Mardi matin, le lycée, ciel d'orage et ville polluée. Je marche.
Il n'y a rien à espérer, rien pour me retenir, je ne sais pas comment mes jambes sont encore capables d'avancer.
Hier, j'ai longuement hésité devant les comprimés de mon père, et les lames de rasoir achetées en secret, incapable de pleurer ou d'hurler ma peine.
Finalement, j'ai enfilé mes vêtements et ai décidé d'affronter une fois de plus mon quotidien.
Pas encore.
Pas tout de suite.
En relisant de vieilles lettres, j'ai réalisé à quel point je n'avais plus rien pour me raccrocher à la vie. Pourtant, j'ai cherché, avant d'abandonner. Cette fois, c'est vraiment la fin.
Par le passé, milles petites choses m'ont permis de tenir, la promesse du lycée, une pièce de théâtre à mettre en scène, une main que je souhaitais tenir encore un peu. Mais là, il n'y a rien. C'est angoissant, c'est terrifiant, comme cette foule qui hurle, entre les klaxons et les cris, comme ces gens qui me bousculent, me fusillant du regard, aigris. Je dois vraiment faire peur avec mes cernes violettes et ma chevelure ébouriffée.
Devant la porte du lycée, j'inspire avec angoisse, j'hésite à partir en courant ou à faire face. Finalement, je me décide et traverse la cour, les yeux au sol.
Au même instant, ma tête est partagée entre l'indifférence et l'inquiétude d'un monde dont je n'attends plus rien, mais qui continue d'exercer sa pression sur moi.
Arrivée dans le couloir, je m'autorise enfin à respirer. Il n'y a personne.
Quelques minutes plus tard, des vagues d'élèves envahissent les lieux.
Le professeur finit enfin par arriver, je me précipite dans la salle pour m'asseoir à ma table. Cette année, je n'ai pas de voisin en cours d'anglais, ce qui n'est pas une si mauvaise chose. Je suis vraiment dans ma bulle. Plus en sécurité.
Je sors mon cahier tandis que le cours débute. Je ne me sens pas bien, ressassant mes idées noires. Les deux garçons assis à ma droite ricanent, stimulée par leur bruit, j'interromps mes pensées pour me tourner vers eux. Le plus proche de moi fait de même.
Et tout devint silencieux.
Jamais, de ma vie, je n'avais rien vu de plus brillant, de plus lumineux que les prunelles qui me fixent.
Un brun mordoré, un brun pétillant.
L'univers entier se fissure, pour n'exister que par lui.
Il se détourne tandis que je ne peux plus bouger. Quels mots choisir, pour exprimer les émotions qui me traversent à cet instant ?
Un seul souhait me vient à l'esprit.
Continue de me regarder, s'il te plait...
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Purgation (Putride, Limpide)
Misterio / SuspensoLa saga "Putride" en un seul ouvrage. Maelle est une jeune fille rongée par la dépression, jusqu'au jour où elle croise les yeux d'Axel.