Jour 20

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  Il ne parlait toujours pas. Ça me tuait mais il n'ouvrait pas la bouche.

Les autres soldats ont bien vu qu'il ne parlait plus, mais eux aussi n'ont rien dit. Ils sont restés à le regarder, sans essayer une seule fois de lui demander comment il allait.

Je ne les comprenais pas, mais je ne pouvais aller lui parler, je n'étais rien pour lui, même pas un ami.

Alors moi aussi je suis resté là, à le regarder.

Alors que je pensais être une journée de plus à la base, la réalité m'a frappé de plein fouet. Il fallait y retourner.

Mon ventre se serait à l'idée de remettre un pied sur le terrain, de prendre en main une arme, de tirer. Je ne voulais pas y aller, mais il le fallait.

Nous étions en route dans des camions quand une explosion fit bourdonner mes oreilles, puis très vite, notre camion dévia du chemin pour venir basculer sur le côté.

Ma tête cogna violemment contre la taule du véhicule et je senti le corps de Mark s'abattre contre moi. Puis j'ouvris les yeux. Dehors des tirs se faisaient entendre, accompagné de cris. Mark était à mes côtés, les yeux ouverts lui aussi. Il me fit un signe de tête pour me faire comprendre qu'il allait bien, et je lui rendis.

Nous sommes ensuite sortis rapidement du véhicule, et ce qui se déroulait devant mes yeux m'effraya. Des corps gisaient sur le sol, un camion en feu dégageait une chaleur et une odeur effroyable, puis de l'autre côté, des hommes nous tiraient dessus.

Je me mis vite à couvert, puis tira. Mark fit de même. Le temps s'arrêta, je n'étais plus moi-même, j'étais un automate qui tuait.

Je ne sais combien de temps tout cela dura, mais il me semblait que ce fus une éternité.

Puis le repli s'éleva dans nos rangs, chaque soldat devait montrer dans le camion encore en fonctionnement le plus rapidement possible. Mark et moi fûmes séparer, et je m'inquiétais pour mon ami jusqu'au retour à la base.

Il ne restait que 3 camions sur 6. 11 soldats ne sont pas revenus, 11 soldats ont été tués et pourtant j'étais toujours en vie.

Mark est descendu d'un des camions, il s'est dirigé vers moi et m'a pris dans ses bras. Le blond souriait de me voir en vie, il était heureux que je sois encore à ses côtés, et moi aussi j'étais heureux qu'il le soit aussi.

Puis les blessés ont été déclarés. Un homme avait perdu sa jambe à cause de l'explosion, et un autre avait eu un violent coup à la tête.

Jayden faisait partie de ces deux hommes.

J'ai couru au centre médical de la base, guidé par les cris de douleur, puis finalement je suis entré dans la tente. Jayden était là, ses deux jambes toujours en place.

Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres, et sans contrôler mes jambes, je me retrouvai à ses côtés. Je m'assis sur une chaise près de son lit, mais il dormait. Un homme m'indiqua qu'il souffrait et qu'il l'avait donc mis sous morphine.

Je suis resté le reste de la journée avec lui. Quand il a ouvert les yeux, il m'a détaillé durant quelques secondes, puis finalement il a posé sa main sur la mienne, restant encore silencieux.

Ce jour làWhere stories live. Discover now