Les journées me paraissent bien longues depuis le fond de mon lit. Je ne suis rentré que depuis hier, et j'en ai déjà assez de rester ici à ne rien faire.
J'ai reçu de nombreuses visites de Nico pendant les 3 jours où je suis resté à l'hôpital. Il était plutôt mal-à-l'aise au début, et ensuite c'est devenu une habitude, ce n'était plus si dérangeant, nous étions juste deux amis qui riaient pour aucunes raisons, comme le font tous les jeunes.
Cela m'a fait beaucoup de bien de quitter le temple de la maladie, toutes les infirmières passaient leur temps à discuter de leurs fêtes de Noël, chacune décrivait sa façon se cuisiner la dinde, comme si ça pouvait intéresser quelqu'un, comme si cela avait la moindre importance.
Noël n'est que dans 2 jours maintenant, pourtant maman a rangé le sapin que j'avais décoré et elle a jeté les vieilles guirlandes, sans même que je lui demande quoi que ce soit.
Noël est proche, mais plus vite ça arrive, plus vite ce sera terminé. Maman est triste que nous ne puissions pas organiser un dîner de Noël, mais elle me comprend. Elle me comprend toujours.
C'est pour cela qu'elle a décroché d'elle même toutes les décorations.
J'entends quelqu'un frapper à la porte d'entrée.
Ce doit sûrement être Nico pour sa visite quotidienne.
Le bruit de la porte qui s'ouvre parvient à mes oreilles, mais plus rien ensuite. Je suis trop loin pour entendre la conversation qui sévit dans l'entrée, alors je traverse le couloir jusqu'en haut des escaliers où je me cache pour tendre l'oreille. Je me concentre alors pour percevoir un son, et enfin une voix perce le silence.
- Bonjour Claudia.
- Bonjour Sam.
Je suis figé dans mon lit. Je sais qui est dans l'entrée en compagnie de ma mère, en revanche ce que j'ignore, c'est ce qu'il fait là, ce qu'il nous veut.
Je suis incapable de confronter son regard à nouveau, la seule chose que je peux faire est ne pas intervenir, ma mère doit régler seule ses problèmes avec mon père.
- Comment as-tu su que nous étions ici ? Comment nous as-tu retrouvés ?
- Cela n'a pas été facile, mais quand j'ai vu Tom il y a quelques jours, je me suis mis à votre recherche, je savais que vous étiez en ville et il fallait que je vous parle.
- Stop ! Tu as vu Tom ? Et est-ce que lui t'as vu ?
- Je n'en suis pas sûr, il est tombé dans les pommes juste après avoir croisé mon regard, je ne sais même pas si il m'a reconnu.
- Attend, tu es en train de me dire que ton fils est tombé devant toi, et que tu ne l'as même pas aidé !
- Je n'avais pas le choix Claudia, j'ai paniqué ! Je ne savais pas quoi faire, alors j'ai pris la fuite, je devais prendre du temps pour réfléchir.
Un silence s'installe enfin, la querelle cesse.
Mon père était vraiment là, je ne suis pas aussi fou que je le croyais.
Mais il s'est enfui, ce n'est pas forcément la meilleure des nouvelles en fin de compte.
Il n'a vraisemblablement pas changé en un an, il reste toujours un lâche, un parfait trouillard, et je déteste cet homme là.
La porte claque dans l'entrée, je ne sais pas si elle l'a laissé entrer, ou si il est parti, en tout cas je ne veux pas descendre pour vérifier.
J'ai manqué la fin de leur conversation, mais j'avoue que je ne voulais pas en entendre davantage.
Aucun bruit ne résonne dans la maison, j'en déduit qu'il est parti.
Ma mère doit être mal dans sa peau à l'heure qu'il est, et il est de mon devoir de prendre soin d'elle, je dois la réconforter.
Ma bouteille descend les marches une par une derrière moi, elle font un boucan tel que tout le voisinage pourrait nous entendre, mais ça m'est égal.
Maman me regarde fixement depuis le canapé.
Au bout d'une minute je décide de briser le silence qui nous pèse.
- Alors... On dirait bien que j'ai retrouvé papa.
- Non, ce n'est pas toi qui l'as retrouvé, c'est moi.
- Je sais qu'il est venu à la maison aujourd'hui, mais tu sais que je l'ai vu dans la rue il y a quelques jours alors...
- Oui, je sais tout ça, mais c'est moi qui ai retrouvé sa trace.
Je ne comprends pas, qu'est ce qu'elle entend par là ? Je la fixe d'un regard interrogateur pour l'inciter à poursuivre.
