Jour 102

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  Je ne sais quel jour nous sommes.

Je n'ai cessé d'être battu, les hommes prenant un malin plaisir à me voir hurler, à me voir pleurer, sans même avoir de but précis.

Ils ne m'ont rien dit concernant Jayden. Je les ai suppliés de me dire s'il était toujours en vie ou non, mais ils se sont contentés de me frapper en guise de réponse.

Alors que je priais pour mourir, une détonation est survenue, puis très rapidement des bruits de coups de feu ont été tirés.

Je ne savais pas ce qu'il se passait, mais à vrai dire je n'y faisais pas attention, je voulais seulement en finir, ne plus supporter la douleur qui me lançait dans la jambe alors qu'une infection s'y développait.

Mais la porte s'est ouverte sur des soldats, les soldats de mon unité.

Je ne savais pas si j'étais soulagé, ou bien si j'aurais préféré qu'ils me laissent pourrir là. Mais à vrai dire j'étais trop épuisé pour dire ou faire quoi que ce soit.

Ils m'ont sorti de là, prenant bien soin de moi. Je voulais leur demandé s'ils avaient vu Jayden, s'ils savaient s'il était toujours en vie, mais aucun mot ne sortait de ma bouche. Alors je priais pour qu'il le soit.

Nous sommes sortis de la base ennemie, et c'est là que j'ai compris qu'il faisait nuit, l'obscurité seulement tachetée d'étoiles.

Ils m'ont allongé dans un camion, alors qu'un médecin commençait à me soigner. Et c'est là que je l'ai vu. Ils l'ont apporté près de moi, mais il avait les yeux fermés. J'ai senti la peur prendre part de moi, l'angoisse de le voir mort à côté de moi. Alors j'ai gardé mes yeux rivés sur lui, silencieux.

Ce n'est seulement quand sa poitrine s'est soulevé à cause d'une respiration, bien que faible, que j'ai compris qu'il était toujours en vie.

Ma main s'est dirigée vers la sienne, mais nous étions trop loin l'un de l'autre. J'ai voulu me lever, pour pouvoir le toucher, effleurer sa peau dont j'ai pensé ne plus pouvoir sentir sous mes doigts. Cependant un médecin m'a forcé à rester allongé, étant trop blessé pour me permettre de bouger.

J'ai commencé à gesticuler dans tous les sens, montrant mon désaccord alors que je ne pouvais toujours pas parlé. Je grognais, ne supportant pas de le voir si près mais pourtant si loin à la fois.

Et ils ont compris.

Le médecin de Jayden a fait un signe de tête au miens, et le miens m'a doucement fait glissé vers le brun, et c'est là que j'ai enfin pu respirer.

Mon corps bougea légèrement, le camion venait de se mettre en route.

Je tenais fermement sa main, mais mes yeux étaient de plus en plus lourds, et c'était de plus en plus difficile de les garder ouverts.

Alors finalement j'ai sombré.

L'obscurité, encore.


AudreyPh18

Ce jour làWhere stories live. Discover now