Limpide : chapitre 11

15 3 4
                                    


"Merci Axel... merci..."

-Vous avez fini monsieur ?

Je rouvre les yeux, surpris. Maelle a disparu. Mes bras ne tiennent plus rien.

La pièce est d'un gris affligeant, éclairée par la misérable lueur du ciel d'hiver. Et devant moi, une table.

Je me mets à haleter. Sur la table, son corps, recouvert d'un demi drap. Mon regard capte malgré moi les détails les plus sordides, la peau livide, bleuie par endroit, des bouts de chaire grignotée, et des trous qui dévoilent ses os.

Alors que je réalise, mes jambes lâchent. Les pensées retournent mon cerveau, insupportables, et je me mets à hurler.

"Non, non, non, non, non, NON, NON ! MAELLE ? POURQUOI ? MAELLE !"

Mes plaintes vrillent mes tympans. La bave et les larmes se mélangent, je crie son prénom, et ma voix se transforme en râle.

L'agent m'appelle, mais je ne comprends pas, je ne comprends plus rien.

Jusqu'à ce que tu finisses par m'aimer.

Alors, je n'ai rien pu faire ?

Si je ne peux pas être avec toi de mon vivant, au moins...

"Je sais pourquoi je t'aime."

Je n'ai pas pu la sauver ? Elle est morte, toute seule ?

Je t'aime.

Tu as été là au bon moment, par hasard, par chance, je ne sais pas. Toi, et... tes magnifiques yeux.

Il reste à peu près dix minutes avant le prochain cours où nous serons ensemble. J'ai hâte ! Je veux le voir toujours.

Elle, qui tout ce temps a veillé sur moi... Qui s'occupait d'elle ? Pourquoi est ce que je n'ai pas pu le faire ? Pendant que je fêtais Noël, était-elle toute seule ?

Regarde-moi.

Pourquoi tu ne m'as pas attendu ?

Personne n'a de regard comme le tien.

"CE QUE JE VEUX C'EST TOI ! TU ES TOUT CE QUE J'AI TOUJOURS VOULU, LA SEULE CHOSE DONT J'AI JAMAIS EU BESOIN !"

Est ce que tu m'as réellement pardonné ?

Personne n'a de regard comme le tien.

Merci... Axel.

L'agent a appelé Sofia, qui a frotté mon dos de longues minutes, jusqu'à ce que je me calme. Puis, il nous a convoqués dans son bureau. Maelle est morte, environ une semaine après mon kidnapping. Elle a marché longtemps, jusqu'à atteindre un parc. Au vu de ses blessures, elle s'est jetée du haut du château d'eau, qui se trouvait dans un coin reculé. Le peu de fréquentation et l'hiver expliquent le temps qu'à pris sa découverte par un coureur.

Ils allaient l'incinérer, puis disposer ses cendres dans le cimetière communal.

Nous sommes rentrés à la maison, sans un mot. Je ne pouvais que penser à son suicide, dont j'étais, sans aucun doute, la cause.

Je croyais ne plus jamais pouvoir me relever d'une pareille nouvelle, mais, étrangement, elle m'est apparue durant la nuit. Souriante.

J'ai beaucoup pleuré, une fois encore, mon cœur a fait face aux difficultés. A ces peines, meurtrissures où le coupable n'est ni l'agresseur ni la victime.

Mais, je me suis relevé. Était ce un rêve, ou la réalité ?

Aucune idée.

L'été est revenu, et avec lui, les examens. Sofia m'y conduisait, et à cause d'un pneu crevé, nous avions pris du retard.

Elle roulait comme une folle, un mauvais pressentiment oppressait ma poitrine. 

Purgation (Putride, Limpide)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant