Dottie,treize ans:
Je fais des aléas visuels entre l'extérieur et la pièce où je me trouve.
L'extérieur est coloré par les éclats du soleil qui se propagent partout faisant ressortir les ombres noires, le ciel montre fièrement son teint bleuté en chassant doucement les nuages.
Tout est si vif de couleur aujourd'hui: les feuilles des arbres sont plus vertes, les voitures garées de façon ordonnée sur le parking rayonnent comme si de multitudes petites pépites brillantes s'étaient déposées sur celles-ci.
Des étudiants attendent allongés dans le morceau de verdure qui se trouve sur un côté, d'autres sont assis sur un muret, ils sont dos à moi. D'autres marchent ou restent debout, laissant échapper une fine fumée d'entre leurs lèvres, des couples discutent et s'embêtent ou s'échangent des baisers amoureux.
Ils semblent tous se divertir et profiter de la beauté et la chaleur offerte par ce jour.
Je lâche un léger soupir, tournant la tête pour me replonger dans ma réalité. La pièce où je me trouve est limitée, le contraire de l'extérieur. Je suis entre quatre murs défraîchis par les années.
Le sol carrelé blanc est à cette heure-ci taché à cause des dégâts de la journée, comme les chaussures terreuses, les divertissement que les élèves trouvent à faire pour combler leur ennuis, des élèves qui tentent de manger rapidement quand le professeur tourne la tête, ou encore les dégâts des personnes sérieuses comme de la gomme ou des papiers découpés qui ont glissé.
Personne n'y échappe, tout le monde laisse une trace de sa présence dans la salle. Que ça soit au sol, sur les murs ou sur les tables.
Je pose mon coude droit sur ma table et lève ma main, la posant en dessous de mon menton me permettant de soutenir le poids de ma tête épuisée.
Les tables sont disposées en trois rang et je me trouve au troisième, au fond, tout à fait à gauche, pour être près de la grande fenêtre. Une simple idée me traverse: m'évader de cette salle pour fuir ce tintamarre.
Personne ne semble prendre en compte les explications que le jeune professeur de français donne par rapport à la voix active et passive. Il marche de droite à gauche dans la zone où se trouve son bureau. Il enchaîne les mots et finit par s'arrêter pour s'adosser contre le tableau blanc et passer son regard de droite à gauche pour essayer de captiver notre attention.
Il porte sa main à son nez et replace ses petites lunettes rondes noires. Il repart dans son récit, restant immobile, ne trouvant peut-être plus la force de marcher, lassé de notre comportement.
Je le regarde fixement, ne faisant plus attention à ses paroles. Ses cheveux blonds sont brossés parfaitement en arrière. Son chemisier d'un bleu pâle est boutonné jusqu'en haut laissant paraître un centimètre ou beaucoup moins de la peau de son cou, ses manches sont parfaitement retroussées jusqu'à ses coudes. Il a un teint légèrement matte qui fait ressortir ses yeux verts/jaunes, on peut voir son début de barbe qui repousse en dessous de sa bouche, au dessus et sur tout le bas de son visage. Son pantalon n'est qu'un jean peu original, il est bleu marine. Je baisse le regard pour essayer de voir ses chaussures mais elles sont cachées par son large bureau.
Je sursaute quand le bruit strident de la sonnerie retentit dans le bâtiment. Je vais enfin pouvoir rentrer chez moi.
Je retire mon coude de la table, ferme mon cahier qui contient les notes que j'ai prises avant de laisser mes pensées divaguer. Je remets le bouchon sur mon stylo bleu et le range dans ma trousse, je mets le tout dans mon sac et me lève en mettant celui-ci sur la table, j'avance ma chaise pour qu'elle soit contre la table, attrape mon sac par la poignée du dessus et me fonds dans la masse, qui comme moi est pressée de quitter ce lieu.
° ° °Le chauffeur se stoppe bruyamment à mon arrêt. Je prends mon sac précédemment sur mes genoux et emprunte la sortie principale en remerciant le chauffeur, suivi d'un petit sourire.
Je regarde le bus partir, mes cheveux virevoltent légèrement au passage de celui-ci. Je vérifie de chaque côté de la route avant de traverser rapidement pour ne pas gêner la circulation et j'emprunte la large allée, remplie de maisons plus grandes les unes que les autres, dont la mienne.
Après une petite marche de quelques minutes, j'atteins le petit portail, passe ma main de l'autre côté et tire le petit loquet vers la droite. Ce n'est pas terrible comme protection pour éviter les cambriolages, mais au moins les chiens ou chats de mon petit quartier ne viennent pas dans mon jardin pour y laisser leurs excréments.
Je pousse ce vieux portail en bois et entre dans mon jardin, je referme directement la porte, la tirant vers moi pour m'assurer qu'elle est bien bloquée.
Je pose mon sac dans l'entrée, retire mes chaussures qui ont emprisonné mes pieds toute la journée.
-Maman?Papa?
Je vais dans la cuisine, remarquant l'absence de mes parents, je monte les escaliers en laissant glisser ma main sur la rampe. Je vais directement dans leur chambre.
La porte est ouverte sur ma mère qui est assisse sur le lit, son regard semble suivre le mouvement de quelque chose ou quelqu'un, j'entre doucement et croise la personne qui captive le regard de ma mère. C'est mon père.
Il fait des allers-retours entre son armoire à vêtements et une valise déposée sur le bureau.
-Papa, où vas-tu? Je demande en m'avançant vers lui.
Il ne me répond pas, se mordillant la lèvre en continuant de remplir sa valise. Agacée de ne pas avoir de réponse, je pose mes mains sur le tas de vêtements qui envahit déjà la valise, et l'empêche de continuer.
- Dot... Chuchote mon père quand il s'aperçoit que je bloque l'accès à celle-ci.
Il regarde sa femme, celle-ci baisse les yeux. Il pose les vêtements qu'il a dans les bras à côté de la valise et s'agenouille devant moi en me prenant doucement les mains m'obligeant à les retirer de l'objet en question.
- Je vais partir quelques temps, ma chérie, je vais chez un ami, le temps que maman et moi trouvons une solution à nos problèmes, tu comprends? Je ne serais pas très loin. Je te promets que ça ira mieux.
Il amène sa main sur ma joue et la caresse de son pouce en me souriant légèrement. Je le regarde et je comprends, je comprends que cette maison ne sera plus remplie de disputes, ni de deux personnes s'aimant de tout cœur. Les problèmes ont brûlé cet amour.
° ° °
Je tiens la main de ma mère, nous sommes à présent devant la porte d'entrée. Mon père charge la voiture de ses multiples bagages. Quand il a fini, il ferme le coffre et avant d'entrer dans sa voiture et de s'en aller pour un temps indéterminé, il nous regarde et nous salue.
Je regarde la voiture s'éloigner de mon champ de vision et quand elle n'est plus visible, mon cœur se serre. Faisant monter une tristesse en moi, une tristesse qui se finit par des perles incolores salées glissant le long de mes joues.
Un jour ensoleillé grisé par un départ.
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Le Tunnel Des Émotions
Historia CortaImaginez qu'un enfant s'endorme du jour au lendemain sans avoir le droit à son histoire du soir, sans avoir une pointe de magie avant de rejoindre ses doux rêves, sans que son père fasse des petites voix rigolotes pour pimenter l'histoire. C'était i...