Je sens un air frais se déposer en douceur sur l'ensemble de mon visage, me procurant un frisson dans tout mon corps. Ce souffle naturel est accompagné de bruits assez forts, comme si quelqu'un s'amusait à claquer un objet contre une surface dure.
Je tente d'ouvrir les yeux une première fois, mais je les referme rapidement, mes iris étant habituées à la noirceur que ma chambre occupait hier ont difficilement du mal à accueillir la lumière du matin qui y loge dès à présent. Je compte jusqu'à trois, et quand le décompte prend fin j'ouvre les yeux sans hésitation.
J'aperçois d'abord une ombre floue, et ma vision devient de plus en plus correcte me faisant voir ma grande sœur se penchant difficilement à ma fenêtre pour attacher mes volets. Je suis sûre qu'elle maudit de tout son être mon petit bureau qui se trouve juste en dessous, comme chaque matin. Et je pense qu'un jour, il aura voyagé involontairement dans un autre coin de ma chambre.
Je laisse ma bouche émettre un petit rire moqueur, elle se retourne l'air vexé et s'approche de moi après avoir soigneusement fermé ma fenêtre. Et sans que je m'y prépare elle glisse ma couverture à mes pieds et m'envahit de chatouilles. Je me tortille dans tous les sens en éclatant de rire, je tente à plusieurs reprises d'attraper ses mains mais elle est bien plus rapide que moi. Elle arrête mon supplice en se levant. Elle se dirige vers mon armoire et apporte une main à son menton, son autre main est posée sur sa hanche.
Elle est en train de réfléchir, mais à quoi ? Elle remet ses mains en activité en fouillant dans mon placard, je me redresse en la regardant avec un air d'incompréhension.
Elle finit par déposer sur mon lit un petit jean bleu marine, un tee-shirt d'une unique couleur , le blanc, et un pull en laine noir.
-Pourquoi tu sors tout ça ?
Je marche à quatre pattes sur mon lit pour me rapprocher des bouts de tissus qu'elle dépose sur mon lit.
- Maman veut qu'on aille faire les courses, fin plutôt que j'aille faire les courses, et je me suis dit que vu que tu détestes rester à la maison quand il fait beau de cette manière...
Elle m'indique la fenêtre d'un mouvement de tête, et je regarde dehors rapidement, le temps d'apercevoir le ciel bleu dégagé des nuages.
-Je me suis dit que tu viendrais avec moi, je me trompe ? me demande-t-elle.
Mon sourire prend peu à peu place sur mon visage enfantin, elle me connaît si bien.
Je descends de mon lit en faisant attention de ne pas tomber et viens entourer mes bras autour du haut de ses cuisses, je sens ses mains passer dans mes cheveux un peu emmêlés par ma nuit agitée, je la lâche progressivement. Elle se baisse à mon niveau en s'agenouillant et reprend la parole.
- Je vais préparer ton déjeuner, de ton côté tu vas aller t'habiller et surtout te brosser les cheveux, je ne veux pas me balader avec un petit monstre.
Elle caresse ma joue et sort de la chambre pour faire ce qu'elle a prévu. J'attrape mes vêtements dans mes deux mains et passe le pas de ma porte pour m'engager dans le couloir.
Je prends directement à droite et marche jusqu'à la salle de bain, elle se trouve juste en face de la chambre de mes parents. Je regarde un instant leur chambre, je ne vois que leur grand lit et un bout de leur armoire à vêtements.
La pièce ne fait entendre aucun bruit: soit ils sont en bas, dans le salon, soit ils sont partis se balader chacun de leur côté. C'est ce qu'ils font souvent le week-end. La semaine, ils ne peuvent pas se le permettre, ils travaillent sans cesse.
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Le Tunnel Des Émotions
Historia CortaImaginez qu'un enfant s'endorme du jour au lendemain sans avoir le droit à son histoire du soir, sans avoir une pointe de magie avant de rejoindre ses doux rêves, sans que son père fasse des petites voix rigolotes pour pimenter l'histoire. C'était i...