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Ce soir-là quand Baekhyun fut seul, sa première action fut de se jeter à genoux : il débordait d'amour et de reconnaissance, ses lèvres ne pouvaient murmurer que des paroles sans suite, mais son cœur virginal trouvait les plus sublimes élans pour remercier Dieu de l'immense bonheur qu'il lui accordait.

Bien que Sehun ne lui eût point révélé les particularités de sa naissance, ni comment il avait si subitement appris que l'enfant dont il pleurait la perte était ce jeune homme dont il appréciait chaque jour les qualités, Baekhyun ne douta pas un instant, et tout entier à son bonheur il formait pour l'avenir les plus riants projets.

Une pensée soudaine vint momentanément troubler la joie qui l'inondait. Sa tante, sa chère tante Kira ne pouvait le partager. Baekhyun ne pouvait épancher avec cette précieuse amie les sentiments qui le remplissaient. Pour son cœur affectueux, c'était un supplice d'autant plus grand qu'il se représentait la pauvre veuve isolée en priant Dieu constamment pour l'enfant qui lui avait été enlevé. Baekhyun se jeta une seconde fois à genoux :

« Mon Dieu ! s'écria-t-il, rendez-lui aussi son fils, et faites, ô souverain Maître, qu'elle retrouve celui qu'elle pleure, digne de son estime et de sa tendresse ! »

Cette prière ardente soulagea l'âme oppressée du jeune homme ; il se coucha doucement, et le souvenir des événements de la soirée faisait encore battre son cœur lorsque le sommeil le surprit.

Le soleil se levait quand il ouvrit les yeux. Il se leva à la hâte et s'habilla sans bruit. Quand il finissait de ranger sa chambre, un coup léger fut frappé à sa porte. Sehun entra. Baekhyun se jeta à son cou, il le serra longtemps contre sa poitrine.

« Mon Baekhyun, dit-il en contemplant avec un nouveau bonheur le beau et gracieux visage de son fils, nous allons à la messe remercier Dieu de nous avoir réunis ; c'est un bien faible témoignage que nous rendons à sa bonté, mais ce Dieu qui voit tout connaît la reconnaissance dont nous sommes pénétrés.

- Merci, c'est encore une joie pour moi, s'écria le jeune homme ; qu'ai-je donc fait à Dieu pour qu'il me prodigue ainsi ses faveurs ? Si vous saviez combien je suis heureux ! »

L'émotion que Sehun éprouvait en contemplant cet enfant qu'il avait quitté au berceau et qu'il retrouvait beau et pure, cette émotion, dis-je, était si grande, que cet homme fort et courageux se détourna pour cacher des larmes que le bonheur faisait couler sur ses joues.

Baekhyun fut bientôt prêt et suivit son père. L'église s'élevait assez près de l'hôtel de Sehun, et comme sept heures sonnaient à la grosse horloge, le père et son fils entrèrent dans le saint temple ; ils se dirigèrent vers l'autel de la Vierge, où l'on préparait le service divin.

Baekhyun s'agenouilla sur son prie-Dieu, et dans une fervente prière répandit devant Dieu les trésors de piété dont son âme était remplie.

Sehun, debout près de son fils incliné, trouvait dans son cœur paternel mille actions de graces pour ce Dieu si bon qui le comblait de bonheur en lui rendant si parfait celui qu'il avait cru ne jamais revoir.

En sortant de l'église, Sehun passa le bras de son fils sous le sien, et consultant sa montre :

« Il n'est encore que sept heures et demie, nous avons toute la matinée pour nous. Viens, ajouta-t-il en se dirigeant vers la porte, il ne fait pas encore trop chaud, l'air tiède te fera du bien. »

Baekhyun ne répondit que par un sourire, et ils marchèrent dans les rues quelques instants en silence.

« Baekhyun, dit enfin Sehun, je crois t'avoir entendu dire que Mme. Kira a éprouvé un terrible malheur : son fils a disparu, n'est-ce pas ? sais-tu dans quelles circonstances ?

- Pas vraiment, elle ne peut parler de ce cruel événement qui a brisé sa vie.

- Je crois pourtant avoir entendu dire que son fils, étant âgé de deux ou trois ans, s'était endormi sous un chêne. Après l'avoir commodément entendu, Mme. Kira s'était assise de l'autre côté de l'arbre afin de voir arriver sur la route le curé Lee Taeyong, qu'elle attendait. Plusieurs fois elle se leva, l'enfant dormait toujours. Ayant aperçu le bon curé, elle alla au-devant de lui ; après une conversation animée avec son vieil ami, celle-ci voulut aller chercher son fils, étonnée de ne pas l'entendre. L'enfant avait disparu.

- Mme. Kira crut qu'il s'était éloigné ; elle et le curé le cherchèrent pendant une heure environ, puis, affreusement inquiéte, ma pauvre amie s'enfuit comme une folle, arriva chez elle haletante de douleur et d'angoisse. Elle conservait le faible espoir de retrouver là son fils ; mais, hélas ! tout était désert et silencieux. Les jours passèrent, Mme. Kira fit faire d'actives recherches. Inutiles.

- Sais-tu vers quelles années a disparu l'enfant ? demanda Sehun, qui avait écouté d'un air pensif le court récit de Baekhyun.

- Non, M. le curé, dont je tiens ces détails, ne me l'a jamais dit.

- Quel âge aurait-il maintenant ?

Baekhyun réfléchit une seconde.

- À peu près vingt-cinq ans.

- C'est bien ça, dit Sehun à demi-voix comme se parlant à lui-même. Serait-ce donc lui, mon Dieu ! Baekhyun, ajouta-t-il, comment s'appelait ce jeune homme ?

- Hwitaek, répondit Baekhyun qui, devinant les pensées qui agitaient son père, ne pouvait se défendre d'une indicible émotion.

L'Orphelin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant