Quinzième partie.

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Dix-neuf heures dix-neuf exactement. Je pousse la porte de ta petite fleuristerie du centre-ville et la clochette rententit joyeusement à la dix-neuvième seconde. Tu lèves la tête de ton ordinateur avec ton doux sourire et tes yeux d'émeraude si pétillants dans lesquels je me perds un peu trop facilement.

-Bonsoir.

-Salut.

Je m'appuie sur le comptoir pour t'embrasser. Tes lèvres fines ont le goût de l'aube, je me lasserai jamais de les toucher. Je me recule, tu souris. L'atmosphère est calme, ça fait du bien après l'agitation de la fac. Ce moment serait parfait avec un peu de musique.

-Hé, tu sais ce qui pourrait être bien, là tout de suite ?

Tu lâches un petit hmm en t'étirant.

-De la musique.

Tu penches légèrement la tête sur le côté avant de sourire.

-Cette idée me plaît bien. En plus les fleurs aiment le classique. Heu... tu aimes le classique ?

C'est sûrement le doute qui te fait ça, mais tu te mordilles la lèvre inférieure et tapotes ton bras droit de tes ongles vernis. Je ris.

-Oui, j'aime le classique.

Tu lâches un petit cool à peine audible avant de prendre ton téléphone pour le manipuler quelques secondes. Puis quelques notes timides s'envolent de l'appareil pour se cogner contre le plafond de ta petite fleuristerie du centre-ville avant de nous revenir, dociles.

-Notre cher Tchaïkovsky nous joue une petite danse sentimentale.

Je hoche la tête. Je l'ai déjà écoutée quelques fois. Tu es prise d'un grand sourire, et aussi d'une étrange crise de folie. Tu attrapes certains pots et les déplaces contre les vitres pour dégager un grand espace. Qu'est-ce que tu fais ? Tu arrêtes ton manège particulier, prends les hanses de mon sac, le retire de mes épaules, le pose contre le comptoir et te plantes devant moi en me tendant la main droite.

-Accorde-moi une danse.

Quoi ? Heu... j'arrive pas à rattraper le petit rire nerveux qui s'échappe de mes lèvres pendant que toi tu souris, si confiante.

-D'accord.

Et j'entrelace mes doigts aux tiens. Et tu m'entraînes dans une valse sur le rythme de la musique russe, et ça tourne et putain on danse dans ta petite fleuristerie du centre-ville. Tu souris tu ris tes yeux d'émeraude n'ont jamais autant brillé tes cheveux de feu voltigent dans l'air bordel je danse avec un incendie un incendie me fait valser sur du Tchaïkovsky et j'ai jamais été aussi heureuse de me brûler la peau de me brûler l'esprit. Je veux que ce moment ne s'arrête jamais je veux passer l'éternité à me brûler à l'incendie de ton être ne cesse jamais de t'embraser par pitié.

-Hé.

Tu t'arrêtes pourquoi tu t'arrêtes ?

-Oui ?

Tu me lâches tu t'échappes et moi je suis obligée de te laisser partir.

-Il est vingt heures.

19h19.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant