III

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J'ai vu son visage, mais était-il réel ? Etait-ce une hallucination ou cette fille était juste très rapide pour se cacher ? Si c'était le cas qu'est ce qu'elle ferait chez moi ?
Quand nous serons rentrés, je devrai aller vérifier.
Maman m'emmène dans un petit magasin de meuble pas cher pour commencer, où je me trouve un beau lit en bois, un bureau en verre, et une grande armoire avec un miroir plutôt incroyable, dans lequel je peux me voir en entier, même si il y a certaines choses que je préférerais cacher.
Tout ça ne rentrera jamais dans la voiture, maman le savait mais refusait de louer un camion pour 3 meubles. Alors pour pouvoir tout ramener à la maison nous avons dû faire 4 allers-retours avec la voiture. A chaque fois que nous rentrions dans la cour pour décharger les cartons de meubles, je jetais un coup d'oeil par ma fenêtre, mais je ne la voyais pas.
Elle devait être partie, si elle avait vraiment été là. Cette fille me paraissait tellement réelle.
Nous tentons ensuite notre chance dans un magasin de bricolage, ma mère y trouve plusieurs lustres, avec des tailles différents, des couleurs différentes, aucuns de ses lustres ne se ressemblent, mais chacun donnera une identité à la pièce qu'il surplombera.
Le choix a été très dur, mais au bout de plus de 2 heures d'hésitation, maman a réussi à se décider sur « quel papier peint irait dans quelle pièce ». Certes je pense qu'elle s'est décidée, mais il est encore possible qu'elle change d'avis sur le chemin de la caisse. Moi, ma décision est sans appel, j'ai flashé sur un papier peint gris, avec des têtes de morts noir en relief. Cela représente bien ma vie. Maman a tenté de me faire changer d'avis, mais c'est inutile.
Quand nous sommes définitivement rentrés à la maison, j'ai grimpé les escaliers 2 par 2, mais mon unique poumon n'arrivait déjà plus à me suivre alors que je n'avais pas encore atteint la moitié de mon ascension. Je devais impérativement me calmer et reprendre mon souffle si je voulais atteindre mon objectif. Mais à ce moment précis, la seule chose à laquelle je pensais était les réponses que j'allais pouvoir trouver. J'ai continué a grimpé ces satanés escaliers, un par un cette fois ci, sans lâcher la rambarde qui me hissait vers le haut à la force de mes bras. J'ai traversé le couloir comme au ralenti, en me remémorant toutes mes questions, et attendant désespérément mes réponses, mais quand je suis entré dans ma chambre, rien n'avait bougé. Aucune trace du passage de quelqu'un. Elle n'a rien déplacé, n'a rien pris, n'a rien laissé.
Cette fille était réelle, je le sais. Je ne pouvais pas inventer une telle beauté. Je ne sais pas quoi penser de cette fille, elle était tellement belle, tellement jeune, et elle a l'air de s'intéresser à nous, ou à notre maison pour y entrer par effraction comme ça. Mais justement, elle est entrée par effraction. Qui est-elle ? Que veut-elle ? Toujours de nouvelles questions à ajouter à la liste.

