Dixième partie.

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Nous sommes un mardi et il est dix-huit heures dix-sept.

En plus je suis au supermarché avec mon frère de seize ans qui est venu passer quelques jours chez moi pour échapper un peu à la pression parentale.

Je comprends pas. Je comprends pas pourquoi je te croise ici. Je ne t'ai jamais vue ailleurs que dans ta petite fleuristerie du centre-ville.

Tu es avec un garçon et une fille qui semblent avoir nos âges, et qui se tiennent la main. Toi, t'as juste l'air de tenir la chandelle.

Mais avec ton doux sourire qui te caractérise tant, et sans ton maquillage qui orne ton visage depuis quelques semaines.

Ton caddie frôle le mien, tu me vois, tu écarquilles les yeux. Et tu souris.

Je souris aussi. Mais je ne m'arrête pas. Toi non plus tu ne t'arrêtes pas, d'ailleurs.

-C'était qui ?

Hein ? Je tourne la tête vers mon frère, qui sourit d'un air débile.

-Personne. Avance.

J'aurais aimé te parler, te dire que j'ai vu Nymphomniac et que ce film m'a littéralement déchiré l'âme. J'aurais aimé te demander si tu as commencé Le miroir de Cassandre, et ce que tu en penses.

J'aurais aimé aborder mille-et-uns sujets avec toi.

Mais nous ne sommes pas dans ta petite fleuristerie du centre-ville, nous sommes pas un vendredi. Et il n'est pas dix-neuf heures dix-neuf.

19h19.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant