Chapitre 11 : Prendre des distances

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C'était Drago qui était censé tomber amoureux, elle se trouvait bien bête de s'être fait prendre à son propre piège !
Hermione avait passé la nuit à réfléchir sur ses sentiments. C'était tellement dur de s'avouer : « J'aime Drago Malefoy ». Tout cela paraissait tellement irréel et complètement fou, mais c'était la vérité et elle savait qu'elle ne pouvait se le cacher.
Au début pourtant elle avait tout de même essayé de se raisonner, se persuadant qu'elle était fatiguée et perturbée par la soirée. Mais ses yeux se posèrent sur la veste que Malefoy lui avait déposée sur les épaules. Son cœur alors s'emballa, ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire qu'elle ne parvenait pas à dissimuler, et cette odeur...Hermione porta le vêtement à son nez et respira le parfum envoûtant du Serpentard.
C'est à ce moment là qu'elle comprit que ce n'était pas la fatigue ou quoi que ce soit d'autre, mais simplement ses propres sentiments. A présent elle pouvait penser librement à Drago sans avoir à secouer la tête pour chasser le beau visage blond qui la hantait, car elle l'aimait. Ça libérait d'un poids incroyable de trouver enfin la source de tous ces profonds malaises lorsque le jeune homme approchait une autre fille, de toutes ces disputes chaque fois qu'il venait l'embêter, de ces curieuses envies de le voir en plein milieu d'un cours de métamorphose...Tout s'expliquait à présent, mais ce sentiment de bien être ne dura guère plus longtemps.
Hermione revint à la réalité et des larmes tentèrent de s'échapper lorsqu'elle s'imagina la tête de Malefoy s'il venait à l'apprendre. Elle le voyait rire à s'en rouler par terre, elle le voyait tout révéler à l'école entière, elle voyait la tête de Ron et Harry...Pourtant il était si doux avec elle ces temps-ci...Non. Non jamais il ne le saurait, jamais. Malefoy ne peut pas tomber amoureux, il aime les filles faciles, il aime s'amuser, pour lui elle n'est qu'une miss je-sais-tout complètement coincée.
Hermione songea tout d'abord à ne plus jamais lui parler, elle était même prête à renoncer à son poste de Préfète en Chef pour ne plus le voir. Mais Malefoy ne lâche pas comme ça, il voudrait savoir ce qui se passe et ferait pression sur elle jusqu'à ce qu'elle lui explique. Et ça elle ne le pouvait pas.
Donc Hermione décida d'agir de la seule meilleure façon : gagner ce pacte. Malefoy tomberait amoureux de Lisa et passerait ses journées avec elle, sans se préoccuper de la pauvre Griffondor. Et il l'oublierait.
Hermione se recroquevilla un peu plus sous ses draps à cette pensée. Mais c'était la meilleure chose à faire, cet homme devait sortir de sa vie définitivement, afin qu'elle retrouve son ancienne vie, auprès de Harry et Ron...

Hermione ouvrit la porte de la salle de bain dans l'intention de prendre une douche, mais Drago y était déjà. En l'entendant rentrer il avait coupé l'eau et appela :
- Granger, c'est toi ?
- Désolée, répondit-elle, d'habitude tu fermes la porte alors...dit-elle en s'empressant de sortir.
- Attend tu tombes bien ! J'ai oublié de préparer ma serviette, elle est dans la salle commune.
- Tu veux que j'aille te chercher ta serviette c'est ça ? dit-elle incrédule. Tu rêves Malefoy.
- Bon très bien, j'y vais moi-même alors.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Malefoy sortit tout nu de la douche et se dirigea vers la porte où se tenait une Hermione rouge tomate. Elle se retourna vivement et s'écria :
- Non mais je suis vraiment tombé avec un attardé ! Je vais te la chercher ta serviette !
Drago afficha son sourire victorieux, qui s'étira un peu plus lorsqu'il l'entendit bougonner « Non mais vraiment ! » à plusieurs reprises.
Hermione se demanda ce que fichait sa serviette dans la salle commune, lui qui n'oubliait jamais rien d'habitude !
Lorsqu'elle arriva en bas des escaliers, ses yeux se posèrent sur une multitude de cadeaux déposés au pied d'un immense sapin blanc. Des guirlandes décoraient les murs de la pièce, des petits anges volaient un peu partout et le plafond avait été transformé en gigantesque bulle où la neige au dehors venait s'y déposer.
Emerveillée, Hermione s'approcha de ses cadeaux. Elle commença par un petit paquet grossièrement emballé. C'était du chocolat blanc offert par Hagrid. Elle faillit se casser une dent en croquant dedans, et découvrit avec horreur que sur la boîte était marqué « chocolat noir intense ». Hermione n'osait même regarder la date de consommation...
Elle ouvrit ensuite celui de Harry et fut heureuse de recevoir un an d'abonnement gratuit à la Gazette du Sorcier Spécial Femme. Elle en rêvait depuis un bout de temps mais le prix était exorbitant. Elle s'empressa de chercher le cadeau de Ron mais elle ne vit rien. Pas même une lettre, rien...Après avoir déballer les friandises de Mme Weasley et les vêtements offerts par ses parents, Hermione s'attarda sur deux cadeaux qui traînaient un peu plus loin. A sa grande surprise, ils lui étaient adressés. Elle déballa le plus gros avec des gestes impatients. Elle en sortit un long peignoir de fourrure verte au toucher si doux qu'il en paraissait presque liquide. Au dos était dessiné un serpent formant un gigantesque « S ».
- Joyeux Noël Granger.
Hermione se retourna pour voir Drago assis sur le canapé, vêtu du même peignoir vert.
- Je t'ai vu plusieurs fois me piquer mon peignoir en sortant de ta douche, dit-il, à chaque fois je te voyais aller le remettre bien en place comme si de rien était.
Hermione rougit. Elle qui pensait être une pro du piquage de peignoir, elle s'était fait voir depuis tout ce temps !
- J'en ai déduis que tu n'avais pas de peignoir à toi alors je t'ai acheté le même puisqu'il semblait te plaire.
- Merci beaucoup, dit-elle gênée. Mais ce genre de luxe a du te coûter super cher je...
- Ouvre l'autre, l'interrompit-il avec un regard qui disait clairement qu'un cadeau venant de lui ne se refusait pas.
- Merci, répéta-t-elle en enfilant le peignoir serpentard.
- Vraiment sexy en vert, dit-il le sourire aux lèvres.
Le cœur d'Hermione s'emballa : « Il ne peut pas arrêter un peu avec ses compliments ! », bien qu'au fond d'elle, elle mourrait d'envi d'en entendre encore et encore. Mais depuis sa prise de conscience de la nuit dernière, elle ne ressentait plus ses compliments comme une taquinerie et il se devait d'arrêter de la faire rougir si elle voulait l'oublier.
Le second cadeau était bien plus grand mais surtout plus long, et avant même d'avoir fini de l'ouvrir, elle savait ce que c'était : un balai.
- C'est le tout dernier modèle 2008.
- Oh Drago je...heu Malefoy je veux dire ! Je ne sais pas quoi dire, vraiment, j'apprécie beaucoup. Mais je ne sais pas m'en servir.
- Tu t'es bien débrouillé hier soir. Et puis je t'apprendrai.
Hermione se tourna vers le sapin et fit mine de chercher quelque chose. Mais en réalité c'était dans le but de cacher son envie de pleurer. Il fallait absolument qu'elle trouve le moyen de lui dire qu'ils devaient arrêter de passer du temps ensemble, même si elle rêvait d'être enseignée par lui, elle devait refuser, ça faisait trop mal.
- Granger ça va ?
- Oui tout va très bien, dit-elle en se forçant à sourire.
- Je commence à te connaître tu sais, et tu ne vas pas bien.
- Si je t'assure, je suis simplement émue, mentit-elle. Où sont tes cadeaux ?
Drago se contenta de sourire. Dans l'empressement de changer de sujet, Hermione réalisa la gaffe qu'elle venait de faire. Drago Malefoy n'avait probablement aucun cadeau...
- Je suis désolée, dit-elle morte de honte.
- Arrête de t'excuser tout le temps Granger. Je n'ai jamais eu de cadeau de ma vie alors crois-moi aujourd'hui est un jour comme les autres pour moi, je refuse que tu me prennes en pitié c'est clair ?
La jeune femme hocha la tête. Au bout d'un moment, elle prit son balai et dit :
- Prends le tien et suis-moi.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Moi aussi j'ai un cadeau pour toi.
Sans ajouter un mot, Hermione enfourcha son balai et attendit Drago qui s'habilla rapidement avant de la rejoindre. Tous deux sortirent par la fenêtre de la Salle Commune. L'air glacé du matin les revigora en un rien de temps. Ils volèrent au dessus de l'épais manteau de neige qui recouvrait la totalité de Poudlard. Le lac était givré, le Saule Cogneur frigorifié, seul le château semblait dégager une certaine chaleur due aux festivités de Noël.
- Où est-ce que tu m'emmènes ? cria-t-il. Mes mains sont gelées, j'arrive à peine à articuler mes lèvres et je ne sens même plus mes parties génitales !
- Arrête de chigner, on arrive.
En effet, quelques mètres plus loin Hermione posa pied à terre à proximité des serres.
- Je savais que tu adorais les cours mais de là à faire de la botanique le lendemain de Noël...
Hermione ne répondit pas et pénétra dans l'une des nombreuses serres, Drago sur ses talons. Elle semblait chercher quelque chose parmi les dizaines de plantes toutes aussi bizarres les unes que les autres, entassée un peu partout au sol.
- Ah le voilà, dit-elle enfin.
Elle lui montra une plante aux aspects plus que repoussant ; une sorte de grosse boule spongieuse de couleur rosâtre parsemée de petites tâches bleues. Elle le lui tendit avec un grand sourire :
- Joyeux Noël Malefoy.
- Un Bulborbus ? dit-il un sourcil levé, d'un air dégoûté. Eh bien heu, merci Granger c'est...comment dire...
- Contente de voir que tu te souviens du nom de la plante.
- Contrairement à ce que tu crois j'écoute en cours. Et j'écoute tellement bien que je me souviens même que cette plante a la seule faculté de posséder un cœur nécessaire à la préparation du filtre d'amour. Mais je t'annonce qu'il est hors de question que tu gagnes le pari en trichant.
- Ne sois pas idiot. Mme Chourave nous avait demandé de découvrir comment gagner le cœur de la plante, tu te souviens ?
- Oui tout le monde a eut une mauvaise note, personne n'a trouvé.
- Eh bien moi si, il ne fallait pas chercher dans les livres de botanique mais dans ceux du filtre d'amour. J'avais interdiction de révéler la solution, elle voulait que vous le découvriez vous-même. Mais bon je pense pouvoir faire une exception. Le seul moyen de prendre le cœur sans se brûler la main, est de dire haut et fort son propre nom et de déclarer : je suis amoureux. La plante s'adoucit aussitôt et tu peux alors récupérer son cœur. Par contre, si tes sentiments ne sont pas sincères, le Bulborbus se durcira à nouveau sur ta main et elle restera coincée à l'intérieur, en train de brûler.
Drago avala difficilement sa salive.
- Et qu'est-ce je suis censé en faire ? demanda-t-il perdu.
- C'est simple, je veux que tu tombes amoureux de Lisa, déclara-t-elle la gorge nouée. Il nous reste trois jours, c'est peu, mais je suis confiante. Si au bout des trois jours tu penses être amoureux, je veux que tu essaie de prendre le cœur de cette plante. On saura alors si j'ai vraiment gagné.
- Tu es complètement folle Granger, dit-il en rigolant avant de sortir de la serre.
Hermione prit la plante chinoise et le rattrapa.
- Malefoy écoute-moi !
- Je ne tomberais pas amoureux de Lisa d'accord ? A la base ce n'était qu'un stupide pari qui a prit des dimensions trop importantes à mon goût. Pourquoi est-ce que tu t'acharnes comme ça hein ?
- Je te l'ai déjà dit, répondit-elle soudain mal à l'aide. Je veux essayer de te montrer qu'être un couple ce n'est pas si ennuyeux que ça !
- Très bien ! D'accord je continu ! Mais tu ne crois pas qu'on a oublié quelque chose ? La deuxième partie du pacte, celle où je dois te décoincer !
- Je n'y suis pour rien, c'est à toi de t'en occuper.
- Facile à dire tu me prends tout mon temps libre !
Avant même qu'il ait fini sa phrase, Drago savait qu'il avait parlé trop vite. Chose qui ne lui arrivait jamais d'habitude.
- Ah oui vraiment ? Bien je suis désolée de t'étouffer autant, mais tu n'auras plus ce problème à l'avenir, compte sur moi !
Vexée, elle enfourcha son balai et tapa du pied pour décoller. Elle se dirigea vers leur Salle Commune et entendit le balai de Drago fendre l'air derrière elle, la suivant silencieusement. Une fois à l'intérieur, Hermione fut heureuse de constater qu'il avait emporté la plante avec lui. Elle s'apprêta à sortir de la pièce mais il la retint :
- Je suis désolé. Je n'aurais pas du dire ça, je ne le pensais pas. C'est vrai que ces temps-ci on s'est beaucoup vu, mais contrairement à ce que j'ai laissé entendre, ça ne me dérangeait pas du tout, crois-moi.
- Et depuis quand ma présence t'est-elle si supportable ?
- Longtemps.
Drago enfonça profondément ses dents dans sa langue pour se punir de sortir des idioties pareilles. Il vit qu'il avait semé le trouble dans le regard de la Griffondor, bien qu'elle essayait de le cacher. Mais elle n'était vraiment pas douée pour dissimuler ses émotions, Drago l'avait remarqué depuis longtemps déjà.
- Dans cinq jours je fais une fête pour la nouvelle année, enchaîna-t-il. Je sais que tu avais probablement l'intention de la passer avec la belette et le balafré, mais si tu veux venir faire un tour n'hésite pas. Ca me ferait plaisir. Arrête de rire comme ça, je ne plaisante pas, ça me ferait réellement plaisir. Au fait merci pour la plante.
- Ne te forces pas à me remercier tu sais, ce n'est qu'une plante, répliqua-t-elle consciente de l'énorme effort qu'il avait du faire pour prononcer ces quelques mots.
- Non c'est bien plus qu'une simple plante, c'est le premier cadeau de ma vie. Alors merci.
Il disparût derrière le portrait, et Hermione, maintenant persuadée d'être complètement sous le charme du Serpentard, se promit d'aller faire un tour à la bibliothèque dans le but d'y trouver un sort contre le sourire béat qu'elle n'arrivait pas à dissimuler.

Tout le monde peut tomber amoureux Malefoy...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant