Je ferme les yeux sans attendre une seconde de plus. De toute manière, je ne peux plus attendre d'être plongée dans une histoire enfantine, je ne peux plus attendre après mes parents. Je vais devoir me passer des comptines et utiliser ma petite tête pour pouvoir m'endormir avec un peu de bonheur.
Je suis dans mon lit avec pour seule berceuse ma respiration régulière. Je commence à retourner mon imagination dans tous les sens pour qu'elle comble mon plaisir.
Cela commence par mon apparition soudaine dans une forêt. Malgré le flou que laisse paraître mon cerveau, j'imagine que la forêt n'est pas comme toutes les forêts, qu'elle n'est pas habillée que de deux couleurs : le marron et le vert, puisque je décide d'y ajouter une palette de couleurs diversifiées comme le rouge, le bleu,le vert,le jaune... Même les arbres y ont droit.
Je les modifie aussi en leur faisant prendre des formes différentes, avec des troncs triangulaire, en carré ou en cercles, et des feuilles avec des matières différentes comme de la soie, du coton ou du fer...
Le sol n'est plus terreux mais à présent mou, un peu comme les lits remplis d'eau. Un rictus se forme immédiatement sur mon visage en m'imaginant en train de marcher ou sautiller dessus, c'est comme marcher sur des milliards de pâte à modeler en oubliant l'aspect collant qui pourrait nous bloquer.
Je lève ma tête vers le ciel, sur lui je ne veux rien changer, il est splendide. Je ne fais pas partie de ces enfants qui ont peur de la noirceur du ciel pendant la nuit, ou de la noirceur tout court. Ni de toutes les choses qu'on raconte par rapport au monstre sous le lit et dans le placard. Pour ne pas mentir, j'avais peur au tout début, je ne suis pas non plus une enfant totalement différente, j'ai juste compris que nos parents même si nous pouvons être de vraies diables , ils ne nous laisseront pas dans une pièce avec une âme malveillante.
Pour en revenir au ciel, il me plaît tel qu'il est. Surtout les petites lumières qui prennent place quand le soleil s'en va. Je me suis toujours imaginée que les étoiles brillent de vie la nuit, et quand nous nous levons et que le soleil nous accompagne, elles s'éteignent et s'en vont se reposer, un peu comme les chauve-souris.
Je commence à sentir le sommeil me tirer lentement vers lui, je plisse des yeux pour me concentrer, pour me défaire de son étreinte. La nuit dernière, je n'ai pas pu entrer dans ce tunnel, cette fois, il faut que j'y arrive. Il faut que j'aille plus loin et que je continue de nourrir de vie cet endroit qui m'apaise tant. Je me motive intérieurement en serrant les poings, il n'est pas question que le sommeil gagne cette fois. C'est vrai que j'ai des journées épuisantes que ça soit à la maison ou à l'école mais je ne veux pas que mon petit moment à moi, mon petit moment de joie s'envole à cause de cette fatigue. « Tu es forte comme les super-héros, Dottie! » J'essaie de me convaincre en pensant à cette phrase que mon cerveau répète et répète sans arrêt. En parlant de super-héros, j'aimerais en être un, enfin une héroïne. Mon pouvoir serait de faire sourire les personnes. Quand quelqu'un sourit, cela me fait du bien alors si j'arrive à faire sourire des milliers de personnes par jour, je serais la plus heureuse et ma peine disparaîtrait.
Pour en revenir à ma création , j'imagine que mes trois compagnons de vie: Mon éléphant, mon lionceau et ma girafe font partie de mon histoire. Ils prennent place directement à mes côtés, ils sont visuellement animal mais leur posture est semblable aux humains. Je les ai toujours vu ainsi , comme des humains, comme moi. Et comme je ne peux pas me passer d'eux, il est normal qu'ils aient une place dans cette comptine.
Je regarde à droite puis à gauche, ils semblent captivés par les effets de mon imagination qui s'appliquent sur l'environnement qui nous entoure. Je les surprends même à sauter sur le sol moelleux, ce qui me réjouit et me fait rire intérieurement. Je ne suis pas la seule à m'amuser.
Je plante mon regard vers l'avant, laissant mes camarades se divertir, et je vois enfin cette porte, cette grande porte en fer de couleur beige clair, ornée de dessins de coquelicots, cette porte que j'ai seulement effleuré la dernière fois, cette porte que je rêve d'ouvrir ...
Je fais le pas juste pour me retrouver à quelques millimètres de la poignée, je me mets sur la pointe des pieds, attrape de mes deux petites mains fragiles la poignée métallique et la tire vers le bas, quand elle est à son maximum, je pousse la porte doucement avec le semblant de force qui réside en moi et les encouragements de mes compagnons, jusqu'à que mon regard curieux puisse admirer l'ensemble de la pièce.
Pour le moment ce n'est qu'un long tunnel dégageant une froideur qui me fait frissonner. Les lumières au plafond illuminent celui-ci d'une couleur grisâtre comme si elles attendaient que j'y apporte une touche de gaieté, de couleur, de vie, Ce tunnel semble infini, j'ai beau plisser les yeux, je n'en vois pas la fin et cela m'effraie un peu. Je déteste ce sentiment qui vient en moi face à la présence d'infini. C'est comme si le tunnel voulait que je reste avec lui, que j'imagine tout ce qui pourrait se trouver à l'intérieur mais sans fin.
- Trop tard...
Et sur ces courtes paroles, je me laisse emporter par le sommeil et sa chaleur, m'éloignant de ce tunnel.
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Le Tunnel Des Émotions
Krótkie OpowiadaniaImaginez qu'un enfant s'endorme du jour au lendemain sans avoir le droit à son histoire du soir, sans avoir une pointe de magie avant de rejoindre ses doux rêves, sans que son père fasse des petites voix rigolotes pour pimenter l'histoire. C'était i...