J'ai attendu de longues heures assis sur le canapé, à ressasser les péripéties de cette journée, à me demander ce que je faisais encore ici. Je suis resté là tellement longtemps que l'horloge s'est arrêtée de tourner, et la pièce a eu le temps de s'assombrir avant que je ne m'en rende compte.
Peu de temps après le coucher du soleil, ma mère est enfin rentrée du travail.
Quand elle a ouvert la porte d'entrée se fût un soulagement.
Pourtant je n'ai pas bougé.
- Tu as passé une bonne journée mon chéri ?
Je ne trouve pas le courage de lui répondre.
Elle s'avance pour se placer devant moi, et quand elle voit l'expression sur mon visage, elle n'attend plus de réponse.
Elle vient s'asseoir à côté de moi, et me prend dans ses bras. Nous restons là, à regarder le sapin de Noël beaucoup trop décoré, pendant presque une heure. Je n'avais pas envie de parler, mais j'avais encore moins envie de réapparaître au lycée le lendemain.
- Maman, tu dois me scolariser à la maison.
Elle ne réagit pas à cette remarque, son visage reste neutre. Elle ne semble pas surprise face à ma demande, j'imagine qu'elle y avait déjà pensé bien avant moi. Elle hoche doucement la tête en signe d'approbation, j'ai l'impression qu'elle aussi a passé une mauvaise journée, et que, comme moi, elle n'a pas envie d'en parler.
Je me libère de son étreinte et me relève du canapé, je commence sérieusement à avoir faim, et j'ai l'étrange impression d'avoir perpétuellement faim.
Maman réfléchit encore sur le canapé quand je lui apporte une assiette de pâtes.
Elle me regarde enfin et me sourit, mais son regard reste vide. Elle semble très contrariée, perdue dans les tourments de son esprit assombris par les mauvaises nouvelles. Je ne veux pas qu'elle soit triste plus longtemps, alors je lui raconte quelques blagues qu'elle aime tant. Elle ne résiste qu'un court moment avant d'exploser de rire sur une vieille histoire de Toto aux toilettes.
Je retrouve enfin cette personne que je connais et que j'aime. Son rire résonne dans la pièce aussi fort que les battements de mon cœur dans ma poitrine, cette femme est la personne que j'aime le plus au monde, et j'espère pouvoir l'entendre rire jusqu'à l'éternité.
Nous passons la soirée à blaguer sur le canapé, à nous raconter des histoires, à nous inventer des petits surnoms ridicules comme quand j'étais enfant. A cet instant j'ai l'impression d'avoir la plus normale et heureuse des vies.
J'en ai presque oublié mes soucis. Et je crois qu'elle aussi, quels qu'ils soient.
Je ne m'en fais pas pour elle, c'est une femme vraiment forte et pleine de caractère.
Elle est sensible parfois, mais tout le monde à des faiblesses. Et je suis la sienne.
Je suis vraiment fier de l'avoir comme mère, elle a su se relever dans les moments les plus difficiles, même quand mon père est parti au début de ma maladie.
Elle s'est battue seule, et a toujours continuer de se battre avec moi, et je sais qu'elle ne s'arrêtera jamais. C'était nous deux contre le reste du monde, et ce sera toujours le cas.
Je commence à monter les escaliers -avec ma bouteille pesant de tout son poids dans mon dos- pour aller dans ma chambre quand quelqu'un frappe à la porte.
Je reste figé là pendant que ma mère va ouvrir.
- Bonjour ! Je suis Jessica, une de vos voisines ! Je suis désolée je n'ai pas avoir pu venir me présenter plutôt, j'ai des journées vraiment très prises ces derniers temps. Oh, mais je sais que ce n'est pas une excuse, pardonnez moi.
Ma mère arbore un grand sourire devant cette femme, et lui explique qu'elle est très heureuse de la rencontrer, et que, dans tout le voisinage, elle est la première à être venue. Et à mon avis elle sera la seule.
Je remarque quelqu'un derrière cette femme, je redescends quelques marches pour mieux apercevoir le petit être camouflé derrière les longues jambes de notre nouvelle voisine.
Aby se tenait là. Je ne peux pas lui en vouloir cette fois, elle vient ici en y étant invitée, et je suis assez content qu'elle ai compris ce que je lui ai dit.
Je ne la quitte pas des yeux une seconde, et elle fait de même, jusqu'à ce que cette femme, que je présume être sa mère, s'en aille.
Ma mère est ravie de cette rencontre.
- Les gens d'ici ne viendront sûrement pas se présenter comme Jessica l'a fait, ils ont tous bien trop peur de cette maison. Ce n'est pas grave, cette femme a été charmante de faire la démarche !
- Oui, cette femme était tout a fait charmante, sa fille aussi d'ailleurs.
Ma mère me regarde d'un drôle d'air, elle m'interroge du regard.
- Sa fille ?
- Oui, la fille qui était avec elle il y a une minute !
- Chéri, il n'y avait personne avec elle.
Je l'ai vue, je le sais, elle était là, ce n'était pas qu'une seconde cette fois, elle était vraiment là.
Ou est-ce que je devient fou ?
Je décide de faire demi-tour et de partir me coucher sans réfléchir, et sans un mot, cette journée était vraiment un pur désastre.
Je n'arrive pas à fermer l'oeil.
Je n'arrête pas de penser que j'ai vraiment un problème, je crois voir des choses qui ne sont pas réellement là.
A moins que ma mère ai été trop obnubilée par cette femme pour avoir vu la jeune fille qui se tenait derrière elle.
C'est forcément ça.
Il faut dire qu'Aby était presque cachée derrière cette grande dame. Mais ce n'est pas une excuse.
Je ne sais plus quoi penser. Est-ce moi qui suit fou ? Ou est-ce ma mère qui a fait une erreur ?
Je me tourne, et me retourne dans mon lit.
Je fixe le plafond pendant des minutes qui me semble des heures, j'ai le temps de regarder chaque tâches d'humidité une par une et de mémoriser leurs emplacements.
Je fini couché sur mon flanc droit. Je m'efforce de fermer les yeux quand je sens une main caresser mon épaule. Je me retourne violemment, pris de panique !
Mais il n'y a personne.
Je suis vraiment terrifié, cette maison est un cauchemar, dès que je suis ici il se passe des choses étranges. Si c'est cette fille qui s'amuse à me faire peur, il faut que je la fasse s'arrêter le plus rapidement possible.
Je ne peux pas continuer à avoir peur de ma propre maison. Je jette un œil sous mon lit, juste au cas ou, personne.
Je redresse ma tête et m'aperçois que ma fenêtre est entre-ouverte. Ceci explique cela.
Cela devait être un coup de vent, ou un frisson. Je me relève pour aller fermer cette fenêtre toujours grinçante et me remet aussitôt au lit, comme si de rien était.
Il faut que je me calme et arrête d'avoir peur pour rien. Cela ne m'aide pas d'être parano. Je ferme les yeux pour reprendre mon souffle et me remets en place. Il faut que je dorme.
Je réouvre les yeux une seconde pour regarder l'heure, quand je vois, sur le mur face à moi, écrit en lettre rouge sanguinolente « Aby ».
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Questions sans réponses
Mystery / ThrillerTous ces changements devaient représenter sa nouvelle vie. Mais malgré tous ses efforts pour s'intégrer, ce jeune homme ne retrouvera jamais sa vie passée.