hausse les épaules.

- Bien. Dans ce cas je vais vous laisser monsieur grognon.

- Ouais c'est ça.

Puis il s'en va, me laissant seul, en proie avec mes tourments.

Quelques heures plus tard je rejoins les autres pensionnaires dans la grande salle à manger après avoir fait une série de "paperasse" matinale. La plupart d'entre eux ne savent même pas que c'est moi qui exécute toute ces tâches. Ils pensent que si j'arrive si tard au petit déj c'est parce que je me prélasse dans mon lit. Ils ne cherchent pas à savoir. Ils ne cherchent pas à me connaître. Je suis juste celui qui les à accueilli et qui gère de plus ou moins loin la base pour eux. Je suis respecté ici, mais pas forcément aimé de tous.
D'habitude je vais manger avec ma brigade, mais aujourd'hui je ressens le besoin de creuser le gouffre qui me sépare des miens alors je m'asseois seul à une table sale. Ma brigade me regarde passer en haussant les sourcils mais ne dit mots. J'en aperçoit quelques uns soupirer.
Oui, mon attitude est peut-être puérile et égoïste mais j'estime y avoir droit, au moins une fois par ans.
D'autant plus qu'il me faut réfléchir.
Je mélange d'un air distrait mes céréales dans un bol de céramique blanc et fixe un point dans le vide en songeant aux paroles que je m'apprête à prononcer à mes camarades à la fin de ce repas. Les pensionnaires sont toujours priés d'attendre que tout le monde ai fini avant de sortir du réfectoire. Au cas où j'ai à faire une annonce pareille justement.
J'attends donc patiemment que les derniers retardataires sois prêt et je monte sur ma table en poussant mon plateau du pied. Je me racle la gorge et le silence se fait.
Tous me fixent avec insistance, je sais qu'ils attendent beaucoup de moi et pendant un bref instant, c'est même trop. Je chancèle et me rattrape à un regard froid et dur : Alexana.
Ce regard me rappelle à l'ordre et je me racle la gorge avant d'entamer ma grande annonce...

Une nouvelle mission.

Bien différente de toutes celles que nous avons effectué jusqu'alors.

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[By Pensively]

Post Apocalyptique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant