VI

1.1K 101 26
                                    

Quatre mois après ce que nous venons de rapporter, Mme. Taeyeon s'installait à Beauvais, pour se rapprocher de ses vieux amis, et Mlle. Kang Seulgi devenue quelques jours après Mme. Kim Seulgi, se rendait à Lille, où l'appelait le service de son mari.

Baekhyun éprouva un bonheur indicible en se trouvant seul avec sa vieille amie, Taeyeon.

Les jours s'écroulaient pour lui, calmes et uniformes ; il entendait tous les matins la messe à l'église, située dans le voisinage de leur habitation. La matinée était consacrée aux soin et à la surveillance de la maison, et à partir de midi, il ne quittait pas Mme. Taeyeon, se promenant avec elle quand il faisait beau, lui faisant de la lecture ou de la musique les jours de mauvais temps.

Ainsi entouré de vieillards, Baekhyun, loin de devenir comme certains jeunes garçons grave et ennuyé, conservait malgré sa vie sérieuse une gaieté charmante qui répandait sur ses vieux amis une teinte de calme bonheur. L'automne s'éteint écoulé, l'hiver en lui succédant avait ramené le jour de Noël.

Cette fête était toujours pour Baekhyun un moment pénible, car elle remmenait l'anniversaire de son départ. Cependant ce jour de Noël, si rempli de saints mystères, avait passé comme les autres, et l'on était arrivé au 31 décembre. Le vent soufflait avec force, et des torrents de pluie froide tombaient en abondance. L'hiver était aussi rigoureux que l'été avait été chaud.

Baekhyun, assis sur son lit, envoyait des messages racontant à Mme. Kira sa vie calme, la bonté de Mme. Taeyeon et l'intérêt toujours croissant pour M. Park Sungyeol, un ami proche de Taeyeon rencontré pendant le dîner.

Quand Baekhyun eut terminé, il se rendit auprès de Taeyeon ; la vieille dame était assise au coin de la cheminée. Baekhyun alluma la lampe, prit une chaise et vint s'asseoir près d'elle. Il ne put s'empêcher de remarquer avec émotion une altération indéfinissable répandue sur les traits de Mme. Taeyeon. Elle était souffrante depuis longtemps, mais sa figure n'avait jamais exprimé ces symptômes alarmants qui indiquent presque toujours une grave atteinte à quelque organe essentiel de la vie. Mme. Taeyeon ne se plaignant pourtant pas, Baekhyun n'osa lui parler et se mit à travailler.

« M. Park ne viendra pas ce soir, dit-il avec un léger tremblement dans la voix ; il est parti ce matin pour Lille et ne reviendra que dans trois ou quatre jours au moins.

- J'aime beaucoup M. Park, c'est un homme excellent et très intelligent ; mais je ne suis pas fâchée de passer la soirée seule avec toi, car j'ai à te parler, et j'en cherchais l'occasion. Depuis cinq ans tu fais chaque jour mon bonheur et ma joie ; mais hélas ! le même temps ne s'écoulera pas sans que je te quitte ; je le sens, je n'en ai plus pour longtemps. Mes palpitations me font cruellement souffrir ; laisse-moi donc te dire, pendant que je le peux encore, tout le bien que tu m'as fait et tout le bonheur que ta présence a apporté à la fin de mon existence. »

Baekhyun avait pâli en écoutant ces paroles que ne justifiaient que trop ses appréhensions, et lui rappelaient aussi celles qu'il avait entendu prononcer par son père adoptif ; mais il refoula des larmes prêtes à s'échapper.

« Dieu est trop bon pour t'enlever à mon affection.

- Non, dit-elle, ne t'abuse pas, et écoute-moi encore. Quand je ne serai plus, profite de la vie, et si Dieu me le permet, je lui demanderai de te rendre aussi heureux que tu le mérites. J'aurais voulu te laisser ma fortune ; mais malheureusement Seulgi en est la seule héritière par le testament de mon mari. Quand je mourrai cela l'enrichira, cette Seulgi qui m'aime si peu. Il m'est très pénible de songer à ce que tu deviendras après ma mort. »

Baekhyun, le cœur gonflé de larmes, écoutait depuis quelques instants sa chère vieille amie lui donnant des conseils, lui parlant de son avenir qui paraissait si sombre, quand tout à coup, il jeta un cri et s'élança vers Taeyeon affaissée sur elle-même. La vieille dame ouvrit les yeux, serta la main de l'orphelin et voulut encore murmurer quelques mots ; mais ses paupières se refermèrent, son visage se contracta horriblement. Elle était morte.

L'Orphelin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant