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Six ans après

Les cloches de l'église, sonnant à toute volée, appelaient les fidèles à la grand'messe ; c'était la fête de la Vierge, cette Vierge si vénérée dans tous les pays catholiques. La foule arrivait pressée. Elle se rangeait silencieusement sur les dalles humides, et l'église fut bientôt remplie.

Auprès de la grille, près de l'autel de la sainte Vierge, était agenouillé un petit garçon de huit ans environ, dont le costume simple, mais de bon goût, relevait la beauté ; sa chemise blanche, sans aucun ornements, faisait ressortir sa gracieuse taille d'enfant, et sous un large chapeau de paille apparaissait un flot de cheveux d'un châtain doré. Son attitude recueillie le rendait touchant, et tous les assistants, même les plus rudes, le regardaient avec intérêt ; c'est que malgré sa jeunesse, il était déjà pour eux un ange consolateur. Dans cet aimable enfant, vous avez sans doute reconnu, chers lecteurs, le fils adoptive du curé L.Taeyong. C'était Baekhyun, agenouillé, il ressemblait à un se ces anges que notre imagination voit en rêve. Il suivait attentivement la messe dans son livre.
 
L'église s'était vidée peu à peu, et l'enfant priait toujours. Tout à coup une main toucha son épaule ; il leva les yeux et aperçut son protecteur qui lui faisait signe de venir ; il se leva aussitôt et suivit L. Taeyong.

« Baekhyun, mon garçon, dit le bon prêtre en sortant de l'église, sais-tu qu'il y aura demain six ans que tu grandis à mes côtés sans que jamais tu m'ais fait l'ombre d'un chagrin ?

- Oh ! père, s'écria Baekhyun saisissant la main du curé, que je suis heureux de ne pas vous en affligé !

- Mon garçon... » dit le curé en essuyant une larme d'attendrissement.

  La beauté de Baekhyun avait quelque chose de sévère ; mais ses grands yeux, d'un noir velouté, avaient une expression si candide et si vive, qu'ils attiraient involontairement.
 
Ces avantages physiques n'étaient pourtant rien, comparés à la beauté de son âme. Taeyong l'avait éduqué ainsi, et maintenant il ne pouvait plus se passer de son fils adoptive.

  Les jours s'écoulaient pour l'enfant dans une douce uniformité ; habitué à vivre seul, ou du moins sans compagnes de son âge, il avait contracté des goûts et des habitudes relativement très sérieuses.
 
Taeyong consacrait une partie de son temps aux leçons qu'il donnait à son fils. Dirigé par un tel maître, il faisait des progrès surprenants.
 
Pendant le temps qu'il ne passait pas avec le bon curé, il était avec Mme Kira, une veuve, qui habitée pas loin du presbytère. Elle aussi, lui avait voué une affection profonde.
 
Baekhyun se rendait chaque jour chez elle, et apprenait à jouer du piano. L'orphelin était remarquablement doué pour la musique. L. Taeyong avait fait venir un beau piano pour le petit artiste, et dans les longues soirées d'hiver, le curé, la veuve et l'enfant se réunissaient soit chez Mme Kira, soit au presbytère, et passaient de longues heures à faire de la musique. Il arrivait même qu'ils se mettent à chanter, car Taeyong trouvait un réel bonheur à entendre la douce voix vibrante du petit, et même celle plus cadencée et plus sonore de Mme Kira.
 
Baekhyun était le centre de tous leurs projets, et il était difficile de trouver des coeurs plus heureux que les leurs lorsqu'ils étaient réunis.

  Les premiers rayons d'un soleil d'hiver venaient éclairer de ses pâles lueurs la chambre où Baekhyun commençait sa toilette du matin ; malgré le soleil, il fesait très froid, et ce fut en frissonnant que le petit garçon s'habilla.
 
Baekhyun avait treize ans. C'était un bel enfant, petit pour son âge.
 
Dès qu'il eut terminé ses prières, il descendit sans bruit et, avec le sourire aux lèvres, il frappa à la porte de la chambre de L. Taeyong. Aucune voix ne lui répondit. Il frappa deux fois, trois fois : toujours le même silence ; étonné, preque inquiet, il ouvrit doucement la porte et entra.

L'Orphelin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant