Chapitre 9

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Ryan haussa les épaules avec nonchalance.

-Je devais te dénoncer au moindre faux pas. Il attendait l'occasion la plus infime pour te renvoyer. Pourquoi crois-tu qu'il nous a mis ensemble alors que notre inimitié est perceptible par n'importe quel abruti? Il savait que je n'hésiterais pas.

La jeune femme fronça les sourcils et s'assit sur le coin du petit lit sans le lâcher du regard.

-Pourquoi lui as-tu menti?

Il esquissa un semblant de sourire.

-Ne me remercies pas surtout.

Mercy repoussa ses longs cheveux auburn derrière son épaule.

-Ryan.

Il se racla la gorge.

-Tout d'abord parce que je te dois la vie, ce qui est malgré tout un détail non négligeable. Ensuite parce que tu as tué un satyre et pour finir parce que je reconnais m'être peut-être un peu trompé à ton sujet...

Elle haussa les sourcils, soudainement intéressée par ses propos. Elle attendit un moment mais comme il ne poursuivait pas elle le relança:

-Je n'en doute pas, mais éclaircis ces points sur lesquels tu t'es trompé.

Son interlocuteur plongea ses yeux bleus mouchetés de jaune dans ceux de la princesse.

-Tu ne me paraîs pas être la garce hautaine et imbue d'elle même qu'Evy a toujours dépeinte. De plus, bien que je ne comprendrai jamais comment l'on peut ressentir une affection quelconque pour ces satyres immondes, je suis prêt à découvrir cette nymphe que l'on m'a cachée si longtemps.

Mercy fut touchée par sa déclaration même si elle n'en laissa rien paraître et un sourire éclaira la porcelaine de son visage.

-Tu te l'es cachée tout seul très cher.

          Les semaines s'étaient écoulées jusqu'à former des mois. Le temps qui défilait avait permis à Mercy d'apprendre à décrypter le personnage complexe que formait Ryan. Depuis qu'ils avaient décidés d'un accord commun de reprendre leur relation à zéro, elle avait découvert un homme agréable, à la conversation palpitante. Falia avait encore un peu de mal à lui accorder sa confiance, mais n'avait guère le choix et devait de toute façon composer avec sa présence.

Ce plaisant bilan aurait dû fournir à la princesse toutes les raisons possibles pour passer une journée des plus charmantes, néanmoins cela ne fut pas le cas. Elle s'était réveillée en début d'après-midi, la fatigue la tenaillant puisqu'elle n'avait guère dormi plus de trois heures. Elle avait enfilé une tenue en misant sur la sobriété et était allé manger quelque chose afin de tenir jusqu'au soir. Elle était dans le garde-manger lorsqu'une nymphe plutôt rondouillette l'accosta, le souffle court:

-Votre mère souhaite vous voir.

Mercy fronça les sourcils, réfléchissant quelques secondes à ce qu'elle avait pu faire, poussant Régina à la convoquer. Voyant qu'elle ne réagissait pas, la femme reprit d'une voix plus assurée:

-Il me semble que c'est urgent.

La princesse retint un sourire en mordant dans sa pomme et descendit du plan de travail sur lequel elle était perchée.

-Puisque la reine requiert la présence de sa fille chérie il serait dommage de la lui refuser.

Le mépris qui cingla dans cette réplique lui valut les foudres de son escorte, qui l'entraîna à travers les couloirs du palais.

-Je vous prie de vous montrer plus respectueuse envers son altesse. Et faire preuve de plus de reconnaissance à son égard.

Mercy finit sa pomme en étouffant un rire narquois.

-Vous devriez vous estimer heureuse, poursuivit-elle. Si j'avais été votre mère je n'aurais jamais accepté que fricotiez avec un satyre.

La jeune femme leva les yeux au ciel en soupirant. Elle était lasse de toujours entendre les mêmes chefs d'accusation à son encontre.

-Et bien nous pouvons nous estimer heureuses que ce ne soit pas le cas, Mira.

Avant que celle-ci n'ait eu le temps de répliquer, elles arrivèrent devant une porte de bois à laquelle la princesse frappa. La voix étouffée de sa mère lui parvint et elle entra, laissant la femme de l'autre côté. Bien qu'elle tentait de ne rien laisser paraître, l'anxiété s'emparait toujours d'elle lorsqu'elle se trouvait en présence de sa génitrice. Celle-ci fit signe à Mercy d'avancer afin de la rejoindre près de la fenêtre. Ses longs cheveux caramels avaient été rassemblés en un chignon complexe dont quelques mèches glissaient sur ses épaules. Les yeux verts pomme de Régina la détaillèrent avec froideur et un sourire protocolaire se plaqua sur sa peau de porcelaine. Son ton supérieur claqua dans le silence des lieux:

-Il faudra que tu soignes davantage tes cheveux, ils sont dans un état pitoyable.

Cette remarque laissa la jeune femme perplexe et elle fronça les sourcils. Mercy ouvrit et referma la bouche plusieurs fois sans qu'aucun son n'en sorte.

-Allons mère, je doute que vous m'ayez faite venir pour une discussion capillaire...

L'éclat du soleil caressait la peau de la reine et parsemait d'or sa chevelure.

-Non en effet. Un bal a lieu ce soir et ta présence est requise.

-Pourquoi n'ai-je pas été prévenue plus tôt?

Un fin sourire étira les lèvres de Régina.

-Tu te serais arrangée pour ne pas être présente. Les soldats envoyés à Taeg sont revenus de leur combat contre les trolls.

La princesse tiqua.

-Ne serait-ce pas la troupe dirigée par Sillas? C'est pour cela que vous ne vouliez pas me prévenir plus tôt. C'est hors de question, je ne viendrai pas. De plus je dois patrouiller.

Sa mère croisa les bras sur sa poitrine et haussa un sourcil.

-Ta patrouille est annulée et j'avais prévu que tu répondrais cela. Tu es consignée dans tes appartements jusqu'à ce soir. Mira t'aidera à te préparer et te surveillera.

Un silence s'installa et Mercy crut avoir mal entendu. Toutefois elle comprit bien vite que ce n'était pas une plaisanterie.

-Quoi? Mais je ne suis plus une enfant, je n'ai pas à être envoyée dans ma chambre dès que mon comportement vous déplaît.

Régina se dirigea vers la porte et fit signe à Mira d'entrer.

-Le jour où tu te comporteras comme une adulte alors je te considèrerai comme tel. Mira accompagne-la et assure-toi qu'elle soit prête pour ce soir.

L'intéressé acquiesça puis se hâta d'obtempérer. Elle conduisit la jeune femme dans ses appartements et celle-ci n'eut d'autre choix que d'obéir à sa mère. L'anxiété lui nouait l'estomac et elle ne manquait d'appréhender cette réception. 

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