Jour 18

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  Ma mâchoire me fait mal. Ma main passe et repasse dessus pour calmer la douleur, mais ça ne fait que de l'amplifier.

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de vouloir lire cette satané lettre, ça ne me regardait pas, mais pourtant j'en mourrais d'envie. Et à vrai dire j'en meurs toujours d'envie. Cependant je ne vais pas retenter ma chance, je tiens à rester un seul morceau.

Au réveil Jayden ne m'a rien dit. Je ne sais même plus quand était la dernière fois où il s'est adressé à moi, je n'ai reçu aucune remarque, aucun intérêt de sa part. Mon cœur se serre et ça me manque, entendre sa voix me manque. Il ne parle presque plus, même aux autres. Il reste silencieux et reste généralement dans son coin. Triste.

J'ai ce sentiment étrange, celui de vouloir aller le voir et le soutenir. Mais je ne suis personne pour lui, seulement son compagnon de tente qui fouille dans ses affaires. Il ne partagera rien avec moi.

Toute la journée je suis resté à l'observer, mes yeux refusant de s'attarder sur autre chose, tout était sans intérêt sauf lui. Mark a même essayé de me faire bouger de la tente de repos pour faire un tour du camp, mais j'ai refusé, je ne voulais pas le laisser seul.

Je m'inquiète pour lui, j'ignore pourquoi, mais je le suis profondément.

Puis le soir est venu.

Je suis resté assis sur mon lit de camp, les yeux rivés sur le lit vide de Jayden. Les heures passaient et pourtant il ne venait pas. Je savais que je ne pourrais dormir le temps qu'il ne serait pas là, ça me rongeait d'être devenu comme ça, de ressentir autant d'inquiétude pour un autre. Surtout ici, surtout maintenant.

La mort plane autour de nous, pourtant je m'inquiète.

Mon cœur battait la chamade, mes jambes bougeaient nerveusement et mes yeux passaient de son lit à l'entrée de la tente.

Mais rien.

Ce n'est seulement à quelques heures du réveil qu'il est arrivé.

Sans me contrôler, je me suis levé quand il est entré, un sentiment de soulagement s'envolant dans mon esprit. La fatigue que j'ignorais depuis le début de la nuit tomba enfin, et je ne savais combien de temps il me restait avant de m'évanouir de fatigue.

Il m'a regardé. Ses yeux gris étaient sombres, comme ombrageux. Je pouvais y lire une telle colère emprise d'une tristesse sans limite que j'aurais pu en avoir peur. Mais je suis resté là, immobile devant lui. S'en suivit un long silence. Lui aussi ne bougeait plus, il me regardait avec tant d'intensité que mes jambes flageolaient et ma respiration était irrégulière.

Puis finalement il s'est approché de moi.

Il était à quelques centimètres à peine de mon corps. Je peux encore sentir son souffle chaud contre ma peau et l'odeur salée du sable dans ses cheveux. J'avais si peur qu'il entende mon cœur tant ce dernier battait si fort. En revanche il ne fit rien. Il s'éloignât de moi, s'allongea sur le lit et ferma les yeux.

Et moi, comme un automate, je suis parti m'allonger à mon tour.

Sa respiration s'éleva, et je pu enfin m'endormir.


AudreyPh18

Ce jour làOnde histórias criam vida. Descubra agora