Jour 84

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  Deux semaines sont passées depuis la mort de Mark.

La peine ne s'efface pas, elle ne disparait pas, elle ne fait que d'accroitre quand je pense à la personne que j'ai perdu, mon ami. Chaque jour est plus dur que le précédent et je me demande si un jour je pourrai oublier ma peine.

Alors j'essaye de trouver une solution, celle qui pourrait me changer les idées pour quelques instants, dans le meilleur des cas plusieurs heures.

Tout d'abord les bras de Jayden étaient un refuge pour moi, ils me coupaient quelques peu du monde, pendant quelques instants. Mais ce n'était pas assez. Nous ne pouvions être ensemble à la vue des autres soldats, ce n'était pas envisageable.

Finalement j'ai trouvé une autre alternative.

Deux semaines sont passées depuis sa mort, deux semaines sur le terrain à donner mon maximum.

Je me suis révélé être un des meilleurs soldats de mon unité. J'ai été remercié par mes supérieurs et jalousé par mes frères.

Mais je n'y prêtais aucune attention. Je ne voulais pas être le meilleur soldat, ni même un bon soldat. Je voulais simplement penser à autre chose, être un robot dénué de sentiment, pour ne plus éprouver de la tristesse.

J'ai vu beaucoup d'hommes tomber de l'autre côté, même du miens. Et je me demande comment j'ai fait pour survivre. J'étais tellement imprudent par moment, trop exposé, mais pourtant je suis toujours en vie.

Pourquoi moi ? Et pas Mark.

Mon imprudence a pourtant eu un impact. En effet, chaque fois que je rentrais au camp, que je me retrouvais seul dans la tente avec Jayden. Il a compris à quoi je jouais, comment je risquais ma vie plus que nécessaire.

Alors il m'a confronté.

Il m'a confronté à sa peur, celle de me perdre, il m'a mis au pied du mur, que j'agissais comme un égoïste, que je n'avais pas le droit de risquer ma vie.

Puis il m'a embrassé. Il m'a supplié de ne pas mourir, de ne pas le laisser seul maintenant qu'il était tombé fou amoureux de moi. Ses yeux gris étaient humides et c'est là que j'ai compris que je devais arrêter, que je ne devais pas agir comme si ma vie n'avait pas d'importance.

Alors je l'ai embrassé à mon tour, j'ai passé mes bras autour de son cou, puis j'ai déposé mes lèvres sur chaque parcelle de sa peau.

Nos corps se sont collés, se sont unis pour être finalement en total harmonie.

Je l'aime et je ne veux plus jamais le quitter.

Mais alors que je l'embrasse une énième fois, quelqu'un entre dans notre tente. Mon monde s'effondre quand je croise le regard écœuré d'un de mes frères. Puis il tourne les talons, après m'avoir jeté un regard qui en dit long sur ce qu'il pense de moi.


AudreyPh18

Ce jour làWhere stories live. Discover now