Chapitre 9: La réalité

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L'ennui avec l'imagination c'est qu'elle est infinie. Les limites sont difficiles à poser, si difficiles que si nous ne nous les imposons pas, cela peut entraîner de lourdes conséquences sur notre mode de vie.

POINT DE VUE D'UN INCONNU

Je passe ma main droite nerveusement dans mes cheveux médiocrement emmêlés par mon sommeil agité. J'ouvre mes lèvres de quelques millimètres pour libérer la fumée que j'ai plus tôt inspiré.

Cela me soulage tellement que j'ai l'impression que le nuage blanchâtre s'est accaparé de toute ma frustration et s'est enfuit avec. Je laisse tomber le petit bout de cigarette qui continue de se consumer entre mes doigts et l'écrase frénétiquement avec mon pied.

Je lève le regard vers ce bâtiment que j'ai quitté brusquement, il y a un mois de cela, en enfilant mes mains glacées par le froid hivernal dans les poches de mon blouson. Je me dirige d'un pas déterminé mais anxieux vers ce sombre endroit.

Je pousse cette porte qui est d'une lourdeur disproportionnée à sa finesse, je ne prends pas la peine de la retenir quand elle se referme brutalement, ce qui fait retourner les personnes qui se trouvent devant moi. Je m'excuse poliment, me dirige vers l'attroupement de personne qui se situe sur le côté. Ils me sourient tous faiblement en me prenant dans les bras un par un.

Nous sommes interrompus par deux personnes qui nous demandent de les suivre d'un signe de tête. Nous marchons, le rythme des pas est désordonné par la précipitation.

° ° °

Nous sommes installés de chaque côté de cette table en bois, sa couleur tire vers le gris. La pièce manque d'originalité, ses murs sont aussi gris. La seule lumière provient de deux petites fenêtres avec des grilles. Elle est vide, les seuls meubles positionnés sont les chaises autour de cette table. Ce n'est pas accueillant et ça me donne envie de partir en courant.

La porte s'ouvre finalement sur elle, et deux personnes à ses trousses: la psychologue et un membre de la sécurité. Sa peau a repris des couleurs, ses cheveux avant longs sont coupés en un carré soigné, ses vêtement sont diversifiés de couleurs, ce qui la rend pleine de vie. Cependant son visage reste neutre, il n'émane pas la même onde que son apparence.

Sa venue me serre le cœur si fort que j'ai l'impression que les battements canoniques ont cessé, mes larmes se stockent dans mes yeux, prêtes à se libérer. Je vais céder à tout moment. Je me mords la joue, tourne la tête un instant pour récupérer de ce choc si violent.

En levant la tête, je la vois juste en face de moi, la lumière illumine son visage vide, elle nous regarde un par un, comme si elle nous découvrait. Je ne distingue pas clairement ce que son regard cache quand elle croise le mien mais je sais que ce n'est pas positif.

-Nous commençons? Questionne la femme en posant doucement sa main sur l'épaule de la jeune fille.

Elle ne réagit pas de suite, elle regarde la table, le regard dans le néant. Quand elle comprend que l'attente est longue, elle murmure un faible " oui".

- Depuis combien de temps es-tu là?

- 5 ans...

La jeune fille nous regarde en répondant aux questions comme si elle voulait qu'on remarque quelque chose.

- Pourquoi es tu là?

Elle pince ses lèvres en reprenant durement.

- J'ai... Un jour, j'ai imaginé... Enfin à 6 ans...

Elle est perdue,ses yeux bougent dans toute la pièce. Elle veut fuir aussi.

Mais réussit à reprendre calmement.

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