L'Orphelin

XVII

Baekhyun se retrouva avec joie sous le toit protecteur qui avait abrité son enfance. M. Stark pria ses hôtes de se mettre à table.

Le repas fut silencieux. Baekhyun ne se lassait pas de regarder autour de lui ; le plus petit détail de l'ameublement de cette pièce, faisait battre son cœur, qui ne se traduisait que par un sourire radieux qui épanouissait son visage.

La veuve aussi semblait envahie d'une indéfinissable émotion. Sans s'en rendre compte, son regard semblait constamment chercher celui de Chanyeol, qui, chaque fois qu'il levait les yeux, trouvait cet œil doux et profond fixé sur lui. Il se sentait presque trembler sous cette sorte de muette contemplation, et un profond sentiment de sympathie l'attirait vers cette pauvre mère, dont il avait entendu raconter l'histoire.

Huit heures sonnaient quand M. Stark se leva de table ; Baekhyun alors s'approcha de son père, auquel il parla bas pendant une minute.

« Quand tu voudras, Baekhyun, répondit tout haut Sehun ; Chanyeol, ajouta-t-il en se levant, tu viens avec nous, n'est-ce pas ? »

Le jeune homme tressaillit comme s'il sortait d'un rêve. Un simple « oui » fera guise de réponse.

« Venez donc, mes enfants, la nuit tombe rapidement, nous verrons à peine à trouver notre chemin. »

L'heure semblait faite pour cette pieuse visite. Le soleil s'était couché pour faire place à un crépuscule plein de tiédeur, tout était silence et repos. Une brise de mer un peu forte s'était élevée et faisait frissonner les arbres et les buissons.

Baekhyun marchait lentement entre son père et Chanyeol ; ils ne parlaient pas, mais leurs cœurs se devinaient. Au lieu de prendre de suite le chemin du cimetière, Baekhyun s'engagea dans un sentier ombragé.

« J'ressens un truc bizarre depuis notre arrivée, dit tout à coup Chanyeol en s'appuyant contre un arbre, tous ces paysages me paraissent familiers. Tout à l'heure j'ai vu le portrait de Taeyong, et j'ai eu comme l'impression de revoir un vieux pote. Mais le plus surprenant c'est quand j'ai vu Kira. J'ai ce ressenti étrange, comme si je l'avais toujours connu. Roh puis c'est chelou laissez tomber.

- Pourquoi "chelou", mon fils ? quelque chose est-il impossible à Dieu ? J'ai toujours pensé que le divin Maître daignera faire cesser nos douleurs. Si Dieu te réserve le bonheur inespéré de retrouver ta mère, il nous fera voir clair bientôt dans le mystère qui enveloppe ta naissance. En attendant, sois, patient et espère en Dieu, qui semble te préparer un bonheur complet. »

Baekhyun, tout tremblant, passa doucement son bras sous celui de Chanyeol, qui rougit instantanément, et, par d'encourageantes paroles, acheva d'apaiser le trouble et l'agitation de son esprit.

Ils se dirigèrent vers le cimetière ; la lune s'était levée, et ses rayons, se jouant à travers les arbres, faisaient danser des ombres fantastiques sur les tombeaux de pierre. Baekhyun prit la main de son père, et, encore appuyé sur le bras de Chanyeol, il les conduisit d'un pas rapide auprès des deux tombeaux.

La clarté douteuse de la lune ne permettait pas de voir les noms qui y étaient gravés, mais il savait par cœur cette place sacrée.

« Là, dit-il d'une voix à peine intelligible, repose ma mère, et M. L. Taeyong. »

Tous trois s'agenouillèrent entre les croix sépulcrales ; les sanglots de Sehun l'étouffaient.

Et se levant, il entoura de ses bras son fils bien-aimé, le releva doucement, et, mettant sa main dans celle de Chanyeol :

« Je vous bénis pour elle, » murmura-t-il ; puis, jetant un dernier regard et courbant une dernière fois la tête, il les entraîna rapidement hors du cimetière.

Ils ne dirent presque rien dans le court trajet qui les séparait du presbytère, seulement quand ils furent près de la porte :

« Pardonnez-moi, mes enfants, cette faiblesse indigne d'un chrétien, dit Sehun ; maintenant c'est fini, je serai tout à la joie d'avoir des enfants tels que vous, et nous parlerons souvent sans amertume et sans larmes de celle dont les saintes prières ont obtenu le bonheur dont nous jouissons maintenant. »