Nous avons passé la grande majorité de la journée à poser le papier peint, étant donner que nous avions oublier d'acheter de la colle, nous avons dû retourner au magasin ce qui nous a fait perdre du temps. Il était déjà tard et nous n'avions pas vidé les derniers cartons ni monté tous les meubles. Aucune importance, rien ne presse, les plus importants sont opérationnels, les autres meubles peuvent encore attendre quelques jours.
Premier jour d'école demain, dans ma nouvelle vie.
J'ai une trouille bleue, je n'ai pas envie que les gens aient pitié de moi à cause de ma maladie, mais je ne veux pas non plus qu'ils me prennent pour leur souffre douleur, justement parce que je n'ai pas leur force. Mais je ne me laisserai pas faire, je n'ai peut-être pas le pouvoir de leur casser la gueule, mais ce n'est pas pour autant que je me laisserai marcher dessus.
Je me fais une montagne de ce premier jour, mais peut-être que cela n'aura aucune importance pour les élèves de ma classe et qu'ils m'accepteront quand même comme l'un des leurs. Même si j'arrive en cours d'année, j'ai encore une chance de m'intégrer.
Je décide de ne pas me coucher trop tard afin de ne pas avoir une tête de mort-vivant le lendemain matin -il faut que je fasse bonne impression-.
Et bien c'est raté. J'ai des cernes aussi grandes que les chutes du Niagara. Bravo !
Cela n'a aucune importance, je pense que je ne serai pas le seul à être fatigué, et je pense que personne ne le remarquera ! Je pense surtout que ce ne sera pas vraiment la première chose qu'ils verront...
Maman insiste pour m'emmener au lycée après le petit déjeuner, elle recommence avec la sur-protection...
- Maman, je ne suis plus un petit garçon, je peux prendre le bus, en plus si tu m'emmènes tu seras en retard à ton nouveau travail.
Je vois dans son regard qu'elle est partagée. Elle veut pertinemment me déposer, me protéger toujours plus, mais elle n'a pas tellement envie d'arriver en retard à son premier jour de travail non plus.
Elle me regarde dans les yeux une seconde, et hoche la tête à contre cœur pour accepter ma proposition. Néanmoins elle insiste pour me déposer à l'arrêt de bus, je peux au moins lui accorder ça.
Il n'y a presque personne dans le bus pour aller jusqu'au lycée, mais le peu de personnes présentes me regarde comme une bête curieuse. Je m'assois dans les rangées du milieu du bus, près de la fenêtre : je préfère regarder dehors plutôt que regarder tous ces idiots qui me dévisagent.
Le trajet n'a pas été très long, à peu près 10 minutes. Dès lors que nous sommes arrivés devant le lycée, je décide de sortir en dernier du bus. Tout le monde se pousse pour sortir, je ne vais pas me battre pour descendre, je ne suis pas en retard, mais eux si apparemment.
Je suis resté là, à regarder mon nouveau lycée, ma nouvelle vie était juste là, devant moi.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté à fixer la bâtisse, assez longtemps pour qu'un mec finisse par me klaxonner :
- Dégage de là connard !
Evidemment, j'étais sur la seule place libre du parking. J'ai bien aimé que ce gars ne prenne pas de pincettes avec moi. C'est tout ce que je voulais, qu'on me considère comme quelqu'un de normal, même si j'aurais préféré ne pas avoir à me faire insulter.
Je parcours les longs couloirs en repérant tous les numéros de salles. Je ne les retiendrai sûrement pas tout de suite, mais au moins j'aurais fait l'effort de m'y intéresser.
Avant le premier cours je me procure tous les bouquins dont j'ai besoin et mon emploi du temps, et fonce vers ma première salle de cours.
J'arrive pile à l'heure, mais personne n'est déjà là, à part le professeur qui attend.
Je frappe doucement à la porte :
- Bonjour, je suis nouveau. Euuuh... Est-ce que je suis bien au cours de français de Mr. Marte ?
- Ah ! Oui, bien sûr ! Ne t'inquiète pas si personne n'est là, c'est un genre de tradition d'arriver 5 minutes en retard ici.
Génial la tradition. Le professeur me fait signe de me choisir une place. Je traîne ma bouteille jusqu'à une table au fond de la salle près de la fenêtre quand mes nouveaux camarades commencent à arriver. Ils tutoient tous le professeur. Je crois que je vais me plaire ici.
Un mec vient s'assoir à côté de moi, je crois que je lui ai volé sa place.
- Salut !
Ce gars est plein d'entrain et de bonne humeur : j'aime beaucoup. Je lui réponds d'un simple sourire, comme je le fait souvent.
Etait-ce impoli ? Il reprend :
- Tu as l'air fatigué mon pote !
- Sans déconner !
Je lui ai répondu sur le ton de la rigolade, et ça l'a fait sourire. Mais j'espérais vraiment que personne ne le remarque.
- Je m'appelle Nicolas, mais tout les monde m'appelle Nico.
- Moi c'est Thomas, et tu peux m'appeler Tom.

Questions sans réponsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant