Ce jour là

Jour 17

  Une semaine est passée, une semaine sans tuer.

J'ai senti les morceaux de mon âme se recoller doucement, les images de morts se remplaçant doucement par des souvenirs de ma vie passée, de ma vie au lycée auprès des gens que j'appréciais.

Le souvenir d'une fille avec qui je sortais à l'époque me faisait du bien, je me sentais en sécurité et j'aimais ça. J'aimais penser que je vivais une vie simple, normal, loin de tout ça.

Je voulais être ailleurs, j'aurais tout donné pour être ailleurs.

Cette journée est assez calme, et je profite de l'absence de certains soldats dans la salle de repos pour fermer les yeux et penser à cette fille.

Mark quant à lui écrit une lettre pour sa fiancée. Il m'a dit qu'il l'avait demandé en mariage avant de partir, lui promettant de l'aimer même à des milliers de kilomètres d'elle. Et en effet, il l'aime.

Je ne sais pas s'il faut que j'écrive moi aussi une lettre. Ma mère s'inquiète sans doute pour moi, mais je n'ai pas envie. Je ne veux pas qu'elle tienne au courant mon connard de père de ma survie. Je ne veux pas qu'elle lui donne la mauvaise nouvelle que son fils si décevant est toujours en vie.

Alors je n'écris pas.

Je reste là, à penser à la fille du lycée. Mes bottes me faisant mal au pied, mais me rappelant que je suis encore vivant.

Puis il est entré. Je l'ai entendu pousser le tissu de la tente de repos, puis s'avancer vers nous. J'ouvre un œil curieux et je le vois prendre une feuille et un stylo avant de s'assoir un peu plus loin. Il se met à écrire rapidement, ses sourcils se fronçant par intermittence.

Je ne sais combien de temps je suis resté là à l'observer, me demandant à qui il écrivait. La fille du lycée ayant quitté mes pensées, laissant place à cette curiosité que je ne peux contrôler.

Puis finalement il se lève, pli la lettre puis l'a met dans la poche arrière de son treillis avant de sortir sans nous jeter le moindre regard.

Je ne comprends pas pourquoi il a écrit une lettre sans la déposer dans la boite aux lettres pour qu'elle soit envoyée.

Je prends une inspiration, je veux des réponses, je dois les avoir.

C'est donc pour cela que j'ai attendu qu'il s'endorme ce soir-là. Je me suis levé et ai marché jusqu'à son treillis pour en sortir la lettre.

Mais je n'ai eu le temps de la lire. J'ai senti quelqu'un me pousser brusquement puis un coup de poing atterrir contre ma mâchoire.

Jayden s'était réveillé, et il m'avait surpris.

Je ne sais pas ce qu'il y avait écrit sur cette lettre, mais j'ai compris que j'avais dépassé les bornes et que j'avais mérité ce coup de poing.

  Il a placé la lettre sous l'oreiller et s'est rendormi, sans me dire le moindre mot. Je suis resté sur le sol, ma main contre ma joue, puis finalement, je suis parti dormir à mon tour. Cette satanée lettre hantant toujours mon esprit.

AudreyPh18