- Je n'ai pas cesser de le chercher depuis qu'il nous a quitté. Et il y a 2 mois, j'ai retrouvé sa trace dans cette ville, il vit ici, il s'est trouvé un métier stable, et une petite amie plutôt jeune et jolie.
Ceci explique cela, maman ne m'a pas emmené ici pour prendre un nouveau départ, mais pour revenir en arrière.
Elle a précisément acheté cette maison il y a 2 mois, elle a enfin accepté mon envie de déménager il y a 2 mois parce qu'elle savait où il était depuis tout ce temps, et elle voulait aller le retrouver.
Cette ville n'est pas une nouvelle vie, mais une pâle copie de l'ancienne.
Ce n'était pas un hasard si elle avait choisi cet endroit, cette maison, la moins chère de la ville j'imagine, car il fallait absolument qu'elle vienne ici.
Il fallait absolument qu'elle soit près de lui, où qu'il soit.
Je suis d'avis qu'il peut rester où il est, je ne veux rien avoir à faire avec cet homme.
Je n'en veux pas à maman, elle était amoureuse et n'a pas pu oublier mon père, je la comprends.
Mais lui nous a oublié du jour au lendemain, sans explications.
D'ailleurs je n'en veux pas, je n'en veux plus. Ses explications il peut se les garder.
Je décide de ne pas continuer cette conversation, j'en sais bien assez. Je monte dans ma chambre, m'assois sur mon lit.
Ma vie est un véritable fiasco.
Tous mes problèmes surviennent en même temps.
Laissez-moi souffler une minute par pitié !
Je commence à sortir une cigarette de mon sac quand quelqu'un frappe à la porte de ma chambre cette fois.
- Laisse moi tranquille une minute maman !
La porte grince en s'entre-ouvrant, mais personne ne rentre, pas tout de suite.
- Alors tu ne veux pas me voir Tom ?
Aby, je peux presque dire qu'elle m'a manquée.
Elle s'approche doucement, après que je lui ai donné l'autorisation d'entrer. Elle vient instinctivement s'assoir sur le lit prêt de moi.
Son sourire est toujours aussi radieux, et son regard toujours aussi doux. Malgré toutes les choses bizarres qu'elle a faite, je la trouve gentille, et attachante. Cette fille est la personne la plus bizarrement jolie que j'ai jamais vu. Ce qui en clair veut dire que je suis très bizarre moi aussi.
Presque tous les soirs elles passent dans ma chambre, et tire sur mon draps pour me réveiller, toujours à 2h du matin.
Elle s'assoie systématiquement à côté de moi, et elle me sourit.
Elle reste quelques minutes pour discuter de choses dont je me moque, mais je pourrais la regarder pendant des heures. Après toutes ces visites j'ai fini par comprendre qu'elle était réelle, elle m'a touchée à plusieurs reprises, j'ai senti sa respiration proche de moi, et tout le monde sait qu'une hallucination ne provoque pas ce genre de choses. Cette fille est juste une personne très étrange, cela ne fait pas d'elle quelqu'un d'irréelle. Je trouve sa façon de toujours se cacher étrange, mais je m'y suis rapidement fait. Je me suis habitué à elle ces derniers temps, je ressens maintenant presque le besoin d'être avec elle, aussi bizarre que cela puisse paraître.
Quand j'étais à l'hôpital elle venait tous les soirs, elle attendait que ma mère s'endorme pour débarquer dans ma chambre, à croire qu'elle ne veut que personne ne sache qu'elle venait me voir. Nous passions quelques instants à rire, juste tous les deux.
Elle venait toutes les nuits, mais hier soir elle n'est pas venue.
- Tu as eu un empêchement hier ?
- Oui, on peut dire ça, je suis désolée de ne venir que cet après-midi.
- Tu n'as pas à l'être, c'est déjà bien que tu viennes me voir aussi souvent.
Je suis peut-être dingue, mais je crois que je m'attache vraiment à cette fille.
Il faut dire que c'est l'une des seule personne qui me montre de l'interêt, et j'en ai vraiment besoin en ce moment.
- Je dois repartir, je reviendrai bientôt.
- Mais, tu viens à peine d'arriver, reste un peu.
- Je ne peux pas rester, je ne devais déjà pas venir.
- Bon d'accord, tu veux que je te raccompagne chez toi ?
- Mais je suis chez moi.
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Questions sans réponses
Mystery / ThrillerTous ces changements devaient représenter sa nouvelle vie. Mais malgré tous ses efforts pour s'intégrer, ce jeune homme ne retrouvera jamais sa vie passée.