VIII

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Sans qu'il pût se rendre compte de ce qu'il éprouvait, il sentait dans son cœur une émotion profonde : l'affection paternelle sur lui que témoignait Sehun, la douceur avec laquelle il lui parlait, les larmes fréquentes qui remplissaient ses yeux lorsqu'il le regardait, tout cela Baekhyun l'avait remarqué.

Il avait caressé la pensée que celui vers lequel il se sentait attiré était peut-être son père. Son cœur s'inondait de joie à cette pensée, il s'en berçait quelque temps ; puis, se croyant le jouet d'une illusion, il se mettait à pleurer. Le soir dont il est question, il était plus que jamais plongé dans ses singulières rêveries. Sehun avait été pour lui encore plus paternel et plus affectueux que la coutume, et un moment, en le regardant et en l'écoutant, il s'était dit que son père devait être comme lui.

Le bruit que fit la porte d'entrée en roulant sur ses gonds le fit tressaillir. Il écouta. Des pas d'hommes résonnèrent dans l'antichambre, et Baekhyun entendit la voix de Sehun qui prononçait son nom. Sehun monta rapidement les degrés du premier et frappa à la porte de la chambre du jeune jomme. Baekhyun se leva et, d'une voix à peine intelligible, murmura :

« Entrez ! »

La porte s'ouvrit.

« Pardonnez-moi, Baekhyun, de violer votre retraite, dit Sehun d'une voix grave et tremblante ; mais ce qui m'amène ne saurait souffrir aucun retard, et je n'ai pu résister à la brûlante impatience dont je suis rempli pour vous apprendre ce dont je viens moi-même de m'assurer. »

Les paroles de Sehun avaient donné à Baekhyun le temps de se remettre, et il avança avec assez de calme vers un fauteuil.

Il s'assit en face de lui et, le regardant fixement, lui dit d'une voix basse et comprimée ;

« N'avez-vous jamais pensé au bonheur que vous éprouveriez en retrouvant votre père ? »

Ces paroles s'alliaient trop avec les propres pensées de Baekhyun pour ne pas l'impressionner vivement ; il devint d'une pâleur extrême, et la parole expira sur ses lèvres.

« Calmez-vous, reprit Sehun, s'efforçant en vain de raffermir sa voix émue, et regardez ce portrait : n'avez-vous jamais vu rien de semblable ? »

Le jeune homme arrêta ses yeux pleins de larmes sur le petit médaillon que tenait la main tremblante de Sehun. C'était un portrait en miniature représentant le visage d'une femme d'à peine vingt ans.

« Regardez-vous maintenant dans ce miroir. »

Baekhyun jeta un regard sur la glace. Son pâle visage se couvrit d'une plus grande pâleur, il tomba presque inanimé sur son fauteuil.

À l'exception des cheveux, qui étaient longs et d'un noir d'ébène, ce portrait semblait être la copie de son propre visage.

« Baekhyun, mon fils, mon enfant ! » s'écria Sehun, incapable de contenir plus longtemps son émotion ; il entoura de ses bras la tête du jeune homme, qu'il couvrit de baisers.

Au contact de son père, Baekhyun se ranima et ses yeux se fixèrent sur Sehun avec une expression de tendresse inexplicable.

«  Mon père ! mon père ! murmura-t-il. Oh ! mon Dieu, mon cœur ne me trompait donc pas ! »

Et, se couvrant la figure de ses mains, il laissa couler un torrent de larmes.

« Baekhyun, mon fils bien-aimé, calme-toi. dit Sehun en le serrant contre son cœur.

- Vous ne m'avez pas encore appris comment vous avez pénétré le mystère qui m'entourait, je peux douter encore. »

Sehun sourit.

« Sois tranquille, avant de me découvrir à toi, j'ai acquis des preuves certaines, que tu aurais apprises ce soir s'il n'avait pas été si tard ; demain tu entendras ce triste et trop véridique récit.

- Descendons alors, » s'écria Baekhyun.

Sehun ne se fit pas répéter cette invitation.

Il ouvrit doucement la porte. Le salon n'était éclairé que par la lumière douteuse de la lune, les grandes portes donnant sur la marquise étaient ouvertes, et Sungyeol, sa sœur et Chanyeol causaient gaiement. Quand Sehun et son fils entrèrent, le vieillard, dont les yeux affaiblis par l'âge avaient peine à distinguer dans l'obscurité, ne put voir l'émotion peinte sur leurs traits.

« Mon père, dit Sehun d'une voix que le bonheur faisait trembler, ouvrez vos bras à Park Baekhyun.

- Que dis-tu ? s'écria le vieillard en se levant éperdu, Park Baekhyun ! »

Il ne put en dire davantage et se jeta dans les bras de son petit-fils.

Il se passa alors une de ces scènes que la plume est impuissante à décrire, le cœur seul les devine ; dans l'excès de cette joie soudaine, le bon vieillard éprouva une sorte de défaillance, mais bientôt ses larmes et ses sanglots vinrent se mêler à ceux de Baekhyun, et il put comprendre tout son bonheur.

Devant cette scène attendrissante où tous jouissaient d'une si soudaine joie, un seul souffrait en silence. Chanyeol. Il avait appris à aimer Sehun comme un père ; cet instant solennel lui rappela qu'il n'était pas son véritable fils, et qu'il n'aurait plus droit à la première place dans son cœur paternel. Ne pouvant supporter le bonheur qui l'entourait, et ne voulant pas troubler par sa tristesse involontaire la joie si naturelle de ceux qu'il aimait, il sortit sans bruit et rentra à l'hôtel.

Quand le premier moment d'émotion fut calmé et que Baekhyun eut passé des bras de son grand-père dans ceux de Mme. Park, Sehun s'aperçut de la disparition du jeune homme. Devinant en partie les pensées qui l'agitaient, il ne dit rien et vint s'asseoir auprès de Baekhyun, contemplant avec un avide bonheur son visage radieux et ému.

« Tu vas maintenant nous apprendre comment tu es parvenu à pénétrer le mystère qui pesait sur notre Baekhyun.

- C'est trop long à raconter en ce moment, mon père, ne faut-il pas que mon fils chéri se repose ? tant d'émotions pourraient lui être nuisibles. Je vous dirai seulement que la femme que vous avez vu, dans cette chapelle isolée, est celle que j'avais laissé au service de ma femme lorsque j'ai quitté mon pays ; la malheureuse m'a reconnu, m'a suivi de loin, m'a vu entrer dans l'hôtel, et c'est elle qui vient de me faire l'aveu de ses torts et de m'apprendre que votre fils adoptif est mon fils bien-aimé. »

En disant ces derniers mots, Sehun se leva et serra de nouveau son fils dans ses bras.

« Est-ce que vous allez retourner à l'hôtel ce soir ? demanda Baekhyun ; ne pourriez-vous rester ici cette nuit ? j'aimerais tant vous savoir près de nous. »

Ces affectueuses paroles furent dites si simplement et d'une voix si douce et suave que Sehun sentit les larmes lui monter aux yeux. Il donna plusieurs tendres baisers à son fils et le quitta en disant qu'il lui était impossible d'abandonner Chanyeol, surtout en ce moment.

 Il donna plusieurs tendres baisers à son fils et le quitta en disant qu'il lui était impossible d'abandonner Chanyeol, surtout en ce moment

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L'Orphelin